Doctolib lance son Assistant téléphonique IA, au tarif de 99 euros TTC par mois

Doctolib lance son assistant IA téléphonique, au tarif de 99 euros TTC par mois pour un médecin et 49 euros TTC pour un ostéopathe ou podologue. Chez les dentistes et bientôt les vétérinaires, DentalCall IA propose déjà d'assurer la prise de rendez-vous par téléphone, supporté par la technologie de Volubile.ai. Il a impressionné les premiers clients
Plusieurs centaines de cabinets médicaux ont déjà souscrit au service proposé par la société Webdentiste, au prix de 149 euros TTC par mois, dont ils déclarent être satisfaits. Le secteur de la santé va être bouleversé par ces agents, lorsqu'ils sont bien entrainés: la prise de rendez-vous chez les médecins, les professions para-médicales ou les professions libérales reste un moment de vérité du parcours client, en même temps qu'un coût caché. A 99 euros par mois, l'offre Doctolib est-elle adaptée aux besoins des clients et concurrentielle ?
Que vont devenir les télé-secrétariats médicaux ? Aux USA, Elise.AI a mené cet été une levée de fonds massive et propose des assistants vocaux dédiés aux secteurs de la santé notamment.

RDV chez le dentiste ou dermato : Sylvie Ouziel, Vocca.ai, Doctolib.. un agent IA peut-il vous trouver de la place chez un professionnel de santé ?
Non, et ce n'est pas leur mission. Rappelons-le, la première difficulté dans le secteur et pour certains praticiens, est de trouver un créneau disponible. Un bon dermatologue, à Paris ? N'espérez pas de rdv avant deux mois. Idem dans quantité de spécialités et de régions. Le principal avantage d'un assistant IA, c'est le professionnel de santé qui va en bénéficier, qui pourra continuer à soigner une carie, ausculter, sans être dérangé, lui ou son assistante. C'est au niveau des fonctionnalités offertes, de la performance de l'agent IA et du prix auquel il est proposé que tout se joue. Et de l'identification du bon éditeur ou prestataire: plus de quarante sociétés indiquent proposer, rien qu'en France, une IA conversationnelle. Or, toutes ne sont pas adaptées à la gestion des données de santé ou encore opérationnelles.
Doctolib vient de faire connaitre le prix de son AT, assistant téléphonique, 99 euros TTC par mois. Est-il efficace, va-t-il remplacer la prise de messages et de rendez-vous, assurés par les spécialistes de la permanence téléphonique ?
Qui choisir pour faire assurer votre secrétariat téléphonique ?
— Il existe une trentaine de bons prestataires de permanence téléphonique spécialisés dans le secteur médical. Le message pris et couplé au logiciel de rdv, s'y facture en moyenne, de 1,20 à plus de deux euros par appel pris. La facture moyenne peut vite avoisiner les 600 euros mensuels pour un médecin, voire plus.
— Si, professionnel de santé, vous désirez le faire grâce à une IA conversationnelle, les éditeurs français de logiciels sont :
— Volubile.ai a été la première société française à en créer et déployer un avec les dentistes. Il a remporté un grand succès. A 149 euros par mois, TTC, la solution est celle qui apparait la plus performante du marché, à date. DentalCall IA est proposé désormais aux vétérinaires.
— Vocca.ai se lance et a levé des fonds, 4,7 millions. On n’en sait guère plus pour l’instant. Yampa.ai a également été lancé, dispose d'un produit fonctionnel, et a levé des fonds auprès de Partech.
— Sylvie Ouziel, ex-Publicis, s’est lancée dans l’aventure, en créant Blue Bridge Group AI. Mais la récence de l’entreprise et son modèle économique ne semblent pas particulièrement adaptés au secteur de la santé. Là où ses concurrents proposent un prix à la minute ou un forfait mois, la société indique facturer un terme fixe, d’environ 40 à 50 KE, par agent créé, sur mesure.

L’assistant téléphonique de Doctolib, à 99 euros ?
L'assistant téléphonique de Doctolib est proposé depuis une quinzaine de jours et ne gère, selon nos informations, que les cas suivants et de la façon mentionnée :
J'aimerais prendre RDV avec le docteur X, la semaine prochaine/ la prise de rendez-vous est alors automatique.
J'aimerais renouveler mon ordonnance / la réponse est alors automatique.
J'aurais besoin de l'avis du Dr X sur mes résultats/ une demande téléphonique est adressée.
J'ai une douleur ou des palpitations, une urgence / un transfert d'appel est effectué auprès du secrétariat téléphonique du praticien de santé.
L'assistant téléphonique peut également intervenir en soutien des télé-secrétaires, qu'il ne peut pas complètement remplacer, pour l'instant.
L'enjeu est massif pour Doctolib et ses partenaires, les entreprises de TLS, de télé-secrétariat téléphonique
“ Doctolib veut nous rassurer en nous considérant comme des partenaires, alors qu'elle nous concurrence” indique un PDG du secteur. “Pour eux, ce sera du revenu récurrent additionnel, pour nous, une perte de CA massive. Heureusement, l'assistant tel qu'il fonctionne actuellement comporte de vraies limites, comme celle de ne fonctionner qu'avec des patients connus, identifiés. Et leur techno ne fonctionne pas encore très bien, d'après ce que j'en ai vu".
Joint par nos soins, Doctolib indique que ce tarif n'est pas figé et qu'elle bêta-teste encore le service. Mais la licorne, co-fondée par Stanislas Niox-Chateau n'est pas à une petite cachotterie près, malgré son succès : trois managers commerciaux sont dédiés à la commercialisation du produit, à la relation avec les sociétés de télé-secrétariat ( Antoine Dumont, Pomme Lapierre-Recher et Corentin Balmont).

Et Doctolib a prévu d'intéresser ses partenaires à la propagation de son AT, tout comme un prix discount, pour le lancement. L'entreprise sait qu'avec ce nouveau service, s'il est fonctionnel et massivement adopté par ses clients, elle tiendrait un réel game changer: dans le domaine médical, un assistant conversationnel qui serait efficace, et facturé entre 100 et 150 euros par mois reviendrait six fois moins cher qu'un accueil téléphonique. Et les données et résumés de conversation pourraient être directement importés dans le CRM.
Voilà quelques arguments forts pour la vente et promotion du service. Pour elle, au regard des coûts de fonctionnement d'une IA conversationnelle, s'ouvre la perspective de marges et de revenus récurrents, une priorité. (En 2022, l'entreprise a réalisé 217 millions de CA, enregistré 168 millions de pertes. En 2024, elle a réalisé 311 millions de CA et 110 millions de pertes).
Le nouveau TP, Teleperformance sera-t-il français ?
Aux USA, Elise AI, Hello Patient, Assort Health et d'autres ont conclu des levées de fonds massives récemment, de plusieurs centaines de millions de dollars. Le marché de l'IA dans la santé, dont les assistants vocaux, est évalué au niveau mondial à 40 milliards selon Fortune Business Insights. Le Y Combinator a mené également de nombreux projets d'investissements dans l'IA conversationnelle. Vertical AI agents could be the new SaaS, a écrit un média très sérieux.
En 2021, Microsoft rachetait Nuance communications, un spécialiste de la reconnaissance vocale, très présent notamment dans le secteur de la santé, pour plus de 19,7 milliards de dollars. L'acquisition la plus importante pour lui après Linkedin. Les acteurs du BPO et des call-centers n'ont pas apparemment compris ou vu le signal : la technologie pouvait transformer la relation client, l'expérience patient. Et la concurrence viendrait peut-être des éditeurs. Ou peut-être n'ont-ils pas réussi à identifier comment aborder cette révolution ? Toujours est-il que, parmi les leaders du secteur, aucun n'est en bonne forme. Ni TP, ni Concentrix, ni Foundever. Dirigé depuis peu par un ancien d'Atos, Konecta, le numéro 5 mondial, semble accélérer plus vite dans le virage technologique attendu par les analystes.
En France, à date, sans avoir réalisé de levée de fonds (contrairement à Yampa.ai par exemple, avec Partech), un acteur a déjà pris de l'avance sur ses concurrents sur les agents IA : Volubile.ai. Avec un produit robuste et une stratégie claire : l'entreprise gère en direct les grands clients et s'installe dans des verticales métier avec des partenaires, tels le Figaro, Bouygues Télécom, Webdentiste. Pour ce qui est de la permanence téléphonique, une annonce importante est prévue par sa co-fondatrice, Stéphanie Delestre, normalement dans les toutes prochaines semaines. Avec, là également, l'un des leaders du secteur.
A Grenoble, l'ingénieur INSA Julien Ros, co-fondateur, s'occupe de peaufiner la tech. Depuis Bordeaux et à Vitry, une autre personne gère les appels des prospects, nombreux. “Je n'ai aucun problème à être, une grande partie de la journée, télé-secrétaire commerciale" sourit la PDG.
Manuel Jacquinet.
Le 15 octobre, lors du Forum de l'Expérience Client et patients à Paris, les résultats des premiers mois d'exploitation de DentalCall IA seront présentés.
