DRH à 25 ans, dans une société qui doublera son CA cette année
Dans les pizzini* d’Armelle Fichou, DRH chez hipto à seulement 25 ans. Issue d’une famille d’entrepreneurs, cette Bretonne de 25 ans nous partage ce qui fait son quotidien, souvent bien chargé, où elle veille à garder une bonne place à la bonne humeur, valeur caractéristique de l’entreprise qui lui a donné une vraie chance. Lors de la dernière édition d'ECTFF, à la Baule, Armelle a combattu une forme de timidité, de retenue pour raconter son parcours. Elle a été écoutée.
Quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous arrivée à ce poste ?
AF : Après mon Bac S en sport études, j’ai fait un DUT GEA, puis un master ressources humaines à l’IGR de Rennes. J’ai réalisé différents stages, dont deux significatifs chez Thalès dans la partie recrutement et sur la partie sociale, et un stage de fin d’études chez Hubvisory, une agence en product management, ce qui m’a permis de découvrir le monde de la start-up. Immédiatement après, j’ai signé mon CDI chez hipto en tant que responsable RH. À l’époque, ils n’étaient que 30 et il fallait recruter au moins 40 personnes. Alors, j’ai dû développer la partie recrutement et mettre en place des process RH. Et quand on a recruté une autre RH, Aurore, je suis passée DRH. Dans les faits il n’y a pas eu beaucoup de changements, mis à part le fait que je manage maintenant une personne en CDI au lieu d’un stagiaire.
Quelles sont les joies et les complexités liées à ce poste, au quotidien ?
AF : Ce qui me plaît le plus, c’est de ne pas avoir de journée type, et qu’il y ait plein de projets à mener. J’aime accompagner nos collaborateurs dans leurs joies et dans leurs difficultés. Ce que j’apprécie également c’est d’être membre du Codir, ce qui m’amène à pouvoir envisager toute la partie stratégie, les chiffres, le concret, la stratégie qu’on veut aborder à l’international. Cette vision plus globale est un point que je n’abordais pas du tout avant et qui s’avère ultra intéressant.
La partie la moins simple, c’est l’organisation. Il y a quantité de projets à mener en même temps, ça bouge tout le temps, des imprévus viennent s’incruster dans ton agenda. Il faut réellement être flexible et conserver du temps dans son agenda pour pouvoir gérer les urgences.
Comment s’organise votre journée de travail ?
AF : J’ai surtout des tâches importantes, qui reviennent régulièrement et qui sont bloquées dans l’agenda. Tous les mois : la gestion des payes, les entretiens trimestriels, sur lesquels on fait beaucoup de campagnes. Ainsi que des projets ponctuels comme les revalorisations salariales ; avec Aurore, on se fixe une cadence et un rythme afin de former les managers, de rencontrer tous les collaborateurs pour leur anniversaire d’embauche. On s’oblige à une énorme rigueur pour mener ce genre de projets. Et entre-temps, tous les imprévus qui débarquent dans le bureau : tenir le rôle de médiateur entre un collaborateur et un manager, le rôle « d’écoute sociale » si un collaborateur a une question sur sa fiche de paye… Tenter de répondre à tous au mieux, en gérant aussi notre temps à nous !
Quelle place tient le télétravail chez hipto ?
AF : On a plutôt une culture du présentiel et du travail d’équipe, ce qui n’est pas vraiment possible à distance où il n’y a pas de contact humain. On a quand même conservé un jour de télétravail, le mercredi, parce que c’était aussi une volonté des collaborateurs. On profite généralement de ce jour-là pour se concentrer sur nos projets. On est quand même plusieurs à venir au bureau, mais c’est une journée qui reste cool parce que d’un côté ceux qui sont chez eux bossent sur leurs projets sans risquer d’être dérangés, d’un autre côté ceux qui décident de rester au bureau, dont je fais partie, ont plus de libertés : vu qu’il y a moins de monde, je peux aller bosser dans l’open-space et être au milieu des équipes, voir ce qui se raconte, entendre ce qui se dit, ce qui me permet d’être plus dans l’opérationnel. Les collaborateurs peuvent tout de même demander ponctuellement à disposer d’un peu plus de temps en remote. Les personnes en période d’essai ou en alternance n’ont pas le droit au télétravail.
Quelle est ton actualité, à fin septembre ?
AF : Gérer les payes, et vu qu’on termine le Q3, gérer toutes les campagnes d’entretien trimestriels, un gros travail chez nous, car on désire vraiment que les managers prennent du temps avec leurs équipes en one-to-one pour parler du trimestre qui est passé, du trimestre qui arrive, se fixer des objectifs. Pour ça, il faut former les managers, suivre les campagnes et nous, en tant que RH, rester à l’écoute de ce que disent les équipes, ce qui remonte afin de détecter des choses importantes. Ensuite on va commencer à travailler sur les budgets de 2024 et déterminer les priorités : recrutement, formation ?
Quels sont vos principaux chantiers, points clés en matière d’expérience collaborateurs ?
AF : Mis à part les entretiens trimestriels, les prochaines soirées : on a un quarter business review la semaine prochaine où tous les responsables de pôle présentent le bilan du trimestre et celui à venir. On prépare également la campagne d’entretiens professionnels de Janvier : formation des managers, politique de revalorisation et de parcours de carrière pour chaque collaborateur. On organise aussi les temps forts de fin d’année et de 2024 comme les soirées d’Halloween et de Noël ainsi que le prochain séminaire, un passage qui s’avère hyper important pour l’expérience collaborateurs, parce que c’est comme ça qu’on crée des liens et c’est ce qui participe à la fidélisation de l’équipe.
Baudelaire disait que « le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté». Qu’est-ce que cette phrase vous inspire ?
AF : L’avantage chez hipto, c’est qu’on est jeune, moi la première. Alors on n’a pas d’idée préconçue et on n’essaye pas d’installer à tout prix les process importés d’autres boîtes et qui ne fonctionneraient pas forcément ici. On reste aussi un peu des enfants : une bonne dose d’optimisme, on rigole. Bonne ambiance et légèreté participent à la performance. Reste optimiste, donne du sens à ton taf, c’est une valeur d’hipto.
C'est à savoir: selon une récente étude menée par la junior entreprise de Hec pour le compte de iCIMS, les entreprises mettent en moyenne 8,7 jours à répondre à un candidat et 59% des recruteurs n'envoient pas de réponse aux candidats après étude de leur candidature.
* Dans les pizzini de... est une rencontre dans laquelle un entrepreneur, une personnalité ou un “artiste” dans son domaine accepte de nous partager et décrypter quelques petits papiers (pizzini) avec lesquels il dirige son organisation, transmet ses messages. Il doit également accepter de répondre à quelques questions, sans possibilité de joker ! Les pizzini et leurs vertus ont été découverts à l'occasion de l'arrestation de Bernardo Provenzano. Découvrez le 1er épisode, celui consacré à Pierre-Alain de Malleray, président du courtier Santiane.
L’histoire des pizzini
À l’occasion de l’arrestation de Bernardo Provenzano, le chef suprême de la Mafia, le 11 avril 2006, on a découvert ce qui avait permis à ce chef de donner et transmettre ses ordres à ses caporaux, dans une organisation attachée à la discrétion. Provenzano donnait ses ordres par le biais de pizzini, des petits messages roulés en boule, de la taille d’une boulette de mie de pain. Grâce à la découverte de centaines de ceux-ci, la police et les juges anti-mafia vont remonter jusqu’à des dizaines de sous-chefs, mais le plus passionnant, expliquait au Figaro Deborah Puccio-Den, anthropologue et chercheuse associée de l’EHESS, spécialiste de l’étude de ce mode de communication, est la découverte du vocabulaire et des raisons qui ont amené à utiliser ces petits papiers. Pour éviter l’écoute des téléphones portables, échapper aux micros posés par la police, Provenzano avait systématisé ce moyen de communication qui peut sembler archaique. Les pizzini étaient toujours tapés à la machine par Provenzano, les interlocuteurs identifiés non par leur nom. A la fin du message, on trouvait toujours : Dieu vous bénisse et vous protège.