Le magazine indépendant et international du BPO, du CRM et de l'expérience client.

Mon premier entretien d'embauche sans bullshit ? Hipto

Publié le 15 mars 2023 à 14:29 par Magazine En-Contact
Mon premier entretien d'embauche sans bullshit ? Hipto

Fort d’une riche expérience dans le digital et d’un CV idoine, François Grimpret voulait écrire un livre sur les entretiens d’embauche. Il en a passé 82 mais le livre est aujourd’hui dans un tiroir. La raison ? Un coup de foudre pour une start-up spécialisée dans la lead generation : hipto. Casquette siglée vissée sur le crâne, lunettes dites de hipster qui vont bien, le verbe facile, François Grimpret n’est pas embarrassé. On l’avait compris d’office en pénétrant dans les bureaux d’hipto, à Boulogne Billancourt, tandis qu’on était venu pour évoquer son parcours et plus si affinités. Dans une atmosphère électrique et débonnaire, on l’y voit jouer les chefs d’orchestre, pousser un objet roulant non identifié en badinant avec le floor. Entretien instructif mais décontracté, et inversement. Ceux que l’on préfère.

Bonjour François, quel a été ton parcours ? Quelle est ta formation ?

François Grimpret : J’ai un parcours universitaire et une formation d’historien, concrétisés par un DEA, avec une spécialisation dans l’histoire de la musique. J’ai ainsi rédigé deux mémoires, le premier sur Janis Joplin et l’autre sur le mouvement grunge : je suis un gros fan de Nirvana. Ces années universitaires m’ont inculqué une autonomie et des méthodes de gestion de projet sur le long terme. Mon parcours devient ensuite journalistique avant de repiquer rapidement vers le digital, en pleine bulle des sites internet dans les années 2000. En 2004, 2005, j’ai commencé par faire des stages chez M6 Web et chez Yahoo, chez qui je suis resté quelques années. Ce qui m'a fasciné à l'époque, ce sont les investissements colossaux auxquels ces groupes-là étaient capables de consentir en peu de temps, sans franchement calculer ni le risque, ni le ROI. D'ailleurs, on l'a vu après chez Yahoo ! Et aujourd'hui, ils ne sont plus que dix en France. Je suis parti avant la rationalisation des coûts et l'éclatement de la bulle, mais très sincèrement, j'étais beaucoup trop jeune pour avoir conscience qu'il y avait quelque chose qui n’allait pas. Même un stagiaire avait droit à 30 € par jour de prime déjeuner. Je me suis rendu compte un peu plus tard que ce n’était pas logique. J'ai par la suite un peu virevolté à droite à gauche, avant de me poser, au début des années 2010, chez Webedia, qui était encore un petit groupe – Allociné n’était pas encore dans son giron. Ils ont ensuite beaucoup racheté. J’ai surtout travaillé au brand publishing. Nous travaillions donc pour des marques comme L'Oréal, Orange, Free, la BNP : notre job consistait à créer et écrire des magazines en ligne, des sites informatifs, pour faire venir du prospect. C’étaient les débuts de l'inbound marketing, avec une attention particulière apportée à notre SEO pour attirer des clients et leur proposer des offres sous forme de bannières ou de click-to-action intégrés aux articles.

 

Armelle Fichou et François Grimpet

Qu’as-tu appris chez Webedia ?

En tant que responsable édito et pour l’aspect technique, vraiment métier : toutes les bonnes pratiques SEO. J’ai également énormément appris sur la relation clientèle, la compréhension des exigences, des besoins, des difficultés des clients, car toutes les semaines, quasiment tous les jours, nous faisions des points avec eux. Chez Webedia, on était très client-centric : c’est le client d’abord. Quand on arrivait chez la BNP, on arrivait à trois face à un board de dix, douze personnes, et comme ce sont des gens qui payent cher la prestation, tu as intérêt à arriver préparé et à les satisfaire. Ils ont des exigences très élevées, cela requiert des capacités techniques mais également humaines, et il faut être très disponible. Ça m'a vraiment appris à monter en compétence sur la bonne façon de satisfaire un client.

L’amélioration du SEO était la conséquence de quelque chose d’artisanal ou au contraire, de très formalisé ?

C'était déjà très industrialisé, avec des outils internes qu’on avait développés, les bonnes méthodes, ainsi que du trafic qualifié via Google. C’était notre véritable savoir-faire. Et personnellement, je me suis formé un peu sur le tas, et avec l’aide de consultants qui eux-mêmes avaient appris sur le tas ou aux Etats-Unis. On itère, on teste, on apprend.

Quels étaient alors les grands principes du SEO ?

Le SEO est devenu une telle science aujourd'hui… Mais pour répondre, d'un point de vue édito, un article est bon s’il est balisé pour les robots Google. Il est donc nécessaire de soigner tes balises, ce qu'on appelle les méta balises. Et ces méta balises doivent intégrer des mots-clés. Voilà pour l’architecture. Le robot, il va bien « bouffer » ton contenu, comprendre ce que ta page propose et pouvoir te référencer et te faire émerger de manière plus optimale. C’est donc un article avec suffisamment de matière, et donc 250 mots minimum. C'est également un article qui est structuré, ce qui va de pair avec les balises. Et Google donne toujours aujourd’hui une prime à la qualité : ils sont ainsi capables de détecter l'intérêt, le PageRank d’un article, lesquels dépendent aussi du nombre de visites, de commentaires que la page suscite. Google attache également de l’importance au fait que l’article soit repris par d’autres sites par exemple, ce qu’on appelle le backlink. En gros, si tu as du backlink, des bonnes balises et un article qui répond aux besoins du lecteur, tu as déjà fait beaucoup, beaucoup de boulot !

Autant de principes que tu as mis en œuvre quand tu as créé ton site internet, Zicabloc, dédié à la musique…

Exactement. C'était un site 100 % SEO. Le site prenait appui sur une passion, mais c'était avant tout un laboratoire pour le SEO. Je partais des requêtes, et même des recherches effectuées avant d’arriver sur la page, et j’écrivais en fonction. Par ailleurs, ça m’a permis de comprendre comment construire un site de mes propres mains sur WordPress, perfectionner le SEO, les partenariats, l’affiliation, la boutique Amazon. Ça m’a permis de tout comprendre.

Du point de vue SEO, qu’est-ce qui fonctionne le mieux ?

Le format top cartonne parce que ça répond aux besoins de l’algorithme Google, à des bullet points, que les robots digèrent très bien, et ça répond au mode de consommation digitale, rapide.

Et après Webedia ?

J'ai intégré la start-up de deux amis, où j'ai surtout bossé leur inbound marketing. J'y suis resté deux ans. C'était sympa mais je n'ai pas appris grand-chose là-bas. Je me suis laissé tenter par l’aventure start-up nation, c’était cool mais un projet sans beaucoup de consistance. J'ai ensuite rejoint ma femme et deux de ses associés, tous issus de Webedia, qui ont monté une boîte qui s'appelle Pix.City, un créateur de contenus pour les réseaux sociaux, pour les small businesses et les PME. J'y suis resté trois ans avant d’éprouver un besoin personnel de me renouveler, de repartir un peu à zéro, d'arrêter de bosser avec ma femme. Et c'est là que j’ai intégré hipto en tant que media buyer. Maintenant je suis Deputy Head of Growth, donc adjoint de la Directrice du Pôle Growth, Carole Barkatz. Il s’agit de dénominations à l’américaine, mais qu’on a chopées, pour tout te dire, dans l’organigramme de Spotify. La musique me poursuit !

En quoi consiste ta fonction pour le néophyte ?

En tant que Deputy Head of Growth, je gère une équipe de plus de 30 personnes (sur 60 au total dans ce Pôle) sur différents secteurs comme l'Éducation, les Home Services, le BtoB et bien d’autres. Nos équipes d’acquisition sont expertes sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la leadgen et de l’acquisition en ligne, globalement. Je manage donc au quotidien, des experts en achat média sur différents leviers, Facebook, Google, et Native Ads, des experts en création de contenus sur différents formats et enfin, nous travaillons avec des développeurs, des data analystes et nos équipes commerciales pour être au plus près des besoins clients.

C’est amusant car ton parcours va à l’encontre de certains préjugés qu’on peut avoir en France sur la façon dont une carrière se déroule.

Je suis un digital native au sens premier du terme. Quand je suis arrivé sur le marché du travail, les sites web et le digital recrutaient en masse, l’effervescence, la dynamique étaient là. Et quand tu avais un parcours universitaire, que tu savais écrire sans faute, que tu avais un peu de culture générale, c'était une denrée très recherchée par les sites web. Il n’y avait pas la pub et le seul moyen d'acquérir du trafic, c'était le contenu. Ensuite un marketeux demeure un marketeux : son rôle est de trouver le bon message et le bon levier pour susciter l’intérêt du lead.

Combien êtes-vous dans votre pôle ?

On doit être 60 aujourd’hui, mais on sera 80 à la fin de l'année car hipto est une boîte en hyper croissance sur un marché lui-même en hyper croissance ! Les réseaux sociaux sont arrivés à maturité par rapport aux outils qu'ils proposent désormais pour faire de la pub chez eux. Facebook touche 40 millions d’utilisateurs en France. TikTok, Snapchat, Pinterest sont encore très loin derrière, ce qui ne nous empêche pas de faire de la pub dessus. Mais Meta et Google sont très loin devant.

La conjoncture économique est-elle susceptible d’influencer les recrutements ou la croissance d’hipto ?

Notre solution permet aux annonceurs d’investir leur budget marketing avec une approche data-driven et en maîtrisant leur coût d’acquisition. Nous sommes bien positionnés pour résister à la conjoncture économique, notamment en cas de contraction des investissements en marketing digital. Aussi, en tant que fournisseur de leads, nous disposons d’une vraie valeur ajoutée grâce à nos experts marketing, nos technologies et notre savoir-faire sur le métier du télémarketing qui peut faire gagner beaucoup de temps et d’argent à nos clients !

Tu disposes déjà d’une longue expérience. Chez hipto, qu’as-tu trouvé d’unique, de distinctif ?

Alors d’abord pour resituer, j'ai quitté Pix.City parce que j’étais fatigué. On était parti d'une feuille blanche. C'était hyper vorace en temps, on s'est tapé un confinement, deux confinements entre-temps, ça a vraiment été pénible mentalement pour moi. J'avais pour idée de prendre un peu de temps. Et mon idée première, je l'avoue, était d’écrire un bouquin sur les recrutements et les entretiens de recrutement avec mon frère qui est écrivain. Je me suis constitué un bon CV, sans mentir, car j’avais tout de  même un parcours intéressant. J'ai donc postulé partout où je pouvais en marketing acquisition. J'ai commencé à prendre mes notes. En un mois et demi, j’ai passé quatre-vingt-deux entretiens. Consulte les fonctions Acquisition, que ce soit inbound ou payant, sur Welcome To The Jungle, tu verras qu’il y a beaucoup d’annonces. Au bout d’un mois et demi, j’ai eu un premier entretien avec Armelle Fichou, DRH d’hipto. J’en ai passé quelques autres après mais j’avais déjà fait une cinquantaine d’entretiens, avec des start-ups ou des grosses boîtes. Mais peu avec des start-ups qui avaient trois, quatre ans d’âge comme hipto. Et ce fût le premier entretien où je n’ai pas entendu du bullshit. Pas de blabla, pas de chichis. Juste un discours clair, hyper humble sur les ambitions de la boîte. Très straight to the point. Bienveillant et, j’insiste, humble. Ça ne se la racontait pas. Ce qui correspond beaucoup à la personnalité d’Armelle Fichou, mais habituellement quand une RH tient ce genre de discours clair, humble, précis, c'est également parce qu'elle a été très bien briefée par les fondateurs. Je suis donc très vite tombé amoureux du projet. Ils proposaient exactement en plus le métier que je voulais faire à ce moment-là, selon le business model qui me semblait le plus intelligent. Donc très franchement, pour moi, hipto a fait tout de suite la différence dans son discours et dans son projet, la clarté de ce dernier, son humilité, son discours. Ensuite, les différents entretiens que j'ai eus avec la Directrice du Pôle Growth et avec Léo (Hauet, co-fondateur) ont fini de me convaincre quant à la culture de la boîte, l'énergie que j'avais pu ressentir tout de suite. Une énergie qui n’est pas due qu’à l'âge moyen, qui se situait aux environs de 25 ans (un peu plus maintenant). La personnalité, la jeunesse des fondateurs m’ont aussi frappé. Lors des premiers entretiens que j'ai eus avec Léo et Kilian (Le Menestrel, co-fondateur), ils ne m'ont pas annoncé comme d’autres qu'ils seraient la prochaine licorne française, qu'ils allaient conquérir le monde et qu'ils étaient les meilleurs. J'ai eu en face de moi deux mecs qui croient en la valeur du travail, l'engagement, et qui ne pensent pas être les nouveaux Prix Nobel d'économie, et ça, ça a fait toute la différence ! On était loin du cliché de start-ups de l’écosystème parisien ou d’ailleurs, qui survendent leur business ou leur boîte. Et c’est dommage car dans la cinquantaine d’entretiens que j’avais faits avant, j’imagine qu’il y avait de très belles boîtes, mais portées par des discours d’arrogance qui ne m’ont pas du tout convaincu ! La différence avec hipto se situe là.

Et maintenant, après ces premières impressions, essai transformé ?

D’emblée, j’ai complètement été pris au jeu ! Je me suis senti super bien dans mon poste. On était deux fois moins il y a un an seulement et j’ai été directement embarqué dans cette aventure par l'ambiance, l'énergie qui règnent ici. C'est un métier où tu as beaucoup de pression parce que tu dois faire du chiffre, mais cette pression va de pair avec une putain de bonne humeur et des moments de décompression mémorables, que ce soit en séminaire ou en soirée, et un management qui me correspond tout à fait. J'ai l'impression que Léo et Kilian sont les entraîneurs de foot que j'avais quand j'étais gosse ! J’ai plus l'impression d'être sur un terrain de foot que dans une boîte traditionnelle ou dans des bureaux. Ils me parlent comme mes entraîneurs me parlaient dans les vestiaires. Et ils ne font pas de discours, ils font des causeries. Tu as vraiment l'impression de monter sur le terrain, sur la pelouse. Et ça change tout pour moi. Ça me correspond. Je ne dis pas que les autres font mal, mais ça me correspond à fond.

Tu fais du télétravail ?

Je déteste le télétravail, mais il y a une journée de télétravail par semaine chez hipto, si on le désire. Et ça permet à ceux qui habitent à plus d’une demi-heure de souffler.

Ta journée type ?

Je suis un gros bosseur, j’ai besoin de ça, j’aime ça. Donc j’arrive le matin entre 8h et 8h30 et s’il faut pousser jusqu’à 19h, 20h, je suis encore là. Je suis hyper engagé, je l’avoue, mais j’ai un rapport presque excessif avec le boulot.

Tu as écrit quelques livres sur le Rock, il y en a un en préparation ?

J’ai fait un petit dictionnaire des chansons rock, deux tomes sont déjà sortis et il y en a un en préparation. Ça ne m’a pas rendu milliardaire, ce n’était pas le but non plus. Mais j’ai pas mal vendu, quelques 3 000 exemplaires, à 75% en papier, et à 25% en numérique, pour un livre qui est assez cher, presque 30€. J’ai fait quelques salons très intéressants, notamment celui de Radio France. Là où je suis plus mitigé, c’est dans ma relation, contractuelle comme humaine, avec mon éditeur, qui est la référence en matière rock en France depuis 1992. Donc aujourd’hui, si tu as un manuscrit ayant trait à la musique dans un tiroir, je ne te dirai pas d’aller chez Camion Blanc.

Une chanson rock qui caractérise l’époque selon toi ?

“Under Pressure” de Queen et David Bowie. Parce que ça parle des gens dans le métro bondé, de nos vies occidentales. C’est un peu cliché, mais ça parle de toute la pression actuelle, des guerres, des maladies, de l’inflation qu’on évoquait tout à l’heure, etc. Et du fait que malgré tout, on peut chanter, se défouler !

Question subsidiaire, quel modèle économique est le meilleur pour les podcasts selon toi ?

Je ne suis pas du tout spécialiste du sujet, mais ça passerait par l’abonnement. Fidéliser d’abord et proposer un abonnement ensuite. J’ai un très bon copain qui a une boîte de podcasts, mais lui fait du brand publishing, des podcasts pour les entreprises, c’est un autre modèle.

Save the date : le 29 Mars, hipto, Vipp-Interstis organisent The CX Murder Party. En-Contact partenaire média. 

Propos recueillis par la rédaction d'En-Contact.

A lire aussi

Profitez d'un accès illimité au magazine En-contact pour moins de 3 € par semaine.
Abonnez-vous maintenant
×