Onclusive, ex-Kantar, réduit ses équipes pour les remplacer par de l’IA
En fin d’année 2023, les salariés d’Onclusive, une société française installée à La Défense, acteur de référence de la veille média en France, sont devenus les acteurs du premier plan social en France provoqué par l’irruption de l’intelligence artificielle (IA) dans le monde du travail : 209 personnes vont ou ont déjà quitté l’entreprise, qui a compté jusqu’à 383 postes, licenciées pour être remplaceés par des ordinateurs dopés à l’IA. Huit postes vacants seront laissés sans remplacement et 23 « nouvelles fonctions seraient créées » selon Libération.
La société, longtemps connue sous le nom de Kantar et aujourd’hui propriété du fonds d’investissement américain STG, est spécialisée dans la fourniture de synthèses d’articles de presse et d’extraits audiovisuels qui sont envoyées à quelque 9 000 clients, de grands groupes privés notamment du CAC40 (Rolex, TotalEnergies, L’Oréal) et publics (FranceTélévisions, la SNCF) , mais aussi des ministères, le service d’information du gouvernement (SIG) ou des services publics comme Pôle Emploi, la Banque de France, etc. Cette activité est de celles qui se prêtent parfaitement à une automatisation que peut fournir une intelligence artificielle. Surtout depuis que l’IA, ces derniers mois, a connu de spectaculaires et très médiatisées avancées, avec des outils d’intelligences artificielles génératives comme ChatGPT d’OpenAI et ses concurrents lancés par les géants d’internet comme Google ou Meta (Facebook). « On est tous tombés de notre chaise, on ne s’attendait pas à une telle ampleur », assurait au Parisien l’un des salariés qui ont appris la nouvelle le 5 septembre par un e-mail du PDG Rob Stone, expédié depuis le siège mondial de STG à Londres.
Le PDG ne parle pas de « suppressions de postes », de « licenciements », et justifie les départs forcés par la nécessité « de devenir plus agiles et plus compétitifs » en adoptant « de nouvelles technologies et de nouveaux outils qui rationaliseront [les] opérations […] et amélioreront l’efficacité et la précision». Ce premier plan social provoqué par le recours à l’IA interroge en tout cas jusqu’au gouvernement, qui est aussi le client d’Onclusive.« Le SIG […] interrogera l’entreprise sur les garanties qu’elle entend fournir pour maintenir le niveau de compétences, d’expertise et de qualité des livrables dans le cadre des marchés qui les lient à l’administration», a indiqué le SIG à Médiapart.
Parallèlement, l'entreprise et l'une de ses filiales Digimind, font l'objet de poursuites judiciaires entamées par de grands groupes de médias français. Ceux-ci lui reprochent de réaliser des revues de presse incorporant leurs articles et contenus sans les rémunérer légalement ou dans les justes proportions. Le préjudice dépasserait les 5 millions d'euros
En-Contact a eu l'occasion de découvrir que ses contenus, normalement uniquement accessibles aux abonnés, se retrouvaient dans des synthèses de presse le lendemain de leur publication. Reputation on line ou Onclusive, les tiers concernés, n'étant pas abonnés à notre magazine.
Sources : La Dépêche, Libération + interview menée par nos soins auprès d’Onclusive.
C’est à savoir : Cision, ex-Argus de la presse, est l’un des concurrents de Onclusive.