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Les intermédiaires, conseils et nouveaux actionnaires de la SFAM, dont Ardian, vont-ils devoir s’expliquer ?

Publié le 18 septembre 2024 à 04:30 par Magazine En-Contact
Les intermédiaires, conseils et nouveaux actionnaires de la SFAM, dont Ardian, vont-ils devoir s’expliquer ?

Avril 2018. Significative par son ampleur, l’entrée au capital de la SFAM et sa prise de participation surprise dans Fnac Darty ont-elles été conclues par l’un des plus grand fonds européens, Ardian, avec une négligence intentionnelle ? Celui-ci pourrait devoir expliquer ses pratiques et répondre d’éventuelles actions judiciaires, selon les observations du magazine En-Contact. 

Les pratiques commerciales de la SFAM (nouvel actionnaire de la FNAC), très douteuses et litigieuses, étaient parfaitement connues de la part des intermédiaires (cabinets de conseil ou fonds d’investissement) qui les ont analysées, auditées, préalablement à l’ouverture de son capital et au rachat des 11.35% de Fnac Darty au fonds activiste Knight Vinke.
Malgré cette connaissance précise et les risques potentiels à venir, Ardian, la société d’investissement privée indépendante qui gère plus de 65 milliards d’actifs dans le monde, a conclu le 7 Février 2018 une prise de participation au capital de l’entreprise de Sadri Fegaier, SFAM. Dûment alertées, les équipes d’Ardian auraient préféré négliger les litiges à venir, déjà très nombreux et minorer les alertes contenues dans les rapports et études commandés préalablement à la conclusion des deals, afin de ne pas laisser échapper ce deal significatif, révèle l’une des sources du magazine En-Contact, qui s’est procuré les pièces et enregistrements qui corroborent ceci. « C’est une machine à fabriquer du cash cette entreprise », aurait même indiqué un observateur du dossier.
De novembre 2017 à janvier 2018, les plus grands fonds d’investissement (KKR, Goldman Sachs) ont été en compétition sur cette opération que leur a suggérée le fondateur de la SFAM, qui avait préalablement ouvert son capital à Edrip (Edmond de Rothschild). Désireux de valider les chiffres de croissance annoncée, et les marges attractives annoncées par Sadri Fegaier, Ardian a mobilisé une série de cabinets de consultants, avocats, afin de découvrir et quantifier le marché de l’assurance affinitaire et ses perspectives de croissance.
Parmi ces spécialistes et consultants ou experts, certains ont acquis, dans différentes boutiques de téléphonie et à la Fnac, des smartphones afin de tester le modèle de vente, hyper efficace de la SFAM et dont toute la rentabilité est liée au churn (nombre d’assurés qui résilient leur assurance au terme de la première année). Le vendeur n’a besoin que de prendre votre RIB et vous vous retrouvez prélevé de plusieurs dizaines d’euros chaque mois. Ils sont ainsi allés jusqu’au bout du parcours client qui désire résilier et ont découvert les méthodes de rétention.

Les centres de contacts de la SFAM, les call-centers, internalisés ou confiés à des tiers, tels B2S, ont joué un rôle décisif dans les process d'acquisition voire de rétention des clients, assurés. Sadri Fegaier en a acquis plusieurs ensuite auprès des spécialistes du BPO, dont B2S, Armatis. Crédit: Jean Demarty


« Nos rapports et constats, indiquent certains de ces conseils, ont clairement démonté le système et souligné les risques à venir. Mais Ardian avait tellement envie de faire ce deal. Pourtant, aucun chiffre sur les marges du courtier et les taux d’annulation n’ont pu être récupérés, et étayés, ce qui est étonnant au regard de l’ampleur de l’acquisition. Parallèlement les forums de consommateurs regorgeaient déjà d’avis et de témoignages de clients lésés. Après avoir passé des heures en due-diligence, dépensé des centaines de milliers d’euros d’honoraires, il faut boucler le deal, parfois en mettant sous le tapis ce qui pourrait et devrait faire obstacle », fait remarquer l’un des conseils de l’opération sollicité par le magazine. Celui-ci s’était intéressé au fonctionnement des centres d’appels du courtier qui ont un rôle prépondérant pour répondre aux clients, les solliciter ou gérer les demandes de résiliation.

Risques à venir réels pour Ardian et les nombreux conseils intervenus sur l’opération

Quels sont les risques à venir pour Ardian ? « Ils ne viendront pas d’une éventuelle class-action de la part des clients lésés de la SFAM, déjà nombreux, explique M.D, l’avocat qui a été sollicité par le magazine, car celles-ci sont trop longues et inefficaces en l’état de la législation en France. Par-contre, il est possible à un tiers lésé d’intenter une action à l’égard d’un fonds d’investissement lorsque celui-ci est accusé d’escroquerie en bande organisée. C’était arrivé par exemple pour le fond LSK. » Parallèlement, Fnac Darty et Cdiscount, qui sont deux des intermédiaires qui permettent à la SFAM de conclure le plus grand nombre de contrats, devront éclaircir leurs méthodes et la contribution de leurs équipes de vente dans les acquisitions de clients de la SFAM.

Sollicité par la rédaction du magazine depuis plus de quinze jours, ni Ardian ni la SFAM n’ont répondu à nos demandes d’éclaircissements. France info et les antennes locales de France Bleue commencent à recueillir les témoignages nombreux de clients lésés de la SFAM.

Actualisation 2021. 

Depuis la parution de notre article, l’un des leaders français de l’assurance affinitaire (Sfam) et l’un de ses réseaux de distribution (Fnac Darty) font l’objet d’une plainte et d’une action collective.

L’association de défense des consommateurs soupçonne les deux groupes de pratiques commerciales «trompeuses et agressives». Après des analyses et une avalanche de réclamations de consommateurs, l’UFC-Que Choisir dénonce des ventes forcées de contrats d’assurance sur des produits high-tech.

L’UFC-Que Choisir a déposé plainte contre le groupe SFAM, spécialisé dans les assurances associées aux produits, et Fnac Darty. L’association de défense des consommateurs soupçonne les deux groupes de pratiques commerciales «trompeuses et agressives». Source : Le Figaro, 30 août 2018

Par la rédaction d’En-Contact

 

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