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"Salesforce, c’est un bazooka pour tuer une mouche" Axonaut, Brevo, Klaviyo, Salesforce, Sellsy..le CRM pour les nuls.

Publié le 01 novembre 2023 à 11:19 par Magazine En-Contact
"Salesforce, c’est un bazooka pour tuer une mouche" Axonaut, Brevo, Klaviyo, Salesforce, Sellsy..le CRM pour les nuls.

Axonaut, Brevo, Hubspot, Klaviyo*, Sellsy.. Salesforce, le choix d'un CRM peut ressembler à un enfer, couteux si l'on se trompe d'outil, d'intégrateur. Y en t-il de français, bons, adaptés à une PME, une ETI, quelle est l'importance de disposer d'un bon support technique, dans ce domaine ? Ce sera le premier benchmark technique publié dans notre numéro 131, en Février 2024, dans En-Contact. 

 

Mais ce qui est certain est qu'à Périgny, dans la périphérie de la Rochelle, est installée depuis plus d'une vingtaine d'années, l'une des équipes les plus expertes dans l'assistance technique. Largement féminine, orpheline d'une certaine Cathy Millecamps ( ex-compagne du bassiste des Pretenders)  Cathy Millecamps est partie plus ou moins à la retraite, je crois, mais Emmanuelle Godeau est toujours là. Or, Foundever (ex-Sitel, ex Acticall) a aidé Sellsy, l'éditeur français, à ses tout débuts, grâce à une équipe de “support” largement féminine, pilotée par Emmanuelle Godeau.  C'est une vidéo archive d'En-Contact, et collector ! Alain Mevellec y donne un vrai cours pratique sur le bénéfice de l'externalisation, l'efficacité d'une équipe qui devient de plus en plus experte. “Chez Sitel, ils ne répondent pas comme des robots. Et chez Sellsy, avant de travailler avec eux, quand on appelait le support, c'était la roulette russe: ça pouvait prendre 3 minutes d'attente.. ou beaucoup plus longtemps”

Sitel ne s'appelle plus Sitel, mais Foundever, Et le centre de Périgny continue d'être l'une des plus importantes plateformes téléphoniques de France. On y vit heureux: des gens qui ont eu des parcours de vie très riches y font carrière. 

Quand un client qu'on a aidé vous abandonne. On s'en remet. Sellsy.

Après avoir créé un site de rencontres pour la communauté gay, revendu ce dernier à Meetic, la paire de double Frédéric Coulais/Alain Mevellec a compris tout l’intérêt du cloud et du logiciel de factures, associé à un CRM. Sellsy est désormais la propriété de PSG, Providence Strategic Growth, le fonds qui rachète de nombreux acteurs du logiciel en mode Saas, sauf EDG ( Ce dernier, dirigé par Vincent Klingbeil, aurait accueilli récemment à son capital Latour Capital, aux côtés de Montefiore qui y était déjà présent). 

On a eu envie de connaitre un peu mieux l’histoire de Sellsy et de comprendre pourquoi, quand des entrepreneurs réalisent leur capital, vendent leur entreprise, ils achètent en général des hôtels, des vignobles, des foncières de centres commerciaux. Attention, l’interview a été réalisée en 2014.

Il était une fois Easybill.
Quel est votre parcours, et quelle est l’histoire de Sellsy ?

Avec Frédéric Coulais, nous avons créé Sellsy en 2009. Auparavant, nous avions lancé en 2004 un site de rencontres pour la communauté gay, que nous avons revendu à Meetic en 2007, avant de continuer à la gérer pendant un an. Nous sommes de purs entrepreneurs, lui, plutôt business, moi, plutôt technique management de la boîte. Nous avons clairement vu que le cloud était dans une phase de décollage, nous avons développé un prototype, MyFacture, et nous avons vu que cela répondait bien à nos besoins. Nous avons effectué une première levée de fonds de 500 000 euros, puis une deuxième d’un million d’euros, auprès d’Alto Invest en sus de nos investissements personnels, pour dérouler le modèle CRM, support client, caisse connectée, fin 2010.

Comme vous connaissez Meetic, vous avez peut-être proposé à Marc Simoncini, connu pour être un généreux business angel, d’investir dans le projet ?

(rires) Il n’est pas trop b2b !

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

La solution est désormais très complète avec le gros lancement à venir de la plate-forme e-commerce, on aura fini le produit : c’était le chaînon manquant.

En Août, nous avons ouvert nos bureaux à Paris, et en septembre, un bureau à New York. C’était important car nous avons beaucoup de clients à Paris, de plus en plus gros, et la vente ne sera pas la même pour une société qui prendra des abonnements pour 15 commerciaux. L’étranger représente lui aujourd’hui 10% de nos ventes, car nous avons une version en anglais, utilisée dans 30 pays. Le chiffre d’affaires était en 2013 de 520 000 euros, et devrait s’établir à environ 1 200 000 euros en 2014. En ce qui concerne les effectifs, nous étions 7 en janvier 2013, nous sommes aujourd’hui 20.

Frédéric Coulais et Alain Mevellec, co-fondateurs de Sellsy

Pourquoi avoir choisi de lancer cette société depuis La Rochelle ?

C’était un choix de vie. J’ai quatre enfants, j’ai passé toute ma vie à Paris, je voulais prendre du recul.

Mais est-il facile de trouver de bons développeurs sur place ?

Paradoxalement, la Rochelle est une ville très étudiante, avec de très bonnes formations en IT, dont une licence de développement web très efficace. 90% de nos ressources humaines viennent d’ici, ce sont des gens très fidèles, car il n’y a pas d’autre grand éditeur sur place. Il n’y a pas de turnover et la mine est quasi infinie. Quand je parle à mes homologues parisiens, je mesure la différence ! En fait, nos salariés n’ont même pas envie d’aller à Paris.

Quel est le modèle de facturation et qui sont vos clients ?

La solution est modulaire : la version de base coûte 40 euros par mois, et il faut payer pour avoir des fonctionnalités supplémentaires, et des droits d’accès par utilisateur. En revanche, pour chaque module, l’accès est intégral : il n’y a pas de paliers par volume de données ou autres. 

Je n’aime pas parler de mes clients sans leur accord, mais je peux vous dire que nous avons beaucoup de clients dans la communication, beaucoup de start-ups… c’est très varié. Un tiers du chiffre d’affaires est généré par de l’up-sell, cela prouve que le modèle est vertueux.

Le cloud est un marché difficile, pourquoi vous être lancés quand même ?

Quand on vendait le produit en 2010, ça soulevait beaucoup de freins, notamment avec les inquiétudes sur les données. C’est moins le cas aujourd’hui. Avec Google Apps, Office 365 en ligne, iCloud etc., tout le monde connaît, le cloud, et ce sont les clients qui viennent à nous. Le produit est désormais facile à vendre. L’évangélisation a été faite.

Mais c’est un marché très concurrentiel…

Déjà, nous ne sommes pas dans la même cour que des éditeurs tels qu’IBM, Oracle ou SAP. Nous nous concentrons sur les PME, qui n’ont pas les mêmes moyens. De toute façon, quand ce type de clients appelle ces éditeurs, ils ne répondent même pas.

Salesforce n’est pas encore très développé en France, surtout pour les PME. C’est normal : Salesforce c’est un bazooka pour tuer une mouche.

Et nous sommes moins chers que Salesforce, tout en offrant plus de fonctionnalités. Quand je vois les entreprises qui utilisent Salesforce aux Etats-Unis, elles ont déjà un CRM, plus un logiciel de facturation, plus une solution de support client ; nous faisons tout cela, dans le même produit, pour moins cher.

Nos concurrents sont sur certains segments de la solution. En France, c’est d’abord Cegid, EBP, Ciel… ces éditeurs de logiciels spécialisés ont aussi lancé des offres cloud. Et là, on mesure la différence : nous sommes d’abord des gens du web, alors qu’eux n’ont fait que porter leur solution dans le cloud, sans développer fonctionnalités particulières

Il faut que les services soient conçus pour l’utilisateur. Nous utilisons Sellsy en interne ! C’est la meilleure façon pour nous d’être près de nos clients.

Aujourd’hui, le succès d’une solution dans le cloud dépend beaucoup de son écosystème de solutions compatibles ; avez-vous le vôtre, et travaillez-vous déjà avec des intégrateurs ?

Nous avons déjà réalisé des intégrations avec services extérieurs, comme Google apps, gmail, dropbox, Mailchimp. Ou encore Corporama, une base de données de prospects, qui fonctionne un peu comme les Pages Jaunes améliorées : il est désormais possible d’envoyer le prospect directement depuis Corporama vers Sellsy. Nous travaillons déjà avec une série d’intégrateurs et de distributeurs, de revendeurs.

Avez-vous prévu l’intégration avec les solutions pour centres d’appels ? 

Oui, nous avons eu des demandes d’intégration avec les logiciels pour centres d’appels. Mais en réalité, à moyen terme, notre objectif est d’intégrer la téléphonie sur IP, et SIP dans sellsy. Nous nous sommes rendus compte de cette utilité car recevons entre 300 et 500 tickets de supports par jour, et pouvoir appeler directement les clients depuis Sellsy apparaît comme un besoin évident.

Comment une entreprise peut-elle utiliser Sellsy pour développer son expérience client ?

En fait, Sellsy offre aux PME le cross-canal, qui était jusque-là réservé aux gros acteurs, et de manière intégrée

Avec notre caisse connectée, il suffit d’intégrer un e-mail, ou un numéro de téléphone d’un client en magasin, pour faire remonter toutes les anciennes commandes, qu’elles aient été faites en ligne ou en magasin. Inversement, un client pourra retrouver ses tickets de magasin en ligne. On sait que c’est un élément très demandé : la gestion des stocks devient vite impossible s’il faut les gérer depuis Prestashop et depuis l’outil de gestion des stocks du magasin. La demande vient aussi des clients finaux, qui apprécient une traçabilité des échanges. Enfin, le coût de la caisse est très attractif : 40 euros par mois pour le hardware, en plus de la Sellsy.

Cette caisse permet aussi de mette en place des campagnes de marketing cross-canal ambitieuses, notamment depuis que nous avons publié le module de gestion du : campagnes d’e-mailing ou de SMS pos-achat en boutique, ou avec comme support le ticket envoyé par e-mail… tout est possible. Cela permet d’organiser la fidélisation. Et la plupart des commerces ne connaissent pas leurs clients, donc il n’y a pas de fidélisation possible, alors que c’est un élément vital pour le commerce, surtout pour le commerce physique.

Quels sont aujourd’hui vos objectifs ?

En termes de fonctionnalités, avec la publication du module e-commerce, Sellsy sera achevé ou en tout cas l’idée de départ. Nous ferons encore d’autres modules à la marge, comme un module de gestion des locations. Après, on va se remettre dans l’application brique par brique. Commercialement, notre objectif est d’accueillir des entreprises de plus en plus grosses, et d’ouvrir de nouveaux bureaux à l’étranger. En termes de chiffres, l’objectif est d’avoir 30% de ventes à l’international en fin d’année.

Avez-vous été aidés par les pouvoirs publics ?

Nous avons été aidés par la communauté d’agglomération de La Rochelle qui nous a trouvé de très beaux locaux à un tarif défiant toute concurrence, et pour le recrutement. Après, nous n’avons eu que les aides classiques : jeune entreprise innovante ou crédit impôt recherche.

Est-il difficile pour une start-up ambitieuse comme Sellsy de grandir en France ?

L’environnement des startups a beaucoup évolué depuis 4 ou 5 ans. Il y a un véritable mouvement. D’abord parce qu’on a d’excellents développeurs en France et de très bonnes formations : je le sais bien, pour en discuter avec mes homologues américains. Je crois qu’on n’a pas fini de voir ce que les Français peuvent faire 

Ça reste un pays compliqué socialement, fiscalement, mais ce n’est pas insurmontable, ce n’est pas mon style de verser dans le bashing. Déjà, on est content d’avoir la Sécu, et puis, comme nous avons ouvert un bureau aux Etats-Unis, je suis bien placé pour savoir qu’ils sont en retard sur beaucoup de choses. On ne nous demande pas d’envoyer tous les documents en 4 exemplaires en France.

Quelques nouvelles plus récentes.

Frédéric Coulais a quitté cette année l'entreprise et exploite désormais la Maison Borreze. Rochelle Luxco est la holding qui possède Sellsy. La direction générale de Sellsy est assurée désormais par Victor Douek. L'éditeur de la Rochelle a annoncé ces derniers jours l'acquisition d'une suite CRM de marketing automation, Sendethic, concrétisant ainsi son ambition de devenir une suite tout en un de gestion d'une PME : compta, prévision de trésorerie, CRM. 

Foundever, ex-Sitel, a un temps aidé son voisin à assurer son service client et sa hotline de niveau 1 et 2, comme l'explique Alain Mevellec, client satisfait, dans la vidéo qui suit. A Périgny, en banlieue de la Rochelle, Sitel a longtemps été le plus grand call-center de France, avec presque 1000 salariés. 

Pour aller plus loin : Sellsy indique avoir réalisé 12,7 millions d'euros de CA en 2022. Est-il un bon logiciel, meilleur* que Brevo, ex-Sendinblue ? Qui est Victor Douek, le DG de Sellsy ? Quels sont les deux jeunes ingénieurs français que le Y Combinator vient de sélectionner et qui travaillent, eux aussi, sur la conception d'un nouveau logiciel de facturation adapté au SMB ( small and medium business) ? Ce sera à lire, en Février 2024 dans En-Contact. 

La rédaction a testé Axonaut, Monday, Brevo, et interrogé quelques clients de Sellsy. A sollicité également Klaviyo, une solution de marketing automation, récemment acquise par Shopify. Shopify est dirigée pour l'Europe du Sud par Emilie Benoit Vernay, une dame très occupée :). Lisez le numéro 131 pour comprendre pourquoi. 

Découvrez-ici la vidéo évoquant la collaboration entre Sellsy et Sitel, devenu Foundever.

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