La justice condamne Symag, filiale de BNP (Personal Finance) à produire les comptes de son futur acquéreur

Désireuse de céder rapidement sa filiale spécialisée dans les matériels et logiciels d’encaissement, SYMAG (un héritage de Laser-Cofinoga), la BNP vient de se faire retoquer par un juge du TGI de Grasse, le 10 mars dernier.

Le jugement a pour effet de différer la vente prévue et surtout, il va permettre de connaitre la réalité sur la santé financière et le projet du cessionnaire, une société bien connue dans l’encaissement omnicanal, condamnée à plusieurs reprises par différentes juridictions. Les attendus du jugement sont explicites : fournir au Comité social et économique de la société Symag, le business plan (…) les chiffres d’affaire, résultats d’exploitation, endettement, nombre de sites et de salariés de X (le cessionnaire), les sanctions contractuelles prévues en cas de manquement à l’engagement de ne pas procéder à des licenciements économiques dans les 18 mois (…) informations précises sur les instances représentatives au sein de X. (…) ordonne la prolongation du délai de consultation du CSE de Symag de deux mois.

Céder Symag et vite, pourquoi ?

Symag, qui été l’un des leaders européens dans son domaine, a souffert apparemment et selon différentes sources ou salariés encore en poste, d’une gestion approximative et de choix stratégiques  inadaptés en termes de développement: elle serait en perte  et considérée comme moins prioritaire par BNP Personal Finance, l’entité à laquelle elle est rattachée. Ce qui expliquerait, comme nous l’évoquions dans un précédent article, ce projet de cession. Et pourquoi la BNP serait disposée à faire un chèque au cessionnaire pour la céder. Les “désordres” seraient tels que chez l’un de ses grands clients, une panne aurait provoqué la perte des données  d’encaissement  correspondantes à une demi-journée de facturation. L’encaissement et tout ce qui y est rattaché -les programmes de fidélisation, les statistiques ou la connaissance client qui en résultent- sont au coeur des programmes d’engagement client et le champ de bataille est donc devenu très concurrentiel; il incite parfois à la sur promesse comme, par exemple, ce qui est arrivé à de nombreux clients de Tiller (voir notre article à ce sujet), désormais cédée à SumUp. L’entreprise communiquait de façon intensive sur la qualité de ses produits et services mais de nombreux clients se déclaraient très insatisfaits.

Une cession associée à une dot et pourquoi pas une renaissance ?

Les esprits taquins constateront qu’il est plus simple parfois, avec son banquier, de recevoir un chèque pour prendre en charge un malade que pour l’obtention d’un crédit immobilier. Une fois transféré à un tiers, le malade passe alors en zone de réanimation, ne “meurt” pas sous vos yeux ou pas… dans votre hôpital. Mais parfois, et c’est heureux, soigné par des personnes appliquées, avec les bonnes molécules, c’est la renaissance. Le CSE  dans cette histoire indique ne pas être choqué par un projet de cession mais par la méthode expéditive, et qu’il estime peu rigoureuse. A t’on pris la peine chercher ou d’identifier d’autres cessionnaires, quid d’une autre offre reçue, apparemment sérieuse et que la direction de Symag n’a même pas étudiée ? Pourquoi ce cessionnaire précisément, qui semble inquiéter ?

Un juge des Alpes Maritimes s’en est lui tenu au droit, a temporairement empêché l’opération de défaisance planifiée par BNP- PF et donne ainsi aux salariés de Symag l’opportunité de maitriser un peu leur destin. Après tout, la Redoute qui a été reprise par un duo d’entrepreneurs, s’avère désormais en pleine forme et des e-marchands savent revenir du diable vauvert, tel Showroomprivé, revenu également et récemment à la rentabilité. Les dirigeants de Symag et sa maison mère, BNP-PF vont devoir sortir du bois. Ils n’ont pas désiré commenter ce jugement à ce stade.

Par Manuel Jacquinet

NB: Photo de une fournie par Pierre-Alexandre Métral – © DR.

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