Caretocare, spécialiste de la formation d’équipes de télévente, cesse ses activités

Quand les performances sont en hausse mais le cash en baisse, la ligne droite des Hunaudières* des sociétés en croissance. 

Créée en 2020 en par un binôme de spécialistes de la vente à distance, Sylvie Cleyet et Frédéric Szakal, la société grenobloise Caretocare a été contrainte de cesser ses activités, fin février. Fondée notamment sur les apports de la sociologie compréhensive, le logiciel développé par la société et les actions associées de formation avaient convaincu en quatre ans les équipes opérationnelles de La Poste, d’Orange, de Webhelp, Tunstall, Handicall

Chez tous les clients, les performances post formation et installation de la plateforme avaient marqué une réelle augmentation. Mais parfois les bons résultats et l’envie ne suffisent pas, comme nous l’a expliqué son dirigeant. Le développement des compétences relationnelles, un sacré sujet !

Pour quelles raisons la société  a-t-elle cessé son activité ? 
FS : Conjoncturellement, à cause d'une levée de fonds avortée au dernier moment, à la suite d'un problème de santé inattendu de Sylvie, mon associée. Nous avions signé une LOI, obtenu un accord pour un prêt BPI et pour un prêt bancaire. Mais en quinze jours tout a basculé du côté obscur. Je précise à tous que, depuis, l'état de santé de Sylvie s'est amélioré. Elle va mieux.

Tous les clients acquis et mis en production ont indiqué et témoigné avoir constaté une amélioration de la performance de leurs équipes. N'y a-t'il pas une forme d'absurdité à ce qu'une entreprise qui délivre des résultats de ce type parte à la trappe ? 
Je ne sais pas s'il y a une forme d'absurdité, ce que je sais c'est que nous avions un savoir-faire et un positionnement uniques. Nous avons généré de la performance chez la plupart de nos clients. Notre ARR augmentait, mais nous étions encore trop dépendant des prestations de conseil et de formation. Le développement de logiciels et de notre plateforme était assez consommateur de cash tout comme la croissance de l'activité. On a abordé la ligne droite des Hunaudières quelques kilomètres trop vite, je suppose.  

Quels sont les enseignements majeurs que tu tires de cette expérience ?
Bien qu'ayant déjà été associé dans des sociétés, comme avec Orthodidacte, j'ai retiré de nombreux enseignements de cette expérience, très nombreux même, mais je vais citer le plus important: quand tu n'as plus de cash, tu es mort !
Au nom de toute l'équipe Caretocare je souhaite exprimer ma plus profonde gratitude aux nombreuses personnes qui nous ont accordé leur confiance tout au long de cette belle aventure. Chez Vitaris / Tunstall, par exemple, l'un des premiers clients que nous ayons eus -et qui nous avait connu grâce à En-Contact- ce sont les compétences relationnelles des chargés d'écoute que nous avions contribué à développer. La société stoppe son activité mais il reste des traces de notre travail, ça et là. J'en suis heureux. 

A quoi as-tu consacré les derniers jours ? Quelles sont tes priorités ? 
J'ai appelé personnellement tous nos clients, pour les informer et prévenir. Y compris ceux avec lesquels des projets étaient en cours. L'appel sortant, ce n'est pas mort, quelles que soient les circonstances. Prochaine étape : chercher du travail : l'entrepreneur qui dépose le bilan de sa société n'a le droit à rien. 

La rédaction d'En-Contact. 

*cette partie de la course et du circuit du Mans, dans la Sarthe, est considérée comme très éprouvante pour les voitures et les pilotes, dont les bolides peuvent atteindre les 340KM/H.