Airbnb, Brigad, Bpifrance qui finance l'ubérisation. Thierry Marx alerte
Dans une interview instructive donnée au Monde, Thierry Marx, chef étoilé du Sur Mesure et président du syndicat patronal de l'hôtellerie restauration, l'UMIH, aborde les nombreux sujets qui compromettent l'avenir des entreprises de son secteur et pointe le rôle de la BPI, de nombreux ministres, dont il estime qu'ils favorisent l'uberisation dangereuse de notre société, qu'ils la financent même et contribuent à procrastiner sur des problèmes essentiels: se loger, trouver des employés, vivre de son travail en France.
L'important, c'est que les Jeux Olympiques se déroulent tranquilles, Paris 2024 ?
Emploi: “ On assiste au développement de plates-formes numériques qui emploient des auto-entrepreneurs en leur conseillant par exemple de payer des charges sociales, mais sans les y obliger vraiment. C'est le cas chez Brigad (..) Et pourtant, ces start-up lèvent des millions auprès de Bpifrance.”
Logement, régulation d'Airbnb: “ Airbnb contribue à nous ôter des logements, à Paris, sur la côte Atlantique et ailleurs. On laisse le phénomène se développer, en le soutenant en plus par des niches fiscales (..) Nous avons été les premiers à nous en inquiéter, mais des ministres continuent d'encenser l'entreprise. On nous rétorque: mettez un peu tout cela sous l'éteignoir, il faudrait que l'on passe des JO tranquilles.”
Régularisation des travailleurs sans papiers: “Ce n'est pas à un syndicat professionnel de dicter la politique migratoire de notre pays. Mais lorsque des personnes travaillent dans nos maisons depuis des années, qu'elles sont intégrées, j'estime qu'il faut faire l'effort de regarder pourquoi on ne les régulariserait pas. Et puis si j'enlève ma casquette UMIH pour celle de simple citoyen, j'ai envie de dire, poussez la palissade d'un chantier, celle d'une cuisine, allez dans les services hospitaliers, regardez qui est sur la voirie. Un peu d'honnêteté serait bienvenue plutôt que d'être dans le fantasme.”
Formation: “Mes collaborateurs n'en peuvent plus de remplir les 42 dossiers que les organismes qui financent la formation professionnelle réclament pour chaque personne.”
“Pourquoi en France, depuis quarante ans, nous ne parvenons pas à nous émanciper avec le travail ? C'est un sujet politique.”
Des propos recueillis par Marjorie Cessac. Une interview passionnante, à lire ici.
La rédaction d'En-Contact.