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100 « patates » prêtées par le gouvernement français pour installer des centres d’appels ou de BPO* à Casablanca – était-ce indispensable, regrettable ou… inimaginable M.Ayrault ?

Publié le 18 décembre 2012 à 21:01 par Magazine En-Contact
100 « patates » prêtées par le gouvernement français pour installer des centres d’appels ou de BPO* à Casablanca – était-ce indispensable, regrettable ou… inimaginable M.Ayrault ?

Lettre ouverte à Laurent Fabius, Pierre Moscovici*,
entre autres ministres de François Hollande – par Manuel Jacquinet

PARIS, le 19 Décembre 2012

Le 12 décembre 2012, l’Etat (par le biais de son bras armé en charge du développement en Afrique, l’Agence française de développement) a officialisé l’octroi d’un prêt de 150 millions d’euros à Medz. Cette structure est notamment chargée de développer au Maroc des zones d’activité comme celles qui hébergent les centres d’appels délocalisés, très nombreux, qui ont fleuri depuis des années à Casanearshore, le parc d’activité tertiaire où ils ont vocation à s’installer en banlieue de Casablanca… En effet, le prêt porte sur 50 millions d’euros allant au financement des différents projets industriels de Medz, mais aussi sur « 100 millions d’euros, destinés au refinancement des activités Offshoring développées par la société Casanearshore, filiale à 100% de Medz », selon le communiqué officiel.

En langage plus concret, des ministres comme Laurent Fabius, Pierre Moscovici, des ministres d’un pays où les chômeurs supplémentaires se comptent chaque jour par milliers, d’un pays au déficit devenu abyssal, où la moindre PME se voit demander trois millions de papiers pour obtenir une facilité de caisse ont décidé que la priorité était… de favoriser encore plus la délocalisation des deux seules industries tertiaires qui créent le plus d’emplois depuis des années : celle de l’informatique, et celle des services clients et hotlines téléphoniques.

S’il s’était agi, au moins, d’aider les agriculteurs africains à valoriser le coton ou leurs autres matières premières pour qu’elles s’exportent mieux et génèrent de la valeur ajoutée, par exemple… J’aurais compris, applaudi même.

Mais non.

MM Fabius, Moscovici, Ayrault, au cas où vos très nombreux conseillers techniques auraient « zappé » quelques fiches techniques, quelques rappels :

– Le Maroc a réussi, grâce au talent de quelques entrepreneurs, de ses milliers de téléconseillers, informaticiens, à créer 40 000 postes de travail dans le seul secteur des centres d’appels en 10 ans quand la même filière en France n’en générait que 5 000 sur la même période, bien handicapée en cela par un coût du travail trois fois supérieur. Sur cette question, j’ai bien compris… Vous réfléchissez, avec moult commissions. J’attends d’ailleurs les retours que vos différents ministères devaient nous faire quant aux propositions faites par moi même le 4 juillet 2012 pour créer 15 000 emplois dans les centres d’appels. (voir vos réponses)

– Il y a quelques mois, un autre membre du gouvernement français, Arnaud Montebourg, proclamait à tue-tête que les centres d’appels devaient revenir en France… Quelques semaines après seulement, celui du Stif prenait le chemin du Maroc et M. Huchon n’y voyait aucun problème…

Ce prêt était-il donc nécessaire et urgent ?

Pour les néophytes que tous ces mots compliqués éloigneraient, ce prêt revient à mettre Usain Bolt non pas dans les mêmes starting blocks sur la ligne de départ du 100 mètres aux jeux olympiques… mais 30 mètres devant ses concurrents.

L’époque est aux lettres ouvertes, avec des mots qui finissent en « -able », semble-t-il.

La signature de ce prêt n’était peut être pas indispensable, je la crois même regrettable ;mais avec vous tous, depuis quelques mois on atteint… l’inimaginable.

Aussi, lorsque le hotliner de Free Mobile*, le gestionnaire de sinistres d’Axa Assistance*, ou le conseiller clientèle de Numéricable* me répondra demain au téléphone, je me paierai un petit plaisir : leur indiquer que, comme d’autres contribuables français, j’ai financé, en partie, leur PC et leur bel immeuble à Casanearshore !

*représentés au conseil d’administration de l’AFD
*quelques unes des sociétés françaises installées dans de telles zones pour leur service client ou l’infogérance.

 

MANUEL JACQUINET

Expert de la relation client depuis plus d’une dizaine d’années, conseiller de Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Emploi en 2004, Manuel Jacquinet est rédacteur en chef du magazine En-Contact.

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