Qui va sauver Tila March ?
(Who’s gonna save Tila March ?)
13 ans après sa création, la marque -presque iconique- qui a connu le succès avec Zelig, le sac cabas conçu par Tamara Taichman et a conquis des « fashionistas » du monde entier -dont Emma Watson et Jessica Alba- traverse une période délicate. En redressement judiciaire, l’entreprise qui a cru au phygital et s’était vite développée à l’export, au Japon et en Chine, est un bon exemple de la difficulté réelle à installer une marque dans l’univers bousculé de la maroquinerie et des accessoires. « L’association boutiques + sites de e-commerce ne suffit plus : il faut des experts du digital et du brand content pour créer de l’attraction et de l’envie, sans arrêt », indique le co-fondateur.
Le sac Zelig – © DR
Zelig, le cabas qui a tout lancé
Tout avait bien commencé et l’histoire est connue : Tamara Taichman, ex-rédactrice de Elle et bonne connaisseuse de la mode conçoit, pour son propre usage, un sac cabas qui suscite l’envie et deviendra Zelig. Elle n’a pas encore de marque, d’entreprise, qu’à cela ne tienne : elle et son compagnon de l’époque, Nicolas Berdugo (ils sont restés associés en affaires) ancien des grands groupes de luxe, créent Tila March, ouvrent deux boutiques, un corner au Printemps et transforment l’essai pendant plus de dix ans. Sans trop de moyens, les sacs et accessoires conçus par le binôme font la une des journaux et se retrouvent au bras et aux épaules de mannequins, des écrivains (Colombe Schneck) qui toutes lui déclarent un attachement non feint. Design, innovation, prix étudiés, Tila March est la marque qui monte, sans marque ou logo affichés pourtant sur les produits. En 2015, l’entreprise lève plus de 2,2 millions d’euros auprès de fonds (ACG Management et Extendam) et engage sa mue digitale. Trop tard ou avec la mauvaise stratégie ?
« Il y a une place pour de nouvelles marques de luxe accessible, innovantes, car la clientèle chinoise, qui est incontournable, pèse et pèsera de plus en plus lourd, indique le président Nicolas Berdugo. Mais pour toucher cette clientèle, partout dans le monde, il faut désormais une puissance de feu sur le digital réelle et des expertises que nous avons peut-être tardé à nous attacher. La croissance du e-commerce est impressionnante et tôt ou tard, même des plateformes telles que Farftech.com devront parvenir à la rentabilité, ajoute-t-il. Je crois réellement à l’association des boutiques et du web pour autant que vous ayez l’équipe au digital qui assure ». Il semble que quelques soucis d’ordre industriel et impayés chez des distributeurs aient fait tanguer le navire d’un point de vue financier. Alors qu’elle fût toujours rentable, l’entreprise est rentrée dans le rouge l’an passé et a vu son chiffre d’affaires baisser de façon significative.
En redressement judiciaire, Tila March a jusqu’au 15 novembre pour trouver un passionné repreneur, ce qu’on souhaite à la marque. Un expert du digital serait le bienvenu. Le reste, Nicolas et Tamara l’ont encore en stock, l’expérience en sus.
Par Manuel Jacquinet
Nb : son site de e-commerce est en partie assuré et maintenu par l’entreprise W-Shop Web population Group, solution cloud pour les retailers.
Photo de une : un des premiers sacs de la marque – © Emil Hernon
Voir notre article L’expérience du visiteur et professionnel parisien, pendant la Fashion Week