Teleperformance propose à 598 salariés en France de partir, 25% de son effectif environ

Le leader mondial des centres d’appels s’adapte à une conjoncture difficile et annonce  vouloir se séparer de 600 collaborateurs en France, dans le cadre d'un plan de départs volontaires. Au Portugal, il emploie 14 000 personnes, en Colombie, presque 45000. Le BPO, le Trust and Safety externalisés ne sont pas en panne partout.

"La direction de Teleperformance France a présenté vendredi dernier à ses partenaires sociaux, lors d’un comité d’entreprise, un projet de transformation et de réorganisation en France, et a proposé l’ouverture d’un plan de départs volontaires qui concernerait 598 postes. Depuis plusieurs années, Teleperformance France fait face à des défis structurels significatifs qui nécessitent aujourd’hui une nouvelle organisation afin de restaurer sa compétitivité et assurer sa pérennité dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Les investissements réalisés, et les mesures entreprises ces dernières années pour retrouver de la compétitivité en France, n’ont pas permis de retourner la situation.

Ce projet de transformation s’inscrit dans un calendrier long de plusieurs mois dans le cadre d’un plan de départs volontaires, sans aucun départ contraint. Ce projet passerait par une nouvelle organisation des sites avec 4 pôles spécialisés d’expertise : Bordeaux, Le Mans, Orléans et Villeneuve d'Ascq. Les 9 sites restants seraient rattachés aux 4 pôles spécialisés : Asnières, Belfort, Laval, Lyon, Montigny-le-Bretonneux, Montpellier, Niort, Reims et Toulouse.

La direction du groupe, en toute responsabilité et en étroite concertation avec les partenaires sociaux mettra tout en œuvre pour limiter au maximum l'impact social et cherchera toutes les solutions pour que chacun des collaborateurs puisse bénéficier d’un accompagnement adapté"

Le communiqué précédent, transmis par Image 7, l'agence de communication et de relations presse de Teleperformance, ne précise pas combien de salariés sont au payroll de TP, chaque mois. Selon la dernière étude faite par le SP2C, avec E/Y, l'entreprise créée par Daniel Julien en 1978 disposerait de 2610 positions de travail en France,  ce qui le situe à la 6ème place parmi les grands acteurs du BPO, mais à la 1ère si on consolide les postes avec Majorel, avec qui elle a fusionné. 

Concentrix disposerait en France de 3823 positions de travail, Majorel de 4968, Intelcia Group de 4693, Foundever de 3439, Armatis de 5015 positions de travail. Une position de travail ne signifie par forcément un emploi, compte-tenu du nombre de CDD ou de travailleurs intérimaires employés sur les “plateaux”, les plateformes téléphoniques. 

Portugal, Colombie, Tunisie, Barcelone, là où Teleperformance se développe. 

Fin 2003, Teleperformance salariait 6233 personnes en France, pour un effectif global mondial de 32523 salariés. Elle en compte désormais 75% de moins, a priori 1872, selon un chiffre repris dans de nombreux articles, le 19/11.  

Dans d'autres pays, Teleperformance ne connait pas la même réduction de ses effectifs:  en Europe, au Portugal, où l'entreprise assure par exemple des missions de modération de contenus ( Trust and Safety), le groupe emploie plus de 14 000 personnes et continue de recruter. Spotify, Google Ads, Expedia, Canon y font assurer à Porto et Lisbonne, chez Teleperformance, des missions de service client, modération ou commerciales. Netflix y a été un des premiers clients de l'acteur du BPO sur place. 

En Colombie, où notre rédaction est partie en reportage en 2023, Teleperformance emploie plus de 42 000 personnes et est le 1er employeur privé du pays, tout comme en Tunisie. Dans ses grandes années, Teleperformance a salarié jusqu'à 9000 personnes en France, avec un siège social situé rue Firmin-Gillot.

Karine Jan, la DG France, a indiqué pour justifier ce plan que certains des sites des 13 l'entreprise n'étaient remplis qu'à 15% de leur capacité, et que les prix de vente pratiqués par l'entreprise et trop élevés étaient à l'origine de plus de 50% des contrats de prestation perdus, depuis 2022. Mais, selon nos informations, les fusions qui ont concerné les grands acteurs du BPO depuis presque deux ans ( Majorel et Teleperformance, Concentrix, qui a racheté Webhelp, le départ de quelques figures historiques chez Konecta, ex-B2S etc ) auraient également créé des lourdeurs, un manque de réactivité ou d'autonomie chez certains d'entre eux. La proximité avec les clients, en période complexe, se révèle essentielle.

Revoir les accords sociaux. 

Le Monde rapporte les autres éléments suivants : en plus du plan de départs, la direction souhaite renégocier les accords collectifs en vigueur chez Teleperformance France notamment, comme l’explique le directeur des ressources humaines, Jean-François Mariotte, dans un SMS envoyé aux salariés mardi, afin que « les futurs salariés recrutés le soient à une rémunération conforme au marché ». C’est « une remise en cause du contrat social chez Teleperformance », s’inquiète Franck Herrmann, secrétaire national de la fédération communication conseil culture de la CFDT, qui rappelle que Teleperformance France est l’une des rares sociétés du secteur à verser un treizième mois à ses salariés.

NB: Jean-François Mariotte, DRH de Teleperformance France, nous précise ce jour (21/11) que les salariés n'ont pas été informés de ceci par SMS mais par mail et que l'effectif salarié de TP France est de 1872 salariés. 

Ce qui va advenir des collaborateurs sur le départ. J'ai tant appris dans les call-centers et rue Firmin-Gillot. 

Bien sûr, de telles annonces inquiètent légitimement, d'autant qu'elle s'ajoutent à un contexte de plans de réduction d'effectifs dans d'autres secteurs et entreprises : Mister Menuiserie, Auchan, Michelin etc. Bien sûr, et comme l'ont souligné Le Monde et d'autres médias, Daniel Julien est l'un des patrons du CAC 40 qui serait parmi les mieux rémunérés. La coexistence des chiffres peut choquer. 

Mais ce qu'on apprend sur un plateau de télévente, en service client, dans des entreprises aussi sainement exigeantes que TP ( Teleperformance, dans le jargon ) développe tant de soft skills qu'un collaborateur qui y a fait ses classes dispose d'une véritable employabilité. Certains deviennent comédien, chanteur, connus ( Karim Leklou, Corneille etc.. ), d'autres députés ( Andy Kerbrat, Ségolène Amiot, ex-salariés chez Fidelia). Les autres pourront, s'ils ont envie de rester dans le métier, postuler chez les acteurs qui se développent. Il y en a: Satel en Auvergne, Intelcia, Raja, qui dispose de centres internalisés, Amicio (première entreprise à mission dans le secteur du BPO)  

J'ai tant appris rue Firmin-Gillot, indiquent de nombreux cadres ou télévendeurs qui ont appris leur métier sur le floor, dans une petite rue qui monte, près de la Porte de Versailles. Découvrez le parcours de Fodoa, de Sébastien..

Le livre en question est constitué d'une vingtaine de témoignages d'ex-collaborateurs, passés par la rue Firmin-Gillot et qui y ont vécu une expérience qui a changé leur vie, racontent-ils. Pas forcément sans douleur mais.. mélangée à la joie. A commander ici.

Photo de une: des collaborateurs de Teleperformance, à Blagnac, en 2020. Crédit En-Contact.