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Télémarketing. Stéphane Koubi, PDG de Futur Digital, prend la poudre d'escampette au Maroc. Dakar s'inquiète

Publié le 16 juin 2025 à 10:00 par Magazine En-Contact
Télémarketing. Stéphane Koubi, PDG de Futur Digital, prend la poudre d'escampette au Maroc. Dakar s'inquiète

Télemarketing, call-center. Stéphane Koubi prend la poudre d’escampette au Maroc. Et bientôt au Sénégal ?

Stéphane Koubi, le fondateur et dirigeant de Futur Digital, une agence digitale française qui vend des sites web, du référencement et des leads a semble-t-il fermé de façon habile son partenaire de longue date, à Casablanca, Paul&José. Lui et Elvis Xavier, directeur de l'entité offshore sont aux abonnés absents. 

Ils laissent sur le carreau des dizaines de salariés dont les indemnités n'ont pas été réglées. La petite centaine de l’antenne de Dakar craignent le même sort. 

Un call-center marocain, vide de ses salariés et commerciaux sédentaires. 

Après avoir tenté d’alerter les autorités marocaines, notamment via Facebook et les réseaux sociaux où ils ont publié des vidéos dénonçant cette fermeture “sauvage”, les commerciaux sédentaires qui avaient l’habitude de rejoindre leur locaux Boulevard d d’Anfa, l’avenue historique des call-centers à Casablanca, ont trouvé porte close, le 12 mai.

A la façon de ceux des chips Flodor ( dans la Somme), les dirigeants avaient déménagé PC et matériels, non sans avoir cédé la société Paul&José à un tiers qui ne semble être qu’un dirigeant fantoche : Régis Etari. De cette façon, Stéphane Koubi se serait exonéré des indemnités de licenciement légales. 

Le Monde vient de publier ce week-end un récit complet des mésaventures, dont nous reprenons ici quelques extraits.  

Au Maroc, la « fermeture sauvage » d’une entreprise détenue par un Français plonge des dizaines de salariés dans la précarité

La société de télémarketing Paul & José a vidé ses locaux de Casablanca sans préavis, en mai, après avoir été discrètement cédée. Des salariés, soutenus par l’Union marocaine du travail, suspectent une « fraude sociale ». 

Impossible d’entrer. Lundi 12 mai, les salariés de l’entreprise de télémarketing Paul & José sont tombés des nues en arrivant devant la porte condamnée de leurs bureaux, dans un immeuble du très fréquenté boulevard d’Anfa, au centre-ville de Casablanca. Leur surprise a été d’autant plus grande que la direction venait d’accorder aux employés le pont du 8 mai. Dans une note de service, elle les encourageait même à « profiter de ce long week-end de repos ».

Embauchée en 2015, Siham Lamrani, 44 ans, doit à présent compter sur le seul salaire de son mari pour payer la scolarité de ses trois enfants. Quant à Imane El Imani, 35 ans, enceinte de huit mois à la fermeture de Paul & José, elle a récemment accouché sans bénéficier d’un congé maternité, malgré dix ans d’ancienneté.

Lors du New Biz Forum, semaine passée, un aéropage  d'entrepreneurs et de spécialistes a  détaillé les nouveaux outils et techniques efficaces pour l'acquisition de clients, légale et profitable. Acheel, hipto, Manifone, Floween, Volubile.ai etc

Ce qui va décimer la profession des call-centers outbound en Afrique 
Les call-centers dédiés à de la téléprospection ne sont pas en pleine forme au Maghreb et en Afrique sub-saharienne, car la joignabilité, en très forte baisse, des prospects et la prochaine interdiction d’appels de démarchage sans opt-in ont décimé la filière. Installé au Bénin, au Cameroun et professionnel de ce métier depuis plus de trente ans, Charles-Emmanuel Berc, le PDG de Vipp Interstis, annonce carrément la mort du télémarketing en appels sortants. Il a entamé depuis deux ans un programme de transformation radicale de son entreprise vers du BPO à valeur ajoutée et des services IT et choisi, pour d'autres raisons, de fermer ses entités camerounaises. Lire ici.  

Paul&José, la fermeture illégale d'un call-center. 
Mais on ne peut pas, même au Maroc, fermer une entreprise sans contreparties : la législation marocaine oblige toute entreprise voulant cesser ses activités à respecter une procédure à la fois longue et stricte. 

Avec l’aide de l’Union Marocaine du Travail (UMT),  un syndicat de référence dans le pays, d’anciens salariés ont ainsi  découvert que Paul & José avait récemment changé de propriétaire, en mars, deux mois avant que celle-ci ne ferme. Stéphane Koubi, 54 ans, l'entrepreneur français qui a fondé la société en 2010, a cédé les parts sociales pour 78 000 dirhams (environ 7 300 euros) à un compatriote, Régis Etari, 33 ans, peu spécialiste de la filière call-center. Cette cession lui aurait donc permis de s'exonérer de ses dettes sociales, car Paul&José était bien avant cette cession  une filiale de sa holding de tête, From Scratch, basée à Neuilly-sur-Seine. 

24 d’entre eux ont porté plainte contre les deux hommes pour escroquerie, association de malfaiteurs et licenciements abusifs.

Le compte Facebook de Paul&José. 

La situation de Paul & José à Casablanca inquiète désormais jusqu’à Dakar, au Sénégal, où Stéphane Kouby emploie une centaine de salariés dans une société de télémarketing du même nom. Les craintes que l’activité ne cesse soudainement là-bas sont telles que le député Guy Marius Sagna a alerté par écrit le ministre de l’emploi, le 13 mai, en l’exhortant « à prendre toutes les mesures utiles pour que cela ne se produise pas au Sénégal ».

Les salariés de Paul&José espèrent désormais médiatiser suffisamment leurs mésaventures pour contraindre l'état marocain, puis le gouvernement sénégalais, à s'intéresser à l'affaire. Le peuvent-ils et avec quelle efficacité ?

 L'offshoring des services BPO, IT est en effet un secteur très contributeur d'emplois et de recettes pour le Maroc et l'Afrique sub-saharienne. Au GITEC récemment, le grand raout high tech, la filière BPO et Offshoring s'est largement déplacée et avais pris des stands. 

Mais à Dakar, la vie mouvementée de PCCI depuis sa création a laissé de mauvais souvenirs à certains. 

Les dirigeants indélicats des call-centers n'ont pas tous le même passeport

La fermeture à l'arrache de call-centers et de sociétés de télémaketing n'est pourtant pas une spécialité marocaine : en France, l'affaire Call Expert (voir le  visuel du CD Rom corporate de Call-Expert) avait plongé des centaines de salariés dans les mêmes difficultés, à Abbeville et à Alès. Bertrand Delamarre a fini condamné à porter un bracelet électronique.  

Mohamed Gueday procéda de même dans le Sud-Ouest, leur maitre à tous demeurant Sadri Fegaier, le PDG fondateur de la SFAM et d'Indexia. A Roanne et ailleurs en France, on s'en souvient encore. 

Un peu d'espoir et des embauches. 
Dans sa grande majorité, la filière maghrébine des call-centers n'est pas coutumière de telles pratiques, car elle a compris depuis longtemps l'importance de fidéliser les collaborateurs, dont les télévendeurs ou commerciaux sédentaires une denrée rare lorsqu'ils ont été formés. Une grande partie de ces spécialistes du BPO adhèrent à la Fédération Marocaine de l'outsourcing, la FMES dirigée par Youssef Chraibi, fondateur d'Outsourcia.   

On conseillera donc aux ex-salariés de Paul&José que la mésaventure n'a pas dissuadés de travailler en centres d'appels de prendre contact avec Acheel, ADM Value, Concentrix, Outsourcia.. professionnels sérieux de la filière et qui ont aidé à sa structuration. 

NB : joint par nos soins, Stéphane Koubi n'a pas répondu à nos sollicitations. Le PDG ne répond “qu'aux messages adressés via WhatsApp”. 

La rédaction d'En-Contact. 

 Pour lire l'article du Monde, rédigé par Alexandre Aublanc, c'est ici. 

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