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Stéphane Le Viet, co-fondateur évincé de l’histoire officielle de Legalstart ? Le palimpseste.

Publié le 19 novembre 2024 à 11:00 par Magazine En-Contact
Stéphane Le Viet, co-fondateur évincé de l’histoire officielle de Legalstart ? Le palimpseste.

Le palimpseste* de Timothée Rambaud et Pierre Aïdan, chez Legalstart. 

Dix ans après sa création, Timothée Rambaud et Pierre Aïdan, deux des trois co-fondateurs de la legaltech Legalstart, demandent à des médias de faire disparaitre les photos où ils apparaissent avec Stéphane Le Viet, l’un des 3 co-fondateurs, dont l’apport a pourtant été essentiel lors de la création de l’entreprise. 

Pierre Aidan, Stephane Le Viet et Thimothée Rambaud de Legalstart © Edouard Jacquinet

Lorsqu’ils se rencontrent en 2012, des 3 fondateurs, Stéphane Le Viet est le seul a avoir déjà créé, avec succès, une, des start-up. Le polytechnicien a en effet à son actif différentes sociétés, (dont Multiposting) qu’il a parfois revendues. Il apportera à l’entreprise cette expérience et son expertise technique. Ses deux associés ont des profils et des formations d'avocat et d'ingénieur, se connaissent déjà et se sont rencontrés à New-York où les deux travaillent, raconte l'histoire officielle. 

Pourtant, depuis plus d’un an, au service marketing de l’entreprise, qui a bien grossi, qui semble bien se porter financièrement et a même initié un LBO avec ISAI, une salariée contacte méthodiquement les médias qui ont publié des photos datant des premières années de l’entreprise. Elle exerce un poste de content manager. Notre magazine en fait apparemment partie, qui avait consacré un article à Legalstart, dans ses premières années. 

Vers En-Contact, la première démarche date de 2023, via un mail. Une relance interviendra en 2024. Quand on demande à la personne en question pour quelles raisons il faudrait supprimer la photo des trois co-fondateurs pour la remplacer par une autre avec deux d'entre eux seulement,  la réponse est confuse: “c’est juste une question d’image et de nombreux autres partenaires ont dit d’accord”. 

Joint par nos soins, Timothée Rambaud fait mine de ne pas trop savoir pourquoi cette demande a été initiée par son équipe  : “Je ne suis pas au courant, ce doit être au service marketing”. Pierre Aïdan, également sollicité, ne nous répondra pas. 

Joint par nos soins, Stéphane Le Viet confirme qu’il a bien participé activement à la création de Legalstart, qu’il en est toujours associé, même s’il n’y exerce plus de fonction opérationnelle. Il est désormais bien occupé chez M Education, son nouveau projet d'entrepreneur, un réseau d'écoles maternelles bilingues.

Du coté d'ISAI, sollicité difficilement par nos soins ( l'entreprise ne mentionne aucun numéro de téléphone sur son site),  on veut savoir “quel journal on représente, qui on est, etc”. Finalement, Christophe Poupinel, managing director d'ISAI, nous confirme que Stéphane Le Viet est bien toujours associé dans Legalstart, mais qu'il n'y exerce plus de fonctions opérationnelles.  

Maddyness, Eduardo Saverin, Thierry Roland. 

Les start-up nous avaient habitués à ré-écrire un peu l’histoire. Elles alimentent, depuis des années en contenus séduisants de nombreux médias, peu enclins à vérifier, questionner, privés de contenus et d'informations sinon pour leur newsletter ou podcasts. Maddyness, parmi d'autres, évoque bien par exemple la paire Pierre Aïdan et Timothée Rambaud dans de nombreuses publications consacrées à Yolaw, en omettant systématiquement Stéphane Le Viet, dans le texte et les images.  

Carole Barkatz, nouvelle directrice générale de Maddyness. Crédit : Edouard Jacquinet. 

Mais il arrive aussi à des journaux sérieux, tel Le Monde, de raconter de grosses sornettes, sans les corriger. Dans le domaine du CRM, des call-centers, de l'IA, c'est même un festival. En vingt-trois ans d'existence, j'ai eu l'occasion de le constater. Il existe comme ça des types d'entreprises, de secteurs d'activité où l'on peut tout raconter, réécrire, sans que personne ne s'offusque vraiment. Et des hommes politiques habiles en la matière. On parle désormais de vérités alternatives. 

Mais on s’étonne un peu, chez un juriste en ligne, devenu une jolie PME, qui devrait être attachée à la rigueur, de ce vif désir de réécrire un chapitre imagé de son histoire. On sourit en découvrant que Yolaw, la société qui porte Legalstart, propose désormais Zen, une application développée par l'entreprise, qui vise à “éviter les erreurs coûteuses et chronophages tout en protégeant les entrepreneurs des arnaques courantes”. 

François Mitterand avait caché sa fille Mazarine, dont Paris Match révèlera finalement l'existence. Eduardo Saverin, co-fondateur de Facebook, a été dilué par son associé, Mark Zuckerberg. Sur les photos de mannequin désormais, les magazines doivent mentionner que la photo est retouchée. Dans la tech, pourquoi deux amis ont-ils envie de faire disparaitre, sur la photo de classe, sur le post Linkedin (où l'un d'eux célèbre les dix ans de l'entreprise) leur ex-partenaire ? Pour briller un peu plus dans la lumière ? Parce que l'un deux a piqué dans la caisse et qu'un jour, ça pourrait se savoir ? Après cette longue enquête qui m'a rappelé le Cluedo de mon enfance, j'ai pensé à Thierry Roland, qui était journaliste, certes coutumier de quelques embardées langagières, mais également très cash : ces deux là, ne partiront pas en vacances ensemble. C'est la seule chose dont je suis à peu près certain désormais, concernant Legalstart et ses associés, comme du talent et de la rigueur de Chloé Antonucci**, avec laquelle nous avons eu l'occasion de collaborer, chez Yolaw, en vrai.    

*Palimpseste: parchemin dont on a effacé la première écriture pour pouvoir écrire un nouveau texte.

**Elle a rejoint désormais Pennylane.  

Crédit photos: Edouard Jacquinet. 

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