Sourds interdits de bord par Air Méditerranée : le Défenseur des droits et la DGAC saisis
Un voyageur malentendant peut-il être considéré comme une « personne à mobilité réduite », nécessitant de ce fait un encadrement particulier dans un vol commercial, quitte à être déclaré intransportable si cet accompagnement n’est pas mis en place ? C’est ce qu’a estimé la compagnie Air Méditerranée, qui a refusé l’embarquement de 22 Marseillais membres de l’Association des Sourds de Marseille, dans un vol à destination de la Turquie, juste après l’enregistrement de leurs bagages.
Après plus d’une heure de discussion houleuses dans l’aéroport de Marseille-Marignane, la compagnie a proposé de les transférer à Lyon, où un autre avion avec le personnel ad hoc devait les prendre en charge. Proposition qu’ils ont refusée, ayant « l’impression qu’on les prenait pour des débiles mentaux » selon une proche d’un des voyageurs. Quand la compagnie avance que le handicap de ces voyageurs les empêcherait de comprendre ou suivre les consignes de sécurité, la Ministre des solidarités Roselyne Bachelot se demande si ce type d’arguments devrait conduire à « réserver l’accès à bord aux seules personnes qui parlent l’anglais ou le français ».
Son collègue Thierry Mariani, Ministre des Transports, a lui demandé à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), d’ouvrir une enquête.
Le Défenseur des droits, successeur de la Halde, qui s’est saisi de l’affaire, appréciera si la compagnie et son affréteur Hermès ont commis une discrimination caractérisée.