Recherche bagages (et employés) désespérément : dans l’enfer des aéroports
Été 2022, la vie a repris son cours presque normal, même si au salon de la gastronomie à Hong-Kong, les visiteurs n’ont le droit de déguster qu’avec les yeux, le visage protégé par un masque et que les gouvernements européens se demandent comment ils vont passer l’hiver pour cause de guerre. Les vacanciers piaffent de partir après deux ans de frustration et de vexations. Pour certains, c’est l’occasion de revoir son pays d’origine et la famille restée sur place, pour les Américains, profitant d’un dollar plus fort que jamais, le moment de faire chauffer la carte. Mais les difficultés de recrutement dans les aéroports font tourner bien des vacances au vinaigre.
Paranormal activity
Grève, bagages égarés, vols annulés, pour beaucoup de vacanciers à travers le monde, les vacances estivales ont commencé de manière cauchemardesque. La Grande Démission frappe particulièrement durement un secteur qui avait considérablement réduit ses effectifs pendant la pandémie et qui tablait sur l’été pour se refaire une santé. Avec un excès de confiance puisque beaucoup de compagnies aériennes ont été obligées de réduire leurs capacités. La situation était presque courue d’avance : en mai ADP recherchait désespérément 4 000 employés. La directrice générale d’Air France, Anne Rigail, pendant ce temps, s’est excusée, les employés de Transavia font grève provoquant une annulation d’un tiers des vols, et le manque d’agents aux frontières donne lieu à un allongement considérable des files. Du côté des pilotes, ce n’est pas tant qu’ils se font rares, mais former les nouveaux arrivants prend du temps et l’afflux important de jeunes pilotes allonge encore ces délais, classique cercle vicieux. Une grande question demeure, où est passé tout ce personnel, qui n’a pas été remplacé ? Dans un article du Wall Street Journal, traduit par L’Opinion, Tim Clark, président d’Emirates Airlines, s’interroge : « Tout le monde se demande où [les salariés] ont bien pu passer… Des centaines de millions de personnes ont disparu du marché du travail. » A croire qu’ils se sont volatilisés. La plupart des employés qui quittent leurs emplois ne font pourtant qu’en changer, sans rester oisifs.
Bagage où t'es ? Selon Sita, on dénombre cinq fois plus de bagages égarés qu'en 2021
Pour ce qui est des bagages, ce sont 35 000 bagages qui auraient été égarés à Roissy depuis juillet, phénomène d’une ampleur sans précédent à cause, aussi, des mouvements sociaux qui ont paralysé l’aéroport. D’après le Wall Street Journal, Sita, l’entreprise suisse qui édite le logiciel de suivi des bagages utilisé par les compagnies aériennes dans le monde entier, dénombre cinq fois plus de bagages égarés que l’an dernier. L’on ne s’étonnera pas que de plus en plus de gens aient recours à des traceurs, comme le AirTag d’Apple, pour avoir un mince espoir de retrouver leur bagage, quand ils ne se sont pas contentés de les emballer avec du papier adhésif pour éviter qu’on y chipe quelque chose. Pour les malchanceux, les standards de relation client sont embouteillés, et obtenir des renseignements et des remboursements vient ajouter des embûches à ce qui a tout d’un parcours du combattant. De nombreux client se plaignent de la manière dont les compagnies gèrent la relation client : « les numéros Air France ne fonctionnent pas, et quand on a finalement quelqu’un, l’appel coupe » témoigne Richard Nowak. Steve Bachmann se plaint d’une pareille mésaventure à la suite d’un vol Atlanta-Genève.
Photo de une : Cohue à l'aéroport d'Orly (2022) - crédit © En-Contact (José Langlois)