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Premières plaintes pénales contre la SFAM, Indexia et son dirigeant Sadri Fegaier

Publié le 16 mars 2022 à 09:55 par Magazine En-Contact
Premières plaintes pénales contre la SFAM, Indexia et son dirigeant Sadri Fegaier

« Je ne veux pas être seulement remboursée par Indexia (SFAM), je veux que Sadri Fegaier et ses collaborateurs corrompus soient condamnés », précise Terezia Eszes; tout comme elle, plusieurs ex-clients des sociétés du groupe dirigé par Sadri Fegaier ( la SFAM, Foriou, Hubside Store, Cyrana, Indexia) ont déposé récemment des plaintes, parfois de nature pénale, pour escroquerie en bande organisée. Lassés de voir leurs comptes bancaires siphonnés par des prélèvements qui se multiplient, lassés de constater que leurs résiliations de contrats ne sont pas prises en compte au siège du groupe et dans les plateformes téléphoniques, ils passent désormais à une autre bataille judiciaire : les plaintes pénales.

Petit rappel des épisodes précédents : la SFAM, fondée et dirigée par un entrepreneur brillant et créatif, se hisse au plus haut niveau du capitalisme en France, en quelques années, grâce à la mise en place d’un empire financier fondé sur des assurances affinitaires. Les centaines de milliers de clients de la SFAM se voient assurés pour un téléphone mobile, une tablette, qu’ils ont achetés dans une boutique de téléphonie mobile ( SFR etc), à la FNAC, chez C Discount, sans se souvenir d’avoir donné ou signé un accord explicite. Grâce à une bonne connaissance des subtilités de la mise en place des prélèvements SEPA, Sadri Fegaier se voit autorisé à prélever chaque mois des sommes qui augmentent sur les comptes bancaires de ces consommateurs, alors même que ceux-ci n’ont pas réellement signé de contrat.

Les manœuvres trompeuses sont dénoncées et une transaction pénale clôt le chapitre 1 de cette histoire en Juin 2019, après une amende de 10 Millions d’euros.

Tableau paru dans le supplément week-end du magazine “Les Echos” en février 2022

« Mais les manœuvres vont perdurer et la SFAM va passer à la vitesse supérieure » indiquent les clients qui nous ont contacté. « Pour endormir son monde, l’entreprise a changé de nom et s’est rebaptisée Indexia, a déployé tout un réseau de magasins sous l’enseigne Hubside Store. Pour nous, rien n’a changé, malgré mes appels aux centres d’appels à Romans et ailleurs, malgré mes courriers recommandés pour faire cesser des contrats que l’entreprise a mis en place ensuite sans me prévenir et en utilisant ma signature, des sommes conséquentes sont prélevées chaque mois sur mon compte, jusqu’à 400 euros. Les téléconseillers joints nous endorment en indiquant que l’annulation des contrats a été enregistrée mais ils sont assez subtils pour ne pas l’écrire. Et ils poursuivent donc le siphonnage de mon compte, alors que je suis retraitée. J’ai dû demander un prêt à la consommation pour faire face, complète E.T, qui a avait acquis un Iphone 7 dans une boutique SFR, un achat qui a signé le début de sa relation commerciale avec la SFAM

Dans une récente décision judiciaire, rendue par la Cour d’Appel de Paris le 15 septembre 2021, on découvre qu’après la transaction de Juin 2019, la seule DDPP (Direction de la protection de la population de la Drôme ) a reçu plus de 729 réclamations pour des prélèvements abusifs. On découvre qu’une procédure interne, dénommée Bappli, détaille comment traiter de façon différenciée les demandes de remboursement et ne répondre positivement qu’à certaines d’entre elles, comme celles qui proviennent d’ex clients acquis à la FNAC. On découvre que le jeune milliardaire sait user de tout l’arsenal juridique pour tenter d’annuler les saisies de documents qui ont eu lieu au siège de Romans, dans les différentes sociétés. Une galaxie de sociétés qui s’avère bien utile : en effet, parfois, avec beaucoup d’opiniâtreté, un client parvient à faire annuler le 1er contrat qui a justifié des années de prélèvement mais il découvre ensuite que sa signature s’est trouvée reproduite au pied d’un autre contrat, conclu celui-ci avec Cyrana ou Hubside ou l’une des autres entités du groupe basé à Romans et qui s’est depuis installé dans de prestigieux bureaux avenue Kleber, à Paris

« Ils ont mis le turbo après la condamnation » indique un citoyen suisse qui met la dernière main à la constitution de sa plainte pénale à Nimes. Propriétaire d’une résidence secondaire sur place, ce dernier a également découvert les mêmes pratiques. « Je dépose plainte pour que le dirigeant de l’entreprise soit condamné mais également la bande organisée de salariés ou cadres corrompus qui aident à maintenir ce système, qu’ils connaissent pertinemment et dont ils tirent profit car la seule façon que ceci soit arrêté, c’est d’impliquer les complices"

Un jour, plus aucun cadre ne voudra aller travailler chez Indexia. 

« Tout ce que la justice, les UFC Que Choisir, les  avocates qui s’occupent de monter des actions collectives ont réalisé par le passé sera dépassé. Sadri Fegaier sera démasqué et ceux qui ont aidé à ce que système perdure si longtemps. Car ce n’est pas possible autrement » complètent Terezia Eszes et un autre client qui ont fait de leur bataille contre le petit prince de l’assurance affinitaire le combat actuel de leur vie. Tous sont étonnés que la transaction pénale intervenue en 2019 n'ait pas fait cesser ces pratiques.

Car aucun de ces plaignants ou ex-salariés n’en doute: le drômois, qui s’est installé dans le capitalisme français, via sa prise de participation au capital de la FNAC, qui multiplie les ouvertures dans les autres pays d’Europe et y déploie apparemment les mêmes méthodes, est redoutablement intelligent et subtil. « Grâce à ses compétitions de Jumping, ses classements dans les palmarès E/Y des entreprises en croissance, il s’est attaché le silence de quantité de partenaires » précise la retraitée, domiciliée en Auvergne. L'entreprise est également devenue sponsor maillot du PSG.

Djamel H, qui a été récemment salarié du groupe enfonce le clou sur la continuité de pratiques commerciales trompeuses:  

« Quand vous êtes recrutés chez Indexia maintenant, comme ce fut mon cas en fin 2021, on vous enseigne qu’il faut vendre correctement, qu’il est impératif de disposer d’un contrat écrit avec un client et l’on prend soin, durant cette formation, de filmer les sessions de formation, histoire de démontrer que des pratiques vertueuses sont enseignées. Mais ensuite, vous arrivez sur le terrain, en boutique et là, votre superviseur de ventes vous dit : tu oublies tout ce que tu as vu en formation car maintenant, on est dans le vrai: seuls les résultats comptent. Et des commerciaux itinérants multi-enseignes, qui ne sont pas rattachés à un magasin, arrivent parfois pour te montrer et démontrer que placer 5 prélèvements à un client, quitte à mentir comme un arracheur de dents, c’est possible ! Que faire débuter des prélèvements avant la date qui a été annoncée, c’est également possible. Je suis écoeuré et je vais faire savoir que ces agissements perdurent, grâce également au silence de nombreux collaborateurs »

Dans sa seule plainte déposée le 11 Mars 2022, Terezia Eszes a chiffré son préjudice, qui correspond aux prélèvements indus selon elle : 7560,13 euros au terme de 5 ans de prélèvements. 

Le groupe dont nous avons rencontré en Mai 2021 le nouveau directeur général, Jean-Pierre Galera et le conseiller personnel en communication de Sadri Fegaier, Philippe Moreau Chevrolet, reste lui sur sa ligne de défense : tout ceci n’existe pas, ce sont des pratiques du passé. En Belgique, et dans des boutiques franchisées Fnac, on ne semble pas avoir reçu la note de service. Les mêmes pratiques ont été récemment dénoncées par des médias locaux dans ces pays ou territoires.

 

Manuel Jacquinet et la rédaction d’En-Contact.

Photo de Une: © crédit rédaction Malpaso RCM

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