Le magazine indépendant et international du BPO, du CRM et de l'expérience client.

Mohamed, apprenti télévendeur, refuse de s’appeler Alexandre : ça chauffe chez Maximo

Publié le 13 octobre 2010 à 10:31 par Magazine En-Contact
Mohamed, apprenti télévendeur, refuse de s’appeler Alexandre : ça chauffe chez Maximo

La plupart des centres d’appels nient de telles pratiques ; un lycéen les dénonce – devant les tribunaux. Mohamed, 19 ans, a en effet porté plaine pour discrimination à l’encontre de l’entreprise, où il effectuait son stage de télévendeur, qui lui aurait ordonné de se présenter au téléphone auprès des clients avec le prénom d’« Alexandre », jugé « plus vendeur ». L’entreprise ardennaise Maximo, spécialisée dans la vente et la livraison de produits alimentaires, nie les faits. Elle prétend que « le prénom d’Alexandre a été utilisé uniquement à titre d’exemple par la personne chargée de la formation du jeune homme » mais que, en même temps, l’usage d’un pseudonyme chez les télévendeurs est une démarche « courante », « destinée à préserver leur identité ».

Le jeune raconte lui son histoire ainsi : « Je suis français, né en France, et je veux vivre avec mon vrai prénom comme tout le monde. J’avais préparé mon argumentaire ainsi (“Service clientèle, bonjour. Mohamed à l’appareil.”) quand le directeur adjoint est venu vers moi pour me dire : “Mohamed, ce n’est pas courant. Tu vas t’appeler Alexandre, ça passe mieux.” ». Mohamed est allé directement se plaindre d’une telle demande, qu’il jugeait humiliante, auprès du directeur local de l’entreprise. Qui l’a renvoyé.

Son avocat est sûr de son fait et dénonce un « délit pénal » sur les ondes des radios nationales qui se sont rapidement emparées de l’affaire. « Le fait de demander à quelqu’un de changer ou de franciser son prénom parce qu’il a une consonance étrangère, c’est une discrimination fondée sur les origines et sur le patronyme. C’est passible du tribunal correctionnel pour le représentant de l’entreprise qui s’est rendu coupable de cet agissement  ». Il existerait même un précédent : la cour de Cassation a en effet jugé que « demander à un salarié de changer de prénom » s’apparentait à une forme de discrimination. Il s’agissait déjà d’un Mohamed, qu’on voulait renommer Laurent. Il avait obtenu 2 500 euros de dommages et intérêts.
Peu nombreux sont les téléconseillers qui espèrent se faire un nom dans le métier : beaucoup souhaitent déjà se faire un prénom, le leur.

A lire aussi

Profitez d'un accès illimité au magazine En-contact pour moins de 3 € par semaine.
Abonnez-vous maintenant
×