Fraudes bancaires. N26, le très mauvais élève
Malgré les remontrances et les sanctions de la BAFIN, l'ancienneté des fraudes (qui ont débuté en 2018), le forum Facebook qui regroupe les témoignages des clients arnaqués ou lésés, la néo-banque N26 continue de différer les actions nécessaires pour endiguer les fraudes ou améliorer son KYC. Nathalie Bottini vient de rejoindre un groupe dans lequel elle n’avait pas du tout envie d’entrer, celui des clients qui ont perdu toutes leurs économies.
Au Portugal, Nathalie Bottini, cliente de N26 depuis un an, s’est fait siphonner son compte de plus de 11200 euros, dans la nuit, sans que sa banque ne l’alerte.

Depuis, telle Sisyphe montant sa pierre, elle adresse aux services de N26 des mails sans réponse, et sans parvenir à joindre qui que ce soit. N26, comme bien d'autres grandes entreprises, ne semble pas croire à l'utilité d'une équipe dédiée à la résolution des fraudes et joignable par téléphone. “ Des chatbots répondent, souvent à côté et sans comprendre apparemment notre demande. J'ai immédiatement déconnecté ma carte mais le mal était fait”
Son compagnon, dans la même situation, et client de la Caisse d’Epargne, s’est vu épargner la même mésaventure. (Lire plus bas)
N26 se contente d'afficher, sur son site web, un article dédié à la prévention des fraudes par ingénierie sociale.
La cliente raconte ici, en exclusivité pour En-Contact, comment la fraude a été diligentée : après un achat fait sur Amazon, Nathalie reçoit un SMS du livreur, de celui qu'elle prend pour le livreur, qui lui indique qu’elle doit s’acquitter de quelques euros supplémentaires pour pouvoir récupérer son colis. Le lien contenu dans le SMS la dirige, en ligne, vers le site de la Poste portugaise, a priori un site vitrine, sur lequel on lui demande de communiquer son numéro de CB.
Elle tente alors de régler avec la CB de son conjoint, qui ne passe pas (parce que les contrôles antifraudes sont fonctionnels). Puis elle utilise la sienne, attachée à son compte N26, qui fonctionne, après que la cinématique de paiement ait pris du temps. Elle constate que l'opération est lente, sans se méfier. Le règlement des frais supplémentaires est effectué.
Dans la nuit qui suit, son compte est débité à plusieurs reprises, pour un total de plus de 11 200 euros, sans qu'aucune alerte de l'établissement bancaire n'intervienne. Aucun blocage n'est réalisé par N26, mise en suspens des paiements, malgré les montants importants, ce qui est désormais pratiqué par toutes les banques françaises. Les escrocs vont même, plus tard, jusqu’à se faire passer pour le DG France de N26, Jérémie Rosselli, comme l’indiquent les copies d’écran que nous avons pu consulter.
Cette fraude s'ajoute aux nombreuses difficultés rencontrées et largement évoquées, dont les blocages de compte abusifs qu'opèrent N26 et parfois également Revolut, son concurrent. En synthèse, N26, la néo-banque allemande :
- bloque sans raison les comptes de milliers de clients depuis des années. La BAFIN, l'autorité de contrôle allemande, l'a déjà sanctionnée.
- est lacunaire dans ses opérations de KYC (Know Your Customer, l'identification des nouveaux clients et le contrôle de celle-ci)

- ne semble pas disposer de services et process anti fraude efficaces. Un directeur, Jöchen Klopper est attendu à ce poste, en Décembre. Il aura du pain sur la planche.
Les actionnaires ont signé la fin de la récréation : dans l'été, l'un des deux associés fondateurs a été sommé, par les actionnaires de la néo-banque, de quitter son poste opérationnel. “Le couperet est tombé. La fintech allemande N26 a annoncé ce mardi le retrait de Valentin Stalf, l'un de ses cofondateurs. Le jeune Autrichien va céder ses fonctions de directeur général et rejoindre le conseil de surveillance de N26 après une période de transition” (source : Les Echos)
L'avocate Emma Leoty débordée ?
Nathalie Bottini a depuis pris contact avec l'avocate Emma Leoty et attend le rappel de la spécialiste, car elle entend être remboursée. La jeune juriste, du fait de son implication dans les dossiers SFAM/ Indexia et N26, semble aussi “débordée” que les services anti-fraudes de N26, mais pas pour les mêmes raisons. Voilà, malheureusement, encore un dossier susceptible d'arriver chez Julien Courbet, dans son émission : ça peut vous arriver.
Certes, les escrocs sont de plus en plus habiles dans le contournement des process et dans la mise en confiance de leurs victimes. Mais parmi les banquiers, certains ont réagi pour s'adapter et protéger leur clientèle. N26 semble plus occupée à son activité favorite: l'acquisition de nouveaux clients, le sésame qui fait monter la valorisation d'une fintech, quand on vise la rentrée en Bourse ou une énième levée de fonds.
N 26 est au cœur de très nombreuses arnaques, comme on le découvre dans le livre Les Caméléons. Lire ici
Ecoutez le témoignage de Nathalie Bottini.
