Le magazine indépendant et international du BPO, du CRM et de l'expérience client.

Dans la Silicon Valley, rois et reines sont nus

Publié le 27 avril 2023 à 09:57 par Magazine En-Contact
Dans la Silicon Valley, rois et reines sont nus

Aux US, les dirigeants de start-up qui ont eu des comportements délictueux sont poursuivis en justice. En France, on « pivote » ou on laisse en rade salariés ou contributeurs et prestataires. Jusque quand ?

« C’est à marée basse qu’on peut voir qui nageait sans maillot de bain » a dit de manière fameuse Warren Buffet. Après l’ivresse, dans la Silicon Valley, l’heure est à  gueule de bois particulièrement douloureuse pour des rois récemment intronisés, ces patrons de startups à l’ascension fulgurante, et ces faiseurs de rois que sont les fonds d’investissement. Pour le New York Times, les précédents Elizabeth Holmes, récemment condamnée à onze ans de prison, en guise de tardif point final au fiasco Theranos, et Sam Bankman-Fried, roi déchu des cryptos en attente de jugement, ont sonné le glas du « faking it ».  La cascade de mises en examen, condamnations, peines de prison ayant eu lieu ces derniers mois semble indiquer que, pour les investisseurs comme pour les startuppeurs aux dents longues, la poudre aux yeux ne pourra plus se passer de solides arguments. 

Ces deux dernières semaines, Charlie Javice, fondatrice de Frank, fintech rachetée 175 millions de dollars  en 2021 par JP Morgan, était mise en examen pour avoir gonflé son nombre de clients de 90%. Quant à Rishi Shah, cofondateur et ex-CEO de Outcome Health, soutenu par Goldman Sachs et Capital, le fonds d’investissement de Google, il a été reconnu coupable de fraude et de falsification et risque avec quelques-uns de ses associés jusqu’à trente ans de prison. En février, Carlos Watson et Christopher Kirchner, qui ont respectivement fondé Ozy Media et Slync, ont été arrêtés. Chefs d’inculpation ? Fraude.

S’ajoute, dans cette actualité effervescente, le procès imminent de Manish Lachwani, cofondateur de HeadSpin. Finies l’euphorie, l’impunité, place aux pots cassés. Si la bulle des startups a entraîné son lot de scandales (Uber, WeWork),et d’explosions en vol, rares étaient ceux qui avaient dû  jusque-là répondre leurs crimes devant la justice. Quand les investissements, qui ont donné naissance à 1200 licornes, viennent à refluer – ceux-ci avaient atteints au plus haut 344 milliards de dollars selon PitchBook – il est temps de se frotter les yeux. Dans un tweet, Brian Chesky, CEO d’AirBnb, résumait la chose de la sorte : « C’est comme si on était en boîte de nuit et qu’on rallumait toutes les lumières ». 

Les sommes en jeux valent désormais largement la chandelle  pour les investisseurs qui s’estiment lésés, autrefois réticents à poursuivre en justice des entreprises à peine débutantes aux maigres actifs, tandis que le Département de la Justice a donné sa bénédiction aux procureurs afin qu’ils fassent preuve de hardiesse. Le « narcissique machiavélique », voilà le profil que les fonds d’investissements cherchent, selon le New York Times, à éviter comme la peste, en mettant en place de nouveaux protocoles d’évaluation des profils des fondateurs de startup avec les consultants ad hoc. Il faut dire que l’écosystème de la startup, les plein-pouvoirs conférés aux fondateurs, ses business models « disruptifs », un laxisme fréquent de la part des investisseurs, est propice aux dérives. Le capital-risque, de l’avis des professionnels du métier, est un domaine où la confiance est essentielle mais risque à n’en pas douter … de se négocier plus âprement.

Christophe Vattier © Edouard Jacquinet

En France, Meero, la plate-forme de mise en relation entre photographes et acteurs de l’immobilier ou de la restauration, qui avait levé 205 millions en 2019, un record pour la French Tech à l’époque et que la quasi-totalité de la presse a vite présentée comme une licorne, a dû dégraisser massivement dans ses effectifs. Un ancien salarié décrit Thomas Rebaud, co-fondateur, « comme un commercial de génie, avec quantité de charisme, et beaucoup de talent pour pitcher » tandis qu’un autre le dépeint ( Les Echos du 26 Avril) « comme un acteur, un calculateur de génie, un animal politique ». Qui s’est intéressé, prit la peine de le faire à l’époque, aux conditions commerciales de Meero, illégales puisqu’elles demandaient aux photographes d’abandonner leurs droits de propriété sur les images faites et produites pour le compte de la plate-forme. (cf notre article à ce sujet)

Que deviennent les ex-collaborateurs, les prestataires des start-up qui abandonnent le champ de bataille, quand il arrive qu’elles ne transforment pas l’essai. Un bon sujet de thèse, maintenant qu’on dispose d’un échantillon statistique suffisamment étoffé, aux US, ou en France où le Next 40 et quelques-uns de ses membres ont parfois décu.

On a demandé par exemple à Christophe Vattier ce qu’il a appris de sa précédent expérience de start-upper, chez Bubbles qu’il a co-fondée. Il officie désormais chez Royaltiz,  qu’il a fondée et qui vient d’accueillir Cyril Hanouna dans son capital. Royaltiz est l’une des start-up qui permettent d’investir dans des personnalités et des talents.

 

A lire aussi

Profitez d'un accès illimité au magazine En-contact pour moins de 3 € par semaine.
Abonnez-vous maintenant
×