Alan, Silae et VMware augmentent massivement leurs tarifs. Mais Silae n’a pas vraiment de concurrent
Sept choses à savoir si vous êtes client d’Alan, de VMware, de Silae, de Malibou, employeur, expert-comptable et que vous avez la gueule de bois, en raison des augmentations de tarifs proposées, "imposées ” par ces différents partenaires : de +22% à +280%. La première est que ni Silae ni Silver Lake Partners ne sont des entreprises à mission pas plus que des SCOP. La seconde est que le RCS va tuer le SMS, qu'il est urgent de consulter pour vous dénicher un partenaire pour faire du Business Messaging. Link Mobility, Opportunity, Sinch.. ? C'est quoi le RCS, à quoi ça sert, combien ça coute d'en envoyer ?
Les experts-comptables et éditeurs de logiciels qui intègrent la gestion de la paye sont groggy.
Silae, propriété depuis quatre ans du fonds Silver Lake Partners, aurait signifié à ces derniers une augmentation du prix de son service de presque 300%, lissée sur deux ans. Chaque bulletin de paye émis par un spécialiste ou expert-comptable pourrait se trouver renchéri de 3 euros, environ. Dénoncée par les experts comptables et intégrateurs, cette augmentation de prix correspond à une nouvelle offre, rétorque Silae, par la voix de Laure Martin-Tervonen, sa directrice de la communication et des affaires publiques. Une ligne d'écoute à été mise en place, le dialogue semble engagé pour rétablir une collaboration commerciale. Yona Brawerman, la nouvelle directrice du marketing arrivée au printemps s'échine à renouer le dialogue avec des clients qui ont commencé à s'énerver, à Marseille, lors de leur congrès: les expert-comptables. Faut jamais énerver les expert-comptables et les notaires, en France. Ils en savent beaucoup, ont l'accès aux datas et ils sont organisés. Pourquoi pensez-vous qu'Edouard Philippe assistait récemment au congrès des experts-comptables, pour savourer des rillettes ?
Chez les clients de VMware, tels Orange, Thalès, AT&T
C'est l'issue judiciaire qui a été choisie et empruntée, aux USA et en France. Le Cigref est également monté au créneau. Aux Etats-Unis, l'opérateur télécoms AT&T a porté son litige sur les nouveaux tarifs de VMware devant la justice à New York. Thales, Orange et d'autres ne sont pas en reste en France alors que l'éditeur de logiciels a augmenté ses prix un an après son rachat à prix d'or par Broadcom.
“Partout, les factures dues à VMware ont été multipliées par trois en moyenne, voire par cinq et parfois dix, selon les interlocuteurs. En France, des sociétés comme Thales ou Orange ont aussi porté la situation à la connaissance de la justice. A ce titre, les spécialistes suivront les débats new-yorkais dans le monde entier” rapporte Les Échos. « Avant, il était possible d'être client VMware pour virtualiser du calcul mais pas du stockage. Désormais, il faut payer pour l'ensemble même si l'on a déjà un autre fournisseur. C'est abusif en droit de la concurrence et problématique en matière de commande publique », dénonce Henri d'Agrain, le délégué général du Cigref. Cette association d'entreprises et d'administrations françaises en pleine transformation numérique vient de saisir les bureaux antitrust de Bruxelles sur la question" (propos confiés au journal Les Échos)
Ces tsunami tarifaires sont-ils légaux, encadrés selon les pays et par quelles législations ? Comment réagir quand on a laissé un fournisseur habile s'installer en recours quasi unique. Comment récupérer le point de deal, pacifiquement ?
Préambule: l'avidité n’est pas interdite par la loi. Ceux qui ont innové et digitalisé avant les autres leur offre, leurs services, peuvent être tentés de faire tapis, un jour. Et ceux qui ont utilisé l'arme de tarifs agressifs pour faire du hacking de nouveaux clients doivent un jour être rentables, sauf à finir comme Ynsect ou à être rappelés à l'ordre par leurs financeurs.
Les 7 questions donc et l'extra-ball.
- Qu’est-ce qu’un fonds d’investissement, tel que Silver Lake Partners ? La notion de bien commun signifie-t-elle quelque chose pour lui ? La réponse est presque dans la question mais… comme il existe désormais des fonds à impact.. LOL.
- Que disait l’avis n° 23-9 rendu le 4 octobre 2023 par Agnès Mouillard, Vice-Présidente de la Commission d’examen des pratiques commerciales, qui avait été saisie pour répondre à la demande d’avis d’un professionnel portant sur la légalité de la pratique consistant à appliquer une hausse significative du prix après le renouvellement tacite d’un contrat d’achat de licence.
- Alan a-t-il des concurrents, lesquels ?
L'entreprise dirigée par Jean-Charles Samuelian-Werve n'a pas officiellement communiqué sur une hausse générale de ses tarifs, mais de nombreux clients évoquent les courriers reçus et qui mentionnent des hausses de 18 à 24%. - Malibou, une start-up française qui propose la gestion de la paie et des RH, au sein d'une même plateforme, incubée à Y Combinator et financée notamment par Breega, va-t-elle voir sa jolie croissance perturbée ou sa rentabilité différée en raison des augmentations de My Silae, sur lequel elle s'appuie.
- Qui sont Nutanix, Citrix, Scale Computing, les concurrents anglo-saxons de VMware ou Wisper, une entreprise française, tous susceptibles de remplacer VMware, sur une partie des fonctionnalités offertes ?
- Pourquoi Silae, qui est déjà très rentable, met-il du temps à traiter et à répondre aux milliers de mails qui engorgent une partie de son service client ?
Pour C. D. V, expert-comptable à Paris, la facture Silae va passer de 40ke à 120ke par an pour l’établissement des milliers de bulletins de paye émis chaque mois. Ce dynamique patron d’un cabinet qui collabore avec plus de 70 PME enrage que l’ordre des Experts Comptables n’ait pas su créer ou accompagner la création d’une offre alternative à Silae. Mais il semble que l'Ordre ait enfin compris. Voir plus bas la déclaration de sa Présidente, lors du Congrès récent.
Augmenter son tarif de façon brutale, est-il légal en France ?
Avis n° 23-9 relatif à une demande d’avis d’un professionnel portant sur la légalité de la pratique consistant à appliquer une hausse significative du prix après le renouvellement tacite d’un contrat d’achat de licence
La Commission d’examen des pratiques commerciales
Vu la lettre enregistrée le 2 août 2022, sous le numéro 22-36, par laquelle un professionnel interroge la Commission sur la légalité de la pratique consistant à imposer, après le renouvellement tacite d'un contrat souscrit par l’entreprise, une augmentation significative du prix sans en avoir informé ladite entreprise ni lui avoir donné la possibilité d'y consentir avant le renouvellement tacite.
Vu les articles L. 440-1 et D. 440-1 à D. 440-13 du code de commerce ;
La clause relative aux mécanisme et conditions tarifaires du renouvellement du contrat
Cette clause prévoit qu’en l’absence de dénonciation par le client, au plus tard deux mois avant l’échéance, il y aura lieu de faire application, pour le nouveau contrat, du tarif public de l’éditeur en vigueur à la date d’échéance du précédent contrat, sauf pour le client à accepter l’offre alternative de l’intégrateur. Cette clause figure dans les conditions générales de vente dont il est précisé qu’elles sont annexées au bon de commande dans un format non modifiable.
En prévoyant que le contrat est reconduit au tarif en vigueur lors de sa reconduction, cette procédure a pour effet d’imposer au client de prendre sa décision, deux mois plus tôt, dans l’ignorance du tarif applicable, alors que le prix est un élément essentiel du contrat, ce qui paraît difficilement acceptable.
L’intégrateur transfère ainsi sur le client le risque d’augmentation du tarif au cours de cette période de deux mois, sans que l’on voie ce qui pourrait justifier un tel désavantage.
Ainsi, même si l’on ignore les conditions exactes de l’habilitation de l’intégrateur, on peut considérer que le fait de dissocier le moment de la décision de reconduction tacite du tarif applicable, en imposant au client de s’engager à nouveau sans connaître le prix qu’il aura à acquitter au titre de la licence, lequel ne sera connu que deux mois plus tard, pourrait caractériser une soumission à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties.
Délibéré et adopté par la Commission d’examen des pratiques commerciales en sa séance plénière du 14 septembre 2023, présidée par Madame Agnès Mouillard
Fait à Paris, le 4 octobre 2023
Favoriser la concurrence, lorsqu'elle n'existe pas, anticiper.
C'est le sens de la déclaration faite récemment par Cécile de Saint Michel, Présidente de l'Ordre des experts-comptables et publiée par Compta on Line : « Les experts-comptables clients de Silae ont reçu ce jour un courrier de l'éditeur. Dans cette lettre, l'entreprise annonce qu'elle envisage de revoir sa grille tarifaire, ce qui ne signifie pas nécessairement un retour à la tarification précédente. Je suis dans l'incertitude quant à la position précise de Silae sur cette révision tarifaire. Mais ce qui est indubitable, c'est que la position dominante de l'éditeur, qui explique la situation que nous connaissons aujourd'hui, est une conséquence de nos choix collectifs. En effet, 80% des experts-comptables ont choisi de travailler avec cette entreprise, moi y compris.
Ainsi, la seule solution face à cette domination est de favoriser la concurrence. C'est la concurrence qui doit réguler le marché et non l'action d'un éditeur isolé. Il est donc impératif que les professionnels du chiffre se tournent vers d'autres éditeurs et entament des négociations avec eux (..)
Convaincue que la digitalisation de leurs services et la formation de leurs gestionnaires de paie sont des impératifs désormais, la profession des experts-comptables a profité de son congrès pour annoncer la création de La Source, un datalake français et collaboratif, enrichi par les données issues des cabinets d'expert-comptables.
Pour Alan, les concurrents sont nombreux même si moins habiles et habitués à prendre la parole sur les réseaux sociaux que le président et co-fondateur d'Alan. La bagarre en matière d'acquisition de clients se joue sur la communication, mais également sur le tarif proposé comparé à l'étendue des services offerts et rendus.
On nous a par exemple signalé Kenko, une start-up choisie récemment par exemple par Bruce, spécialiste de l'intérim digital et son président, Adrien Moreira. Précédemment client de Alan. Et Comet Meetings, Qweeko etc. Eric Mignot fait partie des investisseurs de la première heure de Kenko. Or, le fondateur de +Simple est souvent présenté comme le surdoué de l'assurtech.
La fin des réponses à ces sept questions et une dernière d'actualité ( quel spécialiste du RCS Business Messaging faut-il connaitre ?) seront à découvrir dans votre prochain magazine En-Contact !
RCS: Rich Communication Service. Trois fois plus cher que le SMS, le RCS embarque de la vidéo, des images. Il est déployable désormais sur tous les smartphones, Android et Apple. Mais il est bien mieux lu désormais que le SMS, quatre à cinq fois plus efficace et son émetteur est authentifié ! Link Mobility, Opportunity, Infobip, Sinch.. quel éditeur apporte le meilleur service, le plus personnalisé ? En-Contact est allé interviewer et fact-checker les informations partagées par Benoit Bole, DG Europe de Link Mobility et Marion Gatimel, nouvelle DG Business et Opérations d'Opportunity. Le RCS permet, de façon efficace, de solliciter des prospects, de les informer avec du texte et des vidéos, d'améliorer le recouvrement des factures, lorsque le client a besoin d'une explication.
Anthony Dinis, qui n'est pas forcément le PDG le plus simple à suivre et comprendre de la tech à Paris, mais fait partie des plus visionnaires, a compris, voici quatre ans déjà, que le RCS allait favoriser le business, l'engagement, simplifier les parcours client. Tout ce qui importe ! Un gars qui invente, avant les autres un logiciel de télémarketing, en 1996 (Vocalcom) et un dialer employé par 80% des plus grands BPO au monde, on écoute. On regarde à quoi il s'occupe et phosphore. En ce moment, il est à fond sur les leads intentionnistes, le RCS et ce que peut faire l'IA dans les autres domaines.
Manuel Jacquinet.