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« Les bureaux de demain seront des manifestes » Guillaume Poitrinal, WO2

Publié le 20 octobre 2022 à 13:46 par Magazine En-Contact
« Les bureaux de demain seront des manifestes » Guillaume Poitrinal, WO2

« A l’heure du numérique et du télétravail, les bureaux de demain seront des manifestes ! C’est-à-dire une exposition vivante de l’entreprise, de son engagement environnemental, de son idée du travail ensemble. Les modes de coopération sont en train d’évoluer. La promotion, l’architecture et le design doivent se mettre au service de ces attentes » Voilà le type de convictions qui interpelle, elles sont nombreuses dans l’entretien qu’a conduit, cet été Alexis de Prevoisin, avec l’un de ses anciens employeurs, et qu’il est parvenu à interrompre entre deux trains, marches dans la nature. Une prouesse.

Guillaume Poitrinal sur le chantier du projet de l'Arboretum - crédit © Simone Perolari

Guillaume Poitrinal est un « serial entrepreneur », a été le plus jeune dirigeant du CAC40 (il fut le CEO de URW de 2005 à 2013), et surtout un homme libre, multi casquettes et engagé. Il n’a pas la langue de bois, pas plus que la langue dans sa poche. Entre deux trains, marches en nature dont il parait qu’elles le ressourcent, un autre expert du Retail et qui fût son collaborateur dans un épisode précédent de sa vie professionnelle, a confessé GP. GP comme Grand Paris où GP, Guillaume Poitrinal stationne souvent ces derniers temps. A Nanterre, l’un des projets qui mobilise beaucoup WO2 sera l’un des plus innovants des programmes de l’année 2023. 

A travers ses activités de promoteur immobilier « new génération » avec la filière bois (Woodeum, WO2), d’aménageur de bureaux et centre commerciaux, d’investisseur (il est actionnaire réfèrent auprès des gares italiennes), membre fondateur de BBCA (Association pour le développement du bâtiment bas carbone), président de la Fondation du Patrimoine (qui sauve Notre Dame mais aussi de petites églises !), et s’est frotté aux politiques (auteur d’un rapport sur la simplification administrative)...il est avant tout une personnalité hors norme à la confluence de nos usages de vie (bureau, centres commerciaux), et d’une vision de la consommation, du bureau, du secteur immobilier.

 

Alexis de Prévoisin : Quelle est ton actualité ?

Guillaume Poitrinal : Je n’ai pas trop à me plaindre dans mes activités de promoteur immobilier bas carbone avec WO2-Woodeum : nous venons de louer un bel immeuble à GRDF pour son siège ! Le marché reste dans un moment d’attente de reprise de demande de bureaux. Il y a la remontée des taux, de l’inflation, de l’incertitude... Mais dans ces moments-là, c’est la différenciation du produit qui compte. C’est probablement pour cela que nous tirons notre épingle du jeu. En parallèle, je viens d’écrire un essai pour promouvoir une écologie d’action. Il faut abattre cette idée que l’entreprise c’est le monde de la pollution et du profit à tout prix. Au contraire, ce sont les entreprises qui vont bouger les lignes et conduire « la grande révolution du bas carbone », entraînant les consommateurs, les collaborateurs et même les politiques. Les entreprises qui refusent de s’engager sont condamnées. Les autres vont associer leur marque à un engagement bas carbone qui sera un signe de ralliement pour leur client, pour leurs salariés, pour leurs actionnaires ! Cette mutation nécessitera des investissements considérables qui vont porter la croissance économique. Cette hypothèse d’une croissance économique vertueuse me sépare radicalement des « décroissantistes », d’où mon titre « Pour en finir avec l’Apocalypse », que je reconnais volontiers provocateur et avec l'idée de rédemption qui est la définition des écritures de St Jean !

 

Adp : Quel est l’enjeu ? Que défends-tu ?

GP : Nous vivons un réchauffement climatique sans précédent, et la seule manière de l’arrêter, c’est de diminuer violemment l’empreinte carbone de l’homme. Il faut changer d’échelle en terme d’actions.Le grand levier pour y arriver à l’échelle planétaire c’est la consommation. Si notre consommation évolue, nous pouvons influencer notre bilan carbone, mais aussi celui des grands pays exportateurs pollueurs qui sont aujourd’hui les plus grands émetteurs. L’idéal, c’est la compacité. Moins de consommation en volume, des caddies moins remplis, moins de gâchis. Mais plus de valeur environnementale dans chaque produit. A l’image de l’industrie du luxe, qui a su ajouter une valeur au- delà de l’utilité, de nouveaux concepts vont s’imposer qui s’appuieront sur la valeur environnementale des produits. Ce ne sera plus une consommation de volume, ni de luxe, mais de concepts qui mixent haute technologie, écologie et bas carbone. L’exemple aujourd’hui c’est Tesla : un manifeste d’écologie avec de la technologie et de l’expérience client. Un succès économique aussi, avec une capitalisation de presque 1000 milliards de dollars. La transition vers le bas carbone, ce n’est pas nécessairement la misère promise par les apôtres de la décroissance. Elle peut se faire à chiffre d’affaires croissant et à marge élevée. Tesla vend ses voitures deux fois plus chères que ses concurrents, et on se les arrache. A une autre échelle, le groupe WO2 a une démarche similaire. Nous construisons des immeubles ultra bas carbone, avec des méthodes révolutionnaires. Nous proposons de nouvelles expériences de vie aussi. Ça fonctionne. Mais contrairement à Tesla, nos prix (et nos marges) ne sont pas plus élevés que nos concurrents, et cela nous va très bien.

 

Propos recueillis par Alexis de Prévoisin

 

La suite à découvrir dans la rubrique : Vive le télétravail, à bas les petits chefs, du numéro 126 d’En-Contact.

 

Photo de une : Guillaume Poitrinal - crédit © Simone Perolari

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