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Renaissance et le Modem veulent interdire le démarchage téléphonique. Opt-in obligatoire

Publié le 20 juillet 2022 à 11:18 par Magazine En-Contact
Renaissance et le Modem veulent interdire le démarchage téléphonique. Opt-in obligatoire

Un amendement, le numéro 372, visant à interdire le démarchage téléphonique, sera discuté cet après-midi à l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi sur la protection du pouvoir d’achat 

27 députés, notamment issus de la majorité présidentielle (Renaissance et Modem), proposent de reconnaître comme pratique commerciale abusive le démarchage téléphonique et d’instaurer la règle du consentement explicite avant tout appel, ce qu’on appelle l’opt-in. Selon ces mêmes députés, « Bloctel s’avère inefficace, trop contourné par des opérateurs indélicats, cette carence pouvant contraindre les consommateurs et citoyens à souscrire à des abonnements et des services dont ils n’ont pas la nécessité. » La question du harcèlement téléphonique continue d’agiter toutes les majorités présidentielles depuis que le sénateur Jacques Mézard (Parti Radical de Gauche) a entamé une bataille voici une dizaine d’années. La DGCCRF, qui a déjà eu bien du mal à changer de concessionnaire pour Bloctel, est vent debout contre cet amendement, tout comme des professionnels du secteur : « Les Etats-Unis n’ont pas réussi à endiguer les robocalls mais ils consacrent des moyens considérables à lutter contre ce fléau. Et il peut y avoir un démarchage téléphonique éthique, pertinent » précisent deux acteurs reconnus de la profession. « On met dans le même sac des opérateurs et entrepreneurs indélicats qui s’emparent du CPF ou du dynamisme de la rénovation énergétique pour escroquer des consommateurs en utilisant des plateformes téléphoniques bricolées, peu supervisées et souvent situées en offshore. Il y a trente ans, c’étaient les vendeurs de time-share qui prospectaient à tout va ou des propriétaires de magasins de meubles, qui voulaient créer du trafic en magasin en proposant comme cadeaux des jeux de couteau. Ce sont ces personnes qu’il faut poursuivre et non les professionnels consciencieux du métier. » 

Pour rappel, la France compte cinq spécialistes de l’expérience client et de la vente par téléphone parmi les membres du Top 10 mondial de cette industrie, en pleine consolidation : Teleperformance est numéro 1 mondial, Sitel numéro 2, depuis sa fusion avec Majorel, Konecta ayant fusionné de son côté avec Comdata. Pour ces acteurs, la part de l’activité consacrée à l’émission d’appels commerciaux et au marketing téléphonique de prospection est devenue minoritaire. « La meilleure solution technique serait le dispositif imaginé par l’Arcep il y a deux ans » précise Manuel Jacquinet, éditeur du magazine professionnel En-Contact, « mais ce nouveau plan de numérotation a été retoqué par le Conseil d’état. Techniquement, les opérateurs télécom sont en capacité de connaître les commandeurs et émetteurs de campagnes téléphoniques, et ils pourraient aider à identifier les contrevenants. » 

Deux ans après la loi Naegelen, les SMS et appels téléphoniques qui polluent quantité de Français, dont des députés ou des ministres, a attisé la colère. Et un nouvel amendement. “Une liste d'adhésion plutôt qu'une liste d'opposition?”, comme le résume un expert du marché. “Dans le meilleur des cas, ce sera utile comme les Canadairs pour éteindre les incendies. Le sujet c'est le réchauffement climatique. Si cet amendement étonnant passe, c'est la fin d'un métier.”

Photo de une: les professionnels du SP2C, le syndicat des prestataires français des centres de contacts, lors de leur convention annuelle. Patrick Dubreil à gauche sur la photo, vient de quitter son poste occupé désormais par Caroline Adam (Déléguée générale).

 

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