Quand c’est le Samu social qui appelle à l’aide
Quand les hotliners de la précarité dénoncent leur propre précarité, leur mouvement social prend une dimension particulièrement douloureuse. Au moment où nous écrivons ces lignes, une quarantaine de salariés du Samu social sont en grève depuis trois semaines.
Née il y a seize ans, l’institution du docteur Xavier Emmanuelli n’avait jamais connu de conflit, mais le fort taux de turnover (l’ancienneté moyenne est de six mois), la multiplication des CDD, (moins de 150 des 597 salariés sont en CDI) les salaires dérisoires (1100 euros nets par mois pour un hotliner,
1 265 pour un « maraudeur » qui écume les rues la nuit à la recherche de personnes en détresse, parfois toxicomanes et agressives), la systématisation des heures supplémentaires impayées , l’absence de convention collective étaient dénoncés de longue date. C’est le projet d’enregistrer les appels vers le 115 qui a mis le feu aux poudres. Les grévistes demandent une augmentation de 5 % des plus bas salaires et le paiement d’une prime de risque pour ceux qui travaillent la nuit dans les maraudes et dont le salaire est de 1 400 euros net par mois ; l’ensemble représenterait une enveloppe de près de 2 millions d’euros.
Pour 1 100 euros net par mois, les quelque 40 hotliners sont au bout du fil de 7 h 30 à 15 heures ou de 15 heures à 22 heures pour répondre aux personnes qui sollicitent le numéro d’urgence social. En 2009, ils ont traité près de 409 000 appels. La fibre sociale étant pourtant largement répandue dans la population, des bénévoles ont accepté d’assurer la continuité du service en remplacement des grévistes.
Une fibre dont il semblerait que certains usent jusqu’à la corde. La grève du Samu social suit en effet celle des salariés du mouvement Emmaüs, qui ont obtenu la prime de 200 euros brut mensuels et l’harmonisation des rémunérations qu’ils demandaient.