Mouvement national de débrayages dans les centres d’appels : les salariés d’Armatis solidaires – comme ceux de Webhelp et d’Acticall
Impossible de savoir de l’extérieur que le 79, avenue Edouard Vaillant, à Boulogne, héberge un centre d’appels.
Aucune mention du nom de l’entreprise (Armatis) au niveau de la rue, ni même à l’entrée de la tour, qui pourrait très bien être un immeuble résidentiel, mais qui héberge bien le « plateau ». Ce 20 juin, bravant un temps définitivement pas de saison, une quarantaine de personnes est agglutinée devant l’entrée,
quelques bannières syndicales sont présentes. « Il y a 114 salariés dans le centre, mais plusieurs équipes selon les roulements. La moitié de l’équipe actuellement en poste doit être ici » déclare Valérie Di Paola, déléguée syndicale CGT du site.
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« On a choisi de mettre l’accent sur ce site parce que les salariés ont engagé un mouvement il y a déjà plusieurs semaines pour faire valoir leurs revendications salariales » selon Xavier Burot (secrétaire fédéral CGT en charge des centres d’appels).
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La situation est-elle pire qu’ailleurs ? « Je suis ici depuis dix ans, et personne n’a jamais été augmenté, on reste au niveau du SMIC ». Vraiment personne ? C’est là qu’est tout le problème : « Certains superviseurs l’ont été, et on n’en a rien su. C’est cela qui nous a mis en colère ». D’autre part, il y a le problème, souvent constaté par la rédaction dans des centres d’appels étant passés entre plusieurs mains, des différences de statuts entre les salariés « historiques » d’avant la fusion (ici ex-Convergys) et ceux qui ont été embauchés après cette fusion : sur ce site, les derniers n’ont pas droit au titres-déjeuner. « Alors quand la direction nous dit que de l’argent, elle n’en a pas, c’est faux. Il suffit de voir ce qu’elle a donné aux actionnaires ! » Valérie court chercher un « document » préparé par le syndicat, selon lequel « plus ou moins » 223 000 euros ont été versés aux actionnaires en 2009, et 45 000 en 2010.
Midi : les salariés regagnent leurs postes. Le débrayage n’était prévu pour durer qu’une heure, et concernait donc une moitié de l’équipe en place.
Peut-être pas la grève du siècle, mais la presse était là, et pas seulement votre magazine spécialisé : le Parisien, l’AFP ont longuement interviewé les représentants syndicaux. Mais surtout, cette action n’était qu’une parmi beaucoup d’autres, appelées à être menées sur tous les plateaux de France le même jour. Xavier Burot nous explique la stratégie : « On ne peut pas renvoyer tous les appels vers la Tunisie lorsqu’il y a une telle grève nationale, c’est impossible. Tout comme il était impossible de tout renvoyer vers la France quand il y a eu la révolution en Tunisie ». Le mouvement aura-t-il été suivi ? Selon Catherine Simon (Force Ouvrière), la directrice des ressources humaines de l’outsourceur Acticall aurait averti tous les grévistes potentiels que leur action serait enregistrée comme une « absence non justifiée », et donc passible de licenciement. Ce qui est illégal.
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On apprendra plus tard que le mouvement a été relativement bien suivi, notamment sur les sites de Webhelp à Etrelles (Ille-et-Villaine) … et tout particulièrement dans les deux centres d’Acticall à Billière (Haute Garonne) et Pau (Pyrénées Atlantiques).
Nos lecteurs trouveront dans le numéro 63 du magazine En-Contact à paraître en Août une grande enquête sur les rémunérations dans les centres d’appels, outsourcés et internalisés.