Lettre ouverte à Xavier Niel : Et si vous donniez une partie de vos « gains » – 1 millions d’euros – à SOS Amitié ?

Paris, le 13 Novembre 2014

Cher Xavier ;

La semaine passée, mercredi 5 novembre, la justice française a condamné votre entreprise à payer 150 000 euros pour avoir facturé indûment (deux fois pour le même service) vos clients, ainsi qu’à afficher par voie de presse la condamnation. Ca ne vous fera ni chaud ni froid, car, si je calcule bien, une amende de 150 000 euros pour un « vol » de 3,8 millions d’euros, ça laisse encore de la marge. C’est même le signe d’une bonne gestion : gagner plus que ce qu’on dépense.
J’ai donc pensé à vous proposer la chose suivante : il se trouve qu’une association française, en l’occurrence SOS Amitié est en panne de financements. Elle ne manque pas de « clients », mais de moyens et donc d’écoutants – c’est ainsi qu’on appelle ceux qui prennent les appels des âmes en souffrance et tentent de leur remettre un peu de baume au cœur – au point qu’elle n’est en mesure de prendre qu’un appel sur quatre, soit 700 000 sur les plus de 2 800 000 reçus.
Or vous, vous avez du talent, au point de savoir facturer les appels deux fois.
Vous avez démontré un incroyable savoir-faire dans la gestion de service d’écoute – la hotline de Free, c’est du haut niveau…
Vous faites beaucoup de choses pour les jeunes, comme l’école 42, pour la société, comme la Halle Freyssinet, etc.

Et si vous reversiez une petite partie de ce que vous a rapporté cette double facturation à SOS Amitié ?

Avec 30 000 euros, l’association est en mesure d’ouvrir un nouveau poste de travail pour un écoutant

bénévole. Par exemple, à Paris Nord. Ce qui permet de prendre 22 500 appels par an. Avec ce million d’euros que je vous suggère de leur donner, vous feriez donc 675 000 heureux. Avec les 3,8 millions d’euros que vous a rapportés cette affaire, combien de malheureux avez-vous fait ?

Ne voyez aucune malice dans ma requête :
Je sais que gagner de l’argent dans notre pays est devenu très compliqué pour un entrepreneur – vous l’avez fait, respect ! –, or beaucoup d’entrepreneurs américains à succès, que vous admirez, cultivent cette culture du don, du « payback ». Pourquoi ne pas vous en inspirer ?
Je sais aussi que la tentation de franchir la ligne jaune peut parfois être très forte : la frôler et gagner, ça s’appelle le talent, la dépasser allègrement… vous amène direct rue du Château des rentiers. Lorsque le juge Van Ruymbeke vous avait donné cette leçon*,  vous aviez indiqué que vous ne l’oublieriez jamais. Vous avez dû, entre 2008 et 2010, avoir un moment d’égarement ?
Je crois que nous devons en tant que patrons montrer l’exemple, sans attendre rien de ceux qui nous gouvernent. Les changements que nous attendons tous… ne dépendent peut-être que de nous ;
On vous a beaucoup reproché d’avoir indirectement détruit quantité d’emplois dans les centres d’appels, avec le succès de Free mobile. Il est peut-être temps de créer de nouveaux postes de téléconseillers. J’ai donc aussi pensé à vous proposer de devenir écoutant. « Ecouter, c’est recevoir autant que donner », est-il écrit sur le site de l’association que je vous propose d’aider. Mais vous êtes très occupé. Un autre geste fera aussi bien.
Enfin, père de famille, je sais d’expérience que la vie est pleine de détours, et qu’un jour ceux qui écoutent, qui pansent les plaies peuvent nous sauver, nous, nos proches, ou l’un de nos enfants.

Je vous envoie cette lettre le 13 novembre, journée de l’écoute. A bon entendeur…

Manuel Jacquinet
[email protected]

NB : Je ne sais pas si SOS Amitié dispose d’un service client pour recueillir les dons très efficace, à toutes fins utiles je vous ai trouvé le numéro de mobile d’Alain Gaide, responsable des dons en Ile de France 06 62 24 27 48.

« Vous gagnez beaucoup d’argent, vous êtes brillant, mais vous avez franchi la ligne jaune… Essayez de rouler juste dessus, vous irez aussi vite, et on ne pourra rien vous reprocher », portrait-entretien paru dans le Canard Enchaîné, cité dans le livre Xavier Niel, L’homme Free, de Gilles Sengès

Double facturation d’appels vers la hotline : 150.000 euros d’amende pour Free

Le 05 novembre 2014

L’opérateur Free a été condamné mercredi à 150.000 euros d’amende pour une double facturation des appels vers sa ligne d’assistance téléphonique depuis les téléphones portables des abonnées SFR.
La 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris a déclaré Free coupable de “pratique commerciale trompeuse”, les faits datant de juin 2008 à fin août 2010.
Si Free annonçait que les appels vers sa “hotline” internet, le 3244 étaient facturés 34 centimes d’euros la minute, les abonnés SFR qui appelaient depuis leur téléphone portable payaient en fait le double.
Free facturait directement 34 centimes, SFR faisait de même, tout en reversant 85% de la somme à Free, qui a ainsi récupéré quelque 3,28 millions d’euros. SFR, a de son côté perçu près de 580.000 euros.
Les deux entités de SFR qui étaient poursuivies pour complicité ont toutefois échappé à une condamnation, car la première n’avait plus d’existence légale car elle a été absorbée par Vivendi telecom international (dont la dénomination sociale est SFR), et cette dernière, ne pouvant être reconnue responsable pour une entité qui n’existe plus, a été relaxée.
Outre l’amende, Free a été condamné à verser au total 51.000 euros de dommages et intérêts à l’association de consommateurs UFC Que Choisir, et le tribunal a ordonné la publication d’un communiqué judiciaire dans les Echos et la Tribune.
Nicolas Godfroy, responsable juridique de l’UFC, a déploré que cette condamnation laisse néanmoins “un gain très important” à Free.
L’opérateur a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des faits comparables.
Joint par l’AFP, Free n’a pas souhaité faire de commentaire.