Eric Dadian et Laurent Uberti, le grand silence…
S’il y a bien, depuis des années, un sujet sur lequel toute la profession s’accorde dans sa diversité, c’est celui de la nécessité de changer l’image du métier, de la profession, de ses acteurs, afin que le grand public perçoive plus fidèlement ce qu’elle représente, en termes d’emplois, d’enjeux pour les entreprises, de réalités quotidiennes heureuses ou difficiles pour les centaines de milliers de téléconseillers, télévendeurs, chargés de clientèle.
Afin, aussi, et surtout, que disparaissent, comme une peau morte, les images d’Epinal éculées qui lui sont associées.
Dans un tel contexte, le reportage d’Envoyé Spécial du 8 avril 2010, pour lequel la journaliste a sollicité une très grande partie des professionnels du secteur, constituait une véritable opportunité de communiquer sur les centres d’appels… ces fameuses usines du troisième millénaire. Bien sûr, à une heure de grande écoute, on sait que les journalistes des grands médias viennent chercher du sensationnel. Mais peut-on réellement se passer de la télévision ? Et pour quelle subtile raison les propos intelligents de certains tenus dans un bureau ne peuvent-ils être répétés devant la caméra ?
Bravo donc aux Présidents de b2s et Phone Marketing (Maxime Didier et Marc Gladysz) qui ont pris le risque d’ouvrir leurs entreprises, de laisser parler leurs salariés, quitte à ne pas maîtriser ce qui serait fait et montré de ce matériau. Et parallèlement une grande question subsiste : pourquoi un tel silence au cours de l’émission et après sa diffusion de la part des deux syndicats et associations assez représentatifs de notre métier ? A savoir le SP2C et l’AFRC dont l’antienne (le refrain) depuis des années s’entend dans tous les salons et dans la Presse spécialisée et constitue même l’un des objectifs prioritaires de la MNRC (Mission Nationale de la Relation Client) : mieux communiquer, faire connaître la profession, ses métiers porteurs…
Sans vouloir décrier les initiatives menées jusqu’alors par ces deux organisations, on ne peut pas un instant penser que les casques d’or au SECA, la Journée Nationale de la Relation Client, et autres manifestations existantes à ce jour, rivalisent un seul instant avec 4 ou 5 millions de téléspectateurs à 20h30.
En termes d’audience, le football, qu’on aime le ballon ou pas, percute un peu plus que le curling, et Laurent Uberti comme Eric Dadian (dirigeants respectifs du SP2C et de l’AFRC) ont tout le talent nécessaire et la maîtrise de la langue pour converser avec Elsa Fayner… devant la caméra et dans leurs centres d’appels.
Comme l’indiquent les salariés de b2s dans le courrier qu’ils ont adressé à la rédaction d’Envoyé Spécial (Cf. notre dossier du mois sur ce sujet), il faut inviter les journalistes à rendre compte du réel, ne pas craindre les dommages collatéraux éventuels de la communication, surtout quand on l’appelle de ses vœux.
Comme le disait Albert Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ».
Manuel Jacquinet