Des sénateurs américains républicains demandent aux autorités fédérales de cesser les collaborations avec McKinsey
En 2015, comme l’indique et le révèle The Financial Times, McKinsey a collaboré avec le PCC, le parti communiste chinois, via un think tank dénommé Urban China Initiative. “Mc Kinsey website touted its advice to Chinese government ministries”.
Le cabinet de consultants McKinsey est au centre d’une polémique de plus. L’ouvrage « McKinsey, pour le meilleur et pour le pire », titré dans sa version originale When McKinsey comes to town documente déjà de nombreux scandales et conflits d’intérêts liés aux activités du cabinet : des opioïdes, à General Steel en passant par Disney. Chaque année apporte pourtant son lot de révélations houleuses. Le millésime 2024 commence fort avec une accusation de collaboration entre des consultants de McKinsey et le parti communiste chinois, que certains représentants américains assimilent à de la trahison.
Outre-Atlantique, les Etats-Unis, qui sont pourtant le siège des MBB (McKinsey, BCG, Bain), on grince des dents. Le cabinet McKinsey est épinglé ces derniers jours après une révélation du Financial Times de sa collaboration avec la Chine en 2015. Sous le couvert d’un Think Tank intitulé « Urban China Initiative », les consultants de McKinsey ont rédigé un document intitulé « Scientific and Technological Revolutions » conseillant le gouvernement chinois sur de nombreux points, notamment concernant l’expansion de son industrie de l’armement et des pratiques commerciales contraire aux intérêts américains.
Les contrats entre le cabinet McKinsey et la Food and Drug Administration sont déjà suspendus depuis le scandale des opioïdes dans lequel le cabinet a trempé. Des sénateurs américains, parmi lesquels Marco Rubio et Michael McCaul, tous deux chargés de missions liées au renseignement et aux affaires étrangères, appellent désormais à ce que les consultants McKinsey ne puissent plus collaborer avec une organisation fédérale américaine.
« Il reste à conclure que la vraie mission de McKinsey est de faire de l’argent, même si cet argent provient de communistes génocidaires. Les entreprises comme McKinsey qui aident le PCC dans sa quête pour détruire la dignité individuelle et le leadership mondial américain ne devraient pas recevoir l’argent des contribuables. ». Mike Gallagher, à la tête du comité de la chambre des représentants sur la compétition stratégique entre la Chine et les Etats-Unis.
L’influence de McKinsey crispe aussi en France :
Quant à la France, le pays est particulièrement sensible à l’irruption des conseillers dans la haute administration ces dernières années. La manie du gouvernement d’Emmanuel Macron d’employer les cabinets de consultant est abondamment documentée par les médias de l’hexagone, des 11,3 millions d’euros pendant la Covid-19 au rapport McKinsey sur l’école pour le prix de 500 000 euros.
Mike Forsythe l’un des auteurs de « McKinsey, pour le meilleur et pour le pire », a accordé en octobre une interview au Consultor à l’occasion de la traduction en français de son ouvrage. Il y confie des appréciations liées à la France :
« […] S’il y a un effet repoussoir pour McKinsey, ce serait peut-être en France qu’on l’observerait en premier lieu.
La France est peut-être une exception dans son rapport au conseil. J’ai remarqué que toute la polémique au sujet de McKinsey en France, dont nous n’avons pas pu parler malheureusement dans notre livre, car il avait été bouclé antérieurement, a pris des proportions assez incroyables. J’ai un fil Twitter sur lequel je suis toutes les actualités en lien avec McKinsey : ces derniers mois, tout y était en français ! D’autant plus à présent qu’il y a une nouvelle polémique sur le rôle joué par la firme dans la réponse au Covid au Québec. J’ai la sensation que, d’une certaine manière, le sujet du consulting a touché au cœur de la nation française, d’une manière que vous ne pourriez pas observer dans les pays anglo-saxons.
[…]
Le cabinet McKinsey a réagi dès le lendemain de l'article du FT, en indiquant qu'il n'était pas l'auteur du rapport ni impliqué.
L'équipe de journalistes* du Financial Times a répondu de façon factuelle, démontant quasiment tous les arguments de Bob Sternfels. Josh Hawley, sénateur américain a répondu au Global Manager de McKinsey: “ Those were strong words. Unfortunately for you, they were not true”. (Stephen Foley et Sun Yu)
McKinsey a fermé l'UCI en 2021. Lola Woetzel l'avait créé et est Senior Partner de McKinsey à Shangai.
On découvrira avec intérêt un autre exemple de vérité alternative, dans le communiqué récent de la fintech Klarna, qui a annoncé, semaine passée, que son callbot dopé à l'IA permettait de supprimer une large partie de son service client assuré par des êtres humains. La publication de ce CP et sa propagation ont provoqué des mouvements boursiers et baissiers significatifs chez des grands acteurs du BPO en customer service, tels Teleperformance et Concentrix.
Extra-ball: La revue Consultor pose une dernière, bonne question à Mike Forsythe, dans son interview :
Un mot pour les consultants qui nous lisent ?
“Bien sûr, le conseil attire tant de profils hyper qualifiés (..) Je crois sincèrement que chaque jeune consultant devrait avoir pour objectif de de contribuer à l'intérêt général. Et si en fin de journée, il se dit que contribuer à licencier des personnes dans une entreprise n'est pas ce à quoi il aspire, je suis convaincu qu'il pourra trouver du travail ailleurs.”