Au Maroc, les berbères peuvent désormais joindre un service client en langue amazighe
Un quart de la population marocaine est berbérophone. Les berbérophones pourront désormais joindre un service client proposé dans la langue amazighe, une première historique orchestrée par le gouvernement marocain et MyOpla, un prestataire BPO français.
Un mémorandum d'entente a été signé mercredi à Rabat entre le ministère de la Transition Numérique et de la Réforme de l'Administration du Maroc, représenté par la ministre Ghita Mezzour, et l'entreprise française de service client MyOpla, représentée par son PDG Denis Marsault. Ce mémorandum vise à soutenir la création d'un centre d'appels pour le service client en langue amazighe à Al Hoceima, ainsi que le développement des activités de Myopla au Maroc.
Le centre MyOpla d'Al Hoceima sera le premier du genre à proposer des services en langue amazighe au Maroc, selon son promoteur. Installé au Maroc depuis 2013 avec trois sites (Tanger, Tétouan, Al Hoceima) et 1200 collaborateurs, MyOpla accompagnera désormais les entreprises opérant en amazigh, que ce soit par téléphone, e-mail ou réseaux sociaux.
Une reconnaissance historique de la langue amazighe, longtemps opprimée :
La langue amazighe est celle des Berbères, qui représentent environ 20 millions d’individus au Maroc, sur une population de 37 millions d’habitants. Si tous les berbères ne parlent pas la langue amazighe, les berbérophones représentent 26,7% de la population selon un rapport du gouvernement marocain datant de 2014.
Le terme « amazigh » signifie « homme libre » et la langue trace ses origines jusqu’à la haute antiquité, bien avant l’arrivée des Arabes dans la région. Pourtant, la langue arabe lui a été longtemps préférée par les institutions. La Constitution marocaine de 2011 change la donne en la désignant comme langue officielle aux côtés de l’arabe. La loi formalisant le caractère officiel de la langue amazighe n’a cependant été votée qu’en 2019, bloquée par une majorité islamiste, selon Rachid Raha, président de l’Assemblée mondiale amazighe.
En 2023, le Maroc prévoyait un budget de 300 millions de dirhams (environ 28 millions d’euros) pour promouvoir l’emploi de cette langue. Désormais, la connaissance de l’amazighe est même une condition pour accéder à la nationalité marocaine. L’ouverture de service client en partenariat avec MyOpla s’inscrit donc dans une politique délibérée du gouvernement marocain pour mettre en avant la langue amazighe.
Une donnée manque pour mesurer l'enjeu précis de cette innovation: combien de berbérophones ne parlent que cette langue ? Si un anthropologue ou chercheur parmi nos lecteurs disposent de cette donnée ou d'une estimation, nous sommes preneur. ChatGPT n'a pas la réponse :)
En 1960, pour le premier recensement de l'indépendance, alors que le Maroc ne comptait que 11 millions d'habitants, il y avait 18% de berbérophones ne parlant que le berbérophone.