Webhelp et Intelcia veulent leur album américain.
Ils vont nous la faire façon Stevie Wonder ?
Quel est le point commun entre l’univers de la relation client et celui du Rock and Roll ? Tôt ou tard, une vedette française veut faire son album américain, enregistrer à Nashville, avec des pointures locales. Intelcia ( filiale du groupe Altice et dont l’un des grands clients demeure SFR ), Webhelp ont ainsi récemment communiqué sur leur désir de rentrer et prendre place sur le 1er marché mondial en matière d’expérience client externalisée : le marché américain. Dans quel studio enregistrer ( Nashville, Detroit, LA, NYC ), quelles sont les sommes à débourser pour s’attacher les bons musiciens de studio, combien coûte une tournée américaine, autant de questions que ces deux candidats à l’entrée dans le hit parade américain ne peuvent pas trop poser aux Ariana Grande du secteur (Teleperformance ) ou Jonas Brothers ( Sitel ) etc. La langue ne poserait pas problème, puisque tous ces gros vendeurs la partagent mais la générosité a des limites. Chacun son call-center. Reste à acheter un label, pour gagner en rapidité d’exécution : quels sont les Elektra du secteur ( un label qui a toujours aimé les français ), peut-on réanimer un ancien label ? Vogue ça aurait du sens : c’est mythique pour les quinquagénaires et plus et pour ce qui en est des Millenial, ils croiraient à un remix de Madonna. On en est donc là..
Un constat déjà : l’important est de parler de son désir, avant qu’il ne soit concrétisé, une technique d’occupation du terrain vieille comme le monde. Envie d’avoir envie, chante Johnny. Les Echos indiquent ce jour : “Webhelp va se déployer aux Etats-Unis cette année” . On saura ainsi, c’est un deuxième constat que Patricia Goldmann Communication, l’agence de RP du groupe français leader européen, est une agence efficace. Parvenir dans un journal économique de référence à faire parler de l’album qui va sortir dans les bacs mais dont personne ne sait si l’enregistrement a effectivement commencé, c’est risqué mais fort; ça fait patienter et en sus, si d’aventure les intermédiaires ou banques d’affaires se sont endormies et ont laissé passer une cible pertinente, on ne sait jamais, un redneck planqué au fond de l’Ohio peut lire l’article et se dire : Mais je le vendrais bien mon call center moi…L’appel entrant, ça existe et on peut faire des ventes en inbound ( pour les néophytes, à ne pas confondre avec l’appel sortant, outbound call, plus trop en vogue en ce moment ).
Ne sourions pas: en 1976, un artiste se fait tancer et déchirer par toute la presse mondiale qui attend son album, annoncé depuis longtemps, reporté. Il sortira avec beaucoup de retard mais la première écoute du double album calme tout le monde. Il s’appelle Songs in the Key of Life. Qui osera dire que ce n’est pas un chef d’oeuvre, peut-être le chef d’oeuvre absolu ? Moi, je joue tout pour une annonce de la paire Duha- Jousset pour le 28 septembre; ça aurait un sacré style ! ( 28 Septembre 1976, date de sortie de l’album évoqué )
Une analyse à lire, maudire ou pour se détendre , pendant les temps morts du congrès mondial de l’AFRC, un autre label ? qui se réunit ce jour pour analyser la baisse des ventes de disques.
Manuel Jacquinet.
à savoir sur les financeurs belge de cette irruption sur le marché US.
GBL (Frère et Desmarais) n’est pas le nom d’une quincaillerie mais le nouvel actionnaire du leader européen de l’expérience client.
On savait Olivier Duha amateur de bons vins et de la Belgique où il réside. On savait son comparse, Frédéric Jousset, amateur d’art, d’hélicoptères, de châteaux notamment celui de Chambord et de Londres où il réside. On a appris ce jour, le 9 juillet, que les deux spécialistes des centres d’appels font rentrer à leur capital la société d’investissement GBL, qui rachète la participation de 60% détenue jusque-là par KKR. Pour atteindre l’Everest* des centres d’appels, reste à la paire française à mettre le cap sur les US, premier marché mondial. “Le château fort” des appels téléphoniques entrants et sortants (inbound et outbound), qui s’est élargi au métier du BPO est bien gardé par Teleperformance, toujours dirigé par Daniel Julien qui n’a pas l’intention de descendre le pont levis. Au passage, les deux co-fondateurs de Webhelp perdraient, d’après les informations recueillies, la majorité des droits de vote tout en conservant 40% du capital du groupe qu’ils ont créé et qui est désormais valorisé 2,4 milliards d’euros. A peu près la valorisation de Moncler. ? GBL (Groupe Bruxelles Lambert) est désormais dirigé par Ian Gallienne.
A 40% et à plus de 40 ans, est-ce qu’on a encore la frite ? C’est malin en tout cas d’essayer de passer par le Canada pour rentrer aux USA…
Par la rédaction d’En-Contact
NB : Moncler, sorte de doudoune, seyante, qui permet dans certaines conditions d’aller sur l’Everest…
*Le vrai vient d’être atteint par Frédéric Jousset il y a quelques semaines. Il en a fait un récit dans Challenges, extraits à lire ici.
Photo de une : le centre Webhelp de Tourcoing – © Edouard Jacquinet