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Trois sites ouverts, trois sites fermés en moins d’un an : l’imbroglio Stenico

Publié le 23 avril 2012 à 07:00 par Magazine En-Contact
Trois sites ouverts, trois sites fermés en moins d’un an : l’imbroglio Stenico

Stenico voyait les choses en grand. En septembre, la rédaction d’En-Contact révélait que l’outsourceur rochelais se portait acquéreur de deux sites fermés par Teleperformance, à Tours et Rennes. Dans le même temps, la société ouvrait une autre agence en grande pompe, avec 800 m² de locaux, à Marseille. Pour chacun des trois sites était annoncée la création de pas moins de 100 emplois de télévendeurs dans l’année. Et les recrutements suivaient leur cours. Jusqu’à ce que les candidats et organismes de recrutement subissent une drôle de surprise. A Tours, le 27 mars, Stenico devait participer à un forum de recrutement organisé par Pôle Emploi et l’ATRC (Association des professionnels de la relation client dans la région), et ils ne sont pas venus, « on s’est posé des questions », souligne Jean-Pierre Dumont, président de l’ATRC – et pour cause, le même jour, le site tourangeau fermait ses portes suite à une liquidation judiciaire, soit seulement six mois après son ouverture. A Rennes, une vingtaine de personnes, orientées par Pôle emploi, étaient venues visiter le plateau local aui aurait représenté un investissement de plus de 200 000 euros pour Stenico – une semaine plus tard, toujours en mars, l’antenne était elle aussi mise en liquidation. L’histoire du site marseillais est encore plus rocambolesque. En novembre, la direction ordonne l’arrêt des recrutements, alors que l’effectif s’élève seulement à 20 personnes. En décembre, la fermeture est annoncée par le siège. La moitié des salariés partent. Mais quinze jours avant le début du préavis, l’entreprise décide de relancer l’agence. Avant de finalement annoncer la liquidation judiciaire mi-mars !

Quand Stenico affichait ses ambitions

En définitive, ce sont respectivement 20, 25 et 50 salariés qui se retrouvent sur le carreau à Tours, Rennes et Marseille. Beaucoup d’explications sont échafaudées pour expliquer un tel imbroglio. On parle de « conflits de générations dans la direction », d’actionnaires ne s’entendant pas sur la stratégie, sans réellement savoir ce qu’il se passe. Et pour cause : la direction de Stenico se mure dans le mutisme, allant jusqu’à renvoyer certains confrères de la presse vers des cadres de l’entreprise… qui n’y travaillent plus. Jointe par la rédaction d’En-Contact au moment de la reprise des sites de Teleperformance, la direction rochelaise de Stenico avait envoyé en réponse à sa série de questions un communiqué unique, étrangement intitulé « projet d’article de presse » (voir notre encadré). La direction évoquait son « objectif de devenir le leader Français de l’externalisation du service commercial des entreprises d’économies sociales favorisant l’emploi de personnes handicapées » et comptait «  sauver des emplois en France ». A l’époque, Stenico employait déjà plus de 300 personnes et pouvait se permettre de sponsoriser un club professionnel de rugby. C’était il y a à peine plus de six mois.

« Projet d’article de presse »

Le groupe familial Stenico créé depuis 16 ans, est en pleine croissance et évolution de son modèle économique

M Moinet Bernard en créant Stenico ne s’attendait pas à une telle croissance durant prés de 12 ans, cette entreprise familiale Rochelaise a employé plus de 600 personnes fin de  l’année 2007.

M Moinet avait décidé du fait de la crise et de l’évolution de son groupe de faire une pause, mais depuis le début de l’année, avec l’entrée d’un nouvel associé, une nouvelle stratégie a été mise en place et le groupe est de nouveau en pleine évolution.

Cette nouvelle stratégie repose sur la constitution d’un groupe d’économie sociale rentable en valorisant le métier de la télévente.

L’objectif est de devenir le leader Français de l’externalisation du service commercial des entreprises d’économies sociales favorisant l’emploi de personnes handicapées.

Le groupe familial a fait de lourds investissements dans la mise en place d’une politique de ressources humaines adaptée aux métiers de la télévente, une informatisation des agences et surtout l’ouverture de nouvelles agences en France pour atteindre ses objectifs.

La société Stenico va permettre de sauver des emplois en France, en effet dans le cadre de son développement, le groupe a été retenu pour reprendre les agences de Rennes, Tours et Marseille, qui devaient être fermées par le numéro un mondial de la Télévente. Le groupe Stenico va ainsi préserver plus de 300 emplois.

En effet, la société a été retenu, et va signer une convention de revitalisation avant la fin juillet 2011, ce qui permet de faire des propositions d’embauches à compter du 22 aout à l’ensemble des salariés licenciés qui le souhaitent dans la limite de la convention signée soit 100 personnes à Rennes et 60 personnes à Tours.

Des formations vont être mises en place, pour s’adapter aux méthodes de ventes de Stenico, les produits sont destinés uniquement aux entreprises, aux collectivités, professions libérales, artisans et commerçants, jamais le particulier. L’ensemble des produits vendus sont fabriqués, conditionnés et distribués par des entreprises qui employant des personnes handicapés.

Dans le département de la Charente Maritime, la société va créer aussi plus de 200 emplois durant les 12 prochains mois.

Avec un total de plus de 500 emplois créés, la société Rochelaise devrait atteindre très rapidement les 1000 salariés.

Dans le cadre de son action, le groupe a décidé de devenir un des partenaires officiels du Stade Rochelais, l’objectif de ce partenariat est double. Le premier est de contribuer au développement sportif du club, considérant que les valeurs portées par le club sont celles du groupe et le second, est de permettre aux personnes quelque soient leurs handicaps, d’assister aux matchs à domicile ou à l’extérieur dans des conditions idéales,  considérant que le rugby est un sport qui favorise l’intégration.

Un modèle économique original aujourd’hui montré du doigt

Jean-Pierre Dumont, qui en tant que président de l’ATRC a été longtemps en contact avec Stenico depuis l’implantation de la société sur Tours, est loin de privilégier les explications « politiques » à la brusque disparition des agences de Stenico. Pour lui, les raisons sont pleinement économiques. « Ce qu’il faut savoir, c’est que le modèle de Stenico est de vendre des articles comme de la papeterie et des produits d’entretien jusqu’à cinq fois plus cher en jouant sur la fibre affective, puisque les articles sont conditionnés par des ESAT (ndlr : travailleurs handicapés). Or les télévendeurs étaient objectivés, m’a-t-on dit, sur la base de 280 euros de vente par jour. Sachant qu’en plus, ils voulaient recruter 300 personnes sur trois sites pratiquement du jour au lendemain, sans passer par des formations en profondeur, ça me paraît très difficile. Peut-être ont-ils vu trop gros ». Des objectifs difficiles à atteindre pour un personnel mal formé – cela semble être confirmé par le turnover impressionnant que connaissait déjà l’agence : « Le plateau de Tours avait commencé les opérations en septembre 2011, reprenant quelques salariés de Teleperformance qui avaient quitté Tours en février la même année, ainsi que du matériel, mais pas les locaux. Alors que 70 recrutements étaient annoncés à l’arrivée de Stenico, une quarantaine de salariés ont été admis dans l’entreprise, et quatre mois plus tard, en janvier, il n’en restait plus que cinq. Mais ils continuaient de recruter ».

« Très longtemps qu’on n’avait pas vu ça »

Faut-il s’alarmer pour l’avenir des salariés de Stenico dans les villes désertées ? A Tours, L’ATRC s’est proposée pour transmettre les CV des télévendeurs sur le carreau à 30 entreprises membres. Si Jean-Pierre Dumont est confiant pour leur avenir, l’affaire Stenico s’ajoute à la liste de celles qui ternissent l’image d’un métier qui n’avait pas besoin de cela : « Ca faisait très longtemps qu’on n’avait pas vu ça dans la région. Je ne me fais pas trop de souci pour les 14 salariés, qui trouveront certainement un nouvel employeur, mais ça donne à nouveau une mauvaise image du métier ».

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