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Survivre à l'inimaginable, comment affronter le deuil périnatal ?

Publié le 02 décembre 2021 à 09:16 par Magazine En-Contact
Survivre à l'inimaginable, comment affronter le deuil périnatal ?

Écrit par Pascale Vermont, Docteure en psychologie clinique, l'ouvrage est fondé sur les témoignages des patients que l'auteure a accompagnés aux USA, sur ce sujet. L'éditeur du livre en France précise ce qui l'a amené à traduire le texte et l'éditer.

Pourquoi éditer, en langue française, l’ouvrage d’une psychologue franco-américaine initialement écrit en américain ? Notre pays compte de nombreux cliniciens qui ont couché dans un ouvrage le fruit de leurs recherches, constats, des ouvrages dont certains d’ailleurs sont reconnus comme essentiels. Peut-être d’abord parce que Pascale Vermont n’est pas une praticienne de plus : née en France et vivant sur la côte Ouest des États-Unis depuis plus de vingt ans, elle a cette absence d’œillères et ce souci du pragmatisme qui nous font parfois défaut. Quand nous relisions les épreuves du livre, elle a tenu par exemple à ce que nous utilisions le qualificatif de clients et non celui de patients pour parler des couples qu’elle suit ou a suivis dans son cabinet : « La perte d’un enfant n’est pas une pathologie, on ne peut pas parler de patients », m’avait-t-elle répondu, rigoureuse et convaincue. En deuxième lieu, parce qu’un nouveau livre qui n’apporterait des bribes, des nouvelles pistes de réconfort qu’à deux ou trois familles seulement meurtries par un deuil périnatal aurait encore son utilité : « Une fois le drame passé, les parents restent avec le vide, l’absence, seuls » déclarait récemment dans Le Figaro Justine Perotin, psychologue clinicienne à la maternité de l'hôpital Antoine Béclère à Clamart (lire plus bas un extrait de son interview). Enfin parce que l’année 2021 restera marquée par les premiers surgissements de ce deuil, encore tabou, dans l’univers du cinéma et des réseaux sociaux : depuis le 7 janvier de cette année, on a pu découvrir, sur la plateforme Netflix l’histoire des ravages, de la souffrance indicible créée par le décès d'un bébé (Pieces of a Woman, du réalisateur hongrois Kornél Mundruczó). Marquant, le film a été écrit par la compagne du réalisateur, Kata Wéber, qui a elle-même vécu ce drame. Dans un autre registre, Chrissy Teigen, la mannequin américaine épouse de John Legend a choisi, elle, de partager avec ses 32 millions d’abonnés sur Instagram les instants douloureux liés à la perte de leur enfant, à cinq mois de grossesse. Critiqué, ce partage en images de moments intimes a provoqué la réaction suivante d’Ilana Weizman, doctorante en sociologie et à l’origine du hashtag #MonPostPartum : « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons de témoigner. Certaines femmes préfèrent se taire, d’autres en parler. C’est en tout cas une façon de briser le tabou qui entoure les fausses couches. »
 

Ce sont ceux qui ont été confrontés à l’inimaginable, qui y ont survécu, qui sont souvent les mieux placés pour partager le fruit de leur expérience. Qu’ils viennent des États-Unis ne rend pas leur témoignage plus pertinent ni moins audible. Celui de Pascale Vermont ne devait pas rester accessible qu’aux seuls abonnés et clients de l’ex-libraire en ligne d’Amazon. Je suis fier et heureux de l’éditer à destination des lecteurs francophones.

En France chaque année, on dénombre 7 décès pour 1000 naissances

Pour quelles raisons le silence pèse t’il aussi fortement sur le deuil péri natal ?
Justine Perotin : Le tabou règne sur la mort de manière générale dans notre société. Dans le cas du deuil périnatal, il est encore plus fort car la maternité est auréolée d’images d’Épinal : la grossesse est forcément un moment formidable, le plus beau de l’existence ; mais c’est loin d’être toujours le cas. On oublie par exemple que durant la grossesse, les échographies ne servent pas seulement à connaître le sexe de l’enfant mais sont des outils de diagnostic d’éventuelles malformations. Quand je reçois des parents en entretien post IMG (interruption médicale de grossesse), un certain nombre disent qu’ils n’avaient jamais imaginé la possibilité d’une malformation. La plupart connaissent le risque de la fausse couche durant les trois premiers mois, mais une fois ce stade passé, ils se disent que tout ira bien.
De plus, durant la grossesse, les mécanismes psychiques qui se mettent en place font que les fonctions cognitives peuvent être débordées par les enjeux émotionnels, agissant comme un point aveugle en déniant les représentations d’un bébé malade et plus encore celles d’une mort possible. Le décès d’un bébé est tellement contre-nature, illogique, que les parents ne peuvent envisager d’accompagner leur enfant dans la mort, d’autant plus qu’il n’est pas encore né. Enfin, il reste une question importante, il n’y a pas de mot qui permette de définir ce qu’est un homme ou une femme qui perd un enfant à la naissance. (…)

Source : Madame Figaro, Ophélie Ostermann, le 12 janvier 2021

Par Manuel Jacquinet

Survivre à l'inimaginable, par Pascale Vermont
Editions Malpaso-Radio Caroline Média

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