Pascal Demolon et ses comparses hilarants dans De mauvaise foi. Produit par Saje et pré-acheté par Canal+

L'Amour ouf à Paray-le-Monial et en break Volvo
De mauvaise foi, le premier film produit par Saje Production, sort dans 330 salles de cinéma en France. Comment faire, dans une famille catho où l'on roule en break Volvo, pour trouver un mari “convenable” à sa fille et sauver son château ? “Pipi, la prière et au lit” Blandine, l'épouse de Réginald, incarnée par Herrade von Meier, annonce la couleur et nous réjouit, comme tout le casting, dans cette comédie sans prétention mais pas sans charme.
Hubert de Torcy est moins connu que Pierre-Edouard Stérin. Les deux entrepreneurs ont en commun leur foi. A partir de demain, Hubert joue probablement l’avenir de sa PME, en salles de cinéma. Réginald et la Comtesse ont tout fait et donné, à l’écran, pour que ça se passe bien. Télérama n'a pas aimé, nous oui.
Ce qu’il faut faire pour plaire au bon dieu, aux notaires, à la DRAC
Un notaire vieille France doit impérativement sauver son château délabré et empêcher le mariage de sa fille avec un golden boy prétentieux. La fortune promise par une comtesse mourante à un jeune artiste bohème, pourrait régler tous ses problèmes. À condition que le futur héritier devienne un bon catholique, et tombe amoureux de la jolie fiancée, voilà l'argument du film.

Tout comme la grande majorité des spectateurs conviés aux avant premières, la comédie nous a enchantés et distraits, grâce à un casting qui fait la part belle à Pascal Demolon, Philippe Duquesne et de nombreux seconds rôles réussis. Et à l'histoire, laquelle, sans être très nouvelle, constitue un bon argument pour une comédie familiale : un protagoniste doit y prouver la réalité de sa foi, pour percevoir un héritage qui pourrait sauver un château délabré. “C'est une comédie, grand public, dans laquelle je crois on parle d'un sujet sérieux, en respectant ceux qui ont la foi et ceux qui ne l'ont pas” indique Philippe Duquesne, qui campe un clerc de notaire détonnant et bien entouré: “ Ils ont réussi le casting : on a été accompagnés par de jeunes comédiens talentueux ce qui apporte une touche de fraicheur” complète celui dont l'envie de devenir comédien est née en regardant Louis Jouvet.
Tournée à Paray-le-Monial et au Château de Rambuteau, la comédie aurait couté 2,5 millions d’euros, soit la moitié de ce que nécessite la moyenne des films français, mais elle déclenche trois plus de sourires que quelques récentes comédies devant lesquelles on s’est.. parfois endormi. Peut-être parce qu’il y souffle une fraicheur et quelques séquelles heureuses d’un cinéma qui rappelle celui de Louis de Funès, des Charlots. On passe de la comédie à l’émotion, de Blandine (Herrade von Meier) à la Comtesse (Evelyne Buyle), du trader à l’artiste désargenté, sans s’ennuyer. Les premiers rôles y sont tenus par d'excellents comédiens qu'on voit d'habitude au second plan. Blandine, Réginald, Edmond, break Volvo, le spectateur n'a pas besoin d'être un fin cinéphile pour saisir, dès les premières scènes, expressions sur les visages, qu'il lui est simplement proposé un bon moment, un rendez-vous avec la distraction. Au théâtre ce soir, l'écoute d'un album de Deep Purple ou de Status Quo, la lecture d'un Maigret procuraient le même plaisir. Pas de tromperie sur la marchandise.
Le film est tiré d’un livre qui avait bien fonctionné lors de sa sortie: Les pieuses combines de Réginald, écrit par Thomas Hervouet. Il a été adapté par Hubert de Torcy, le fondateur de Saje.
Saje distribution et production. Ce dernier, ex-cadre de Peugeot, diplômé de HEC, mène un parcours original dans le cinéma français, avec un focus sur des films où l’on parle de la foi. Il a été critiqué (avec pas mal de mauvaise foi) pour des films qu’il a distribués, tel Unplanned. Mais il a également démontré son flair en distribuant le film où Gad Elmaleh songeait à se convertir: Reste un peu.

Quitte ou double pour Saje Production
Avec 330 salles qui vont le projeter, voilà De mauvaise foi placé sur une sacrée rampe de lancement. Présenté à l’Alpe d’Huez et lors des nombreuses avant-premières, la comédie a ravi les spectateurs. Son succès conditionnera certainement la suite des aventures de Saje dans la production, un métier où le nombre d'entrées en salles de votre premier ou dernier film conditionne l'avenir. C’est un premier essai réussi pour le producteur qui apparait d'ailleurs dans un cameo, à la manière de Hitchcock.
Demain, comme avant lui de nombreux film makers, Hubert et Albéric Saint Martin, le réalisateur, guetteront donc les chiffres des entrées en salles et les notations, sur UGC ou Allociné. Depuis plus d’un an, UGC permet en effet de noter, sans tricherie possible, les films qu’on a visionnés dans les salles du réseau, une sacrée innovation. De mauvaise foi y a pour l'instant atteint la note de 3,6.
Lors d'une interview récente accordée à KTO, Philippe Duquesne a raconté comment le projet de film est arrivé jusqu'à lui (grâce à la recommandation faite à la production par Pascal Demolon) et pourquoi il a dit oui, dès après la lecture du scénario. Avez-vous la foi, lui demande la journaliste ? “ Je ne suis pas certain de l'organisation du monde” ajoute-t-il.
De mauvaise foi fait songer aux cartes postales Yvon qu'on envoie pour évoquer ses vacances, pour donner de ses nouvelles à des proches. Les choisir à la maison de la Presse, les écrire et en recevoir sont des plaisirs à ne pas bouder.
PS: Dans les prochains Cahiers de l'Expérience Client, l'interview complète de Pascal Demolon, réalisée au Terrass Hôtel. On y évoque sa rencontre avec Ken Loach, sa perception de la SNCF qu'il utilise souvent : le comédien habite à Reims et vient d'enchainer plus de vingt-cinq voyages pour présenter le film.
Manuel Jacquinet.
