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Mylène Farmer et Cécile de France au Studio Guillaume Tell, à Suresnes

Publié le 26 septembre 2025 à 10:00 par Magazine En-Contact
Mylène Farmer et Cécile de France au Studio Guillaume Tell, à Suresnes

La célèbre chanteuse, sur les traces de Françoise Hardy, de Dee Dee Bridgewater, dans l’un des derniers studios de légende que compte la banlieue parisienne. Suresnes, haut lieu de l’enregistrement sonore ? Sans aucun doute. Roland Guillotel et son équipe y accueillent les plus grands artistes, depuis bientôt quarante ans. Le studio a ouvert en 1986

A Boulogne-Billancourt, le célèbre studio d’EMI, appelé également Pathé, a fermé, remplacé par un Franprix. Nulle trace dans les rayons de la supérette, du passage des Rolling-Stones, des Beatles, de Gérard Manset ou d’Indochine. Ce qu’on sait moins, c’est qu’à quelques encablures, la ville de Suresnes a été et continue d’être un haut lieu de l’enregistrement de disques, de musiques de films de duo. VIP, le premier tube grand public de Françoise Hardy y fût enregistré, occasionna quelques conflits, comme l’a raconté Jean-Noël Chaléat, le compositeur du titre. Ray Charles et Dee Dee Bridgewater y ont gravé un tube imparable. Récemment, Mylène Farmer y est venue, pour prêter sa voix, distinctive, à Dalloway, l’agent IA qui aide Clarissa (Cécile de France) à écrire un nouveau livre. 

Guillaume Tell Studio à Suresnes

La voix de Dalloway, enregistrée à Guillaume Tell
Yann Gozlan, le réalisateur du film, raconte* la genèse de cette collaboration et le travail qui a été réalisé à Guillaume Tell. 

Comment avez-vous eu l’idée de donner la voix suave et engageante de Mylène Farmer à Dalloway ? 
Un soir, par hasard, je tombe à la télévision sur une émission retraçant le parcours de Mylène Farmer. Ce reportage montrait une rare interview de l’artiste : même si, évidemment, comme tout le monde, je l’avais entendue chanter, je découvre sa voix au naturel. Une voix élégante, au timbre grave, qui m’interpelle et me séduit immédiatement. Une idée me traverse alors l’esprit : et si Mylène Farmer était l’interprète idéale pour incarner Dalloway ? L’idée me semble folle, mais continue à circuler dans la tête alors que je fais des essais peu concluants avec d’autres comédiennes. 

Sans trop y croire, je décide finalement de la contacter par une amie commune qui travaillait avec elle sur ses concerts et qui lui transmet le scénario. A ma plus grande surprise, Mylène lit vite et accepte le rôle. L’idée d’incarner une IA la séduit et l’amuse. C’est une chance pour le film : par sa stature, Mylène amène une chose unique : elle insuffle à l’IA une aura singulière entre mystère et fascina/on. 

Comment s’est-elle prêtée à l’exercice ? 
Dans le travail, je rencontre une passionnée de cinéma et une véritable actrice. Une grande professionnelle avec une oreille incroyable : je le constate lors des enregistrements de ses répliques quand je lui demande des changements d’intonation infimes – changements qu’elle réalise de manière très précise. Finalement, je lui dois beaucoup. D’abord pour son engagement – elle s’est investie totalement dans mon film – et surtout pour son soutien indéfectible à un moment où je rencontrais des difficultés pour monter le projet (..)

Aviez-vous une envie particulière sur le traitement de la voix de l’IA ?
Avant le tournage, nous nous sommes retrouvés avec Cécile et Mylène au studio Guillaume Tell, où nous avons enregistré toutes les répliques de Dalloway. Celles-ci ont ensuite été diffusées au tournage sur le décor pour que Cécile puisse interagir avec la voix de Mylène. Plus tard, lors de la post-production, j’ai demandé à Mylène de réenregistrer certaines répliques pour avoir un ton plus chaleureux et enjoué. Mon envie était que Dalloway apparaisse au début comme une amie bienveillante. Le traitement de la voix de l’IA été un travail délicat pendant le mixage. Mon parti-pris était de la traiter comme la voix d’un personnage, comme celle de Cécile. Il fallait la spatialiser, la faire exister dans le décor pour éviter une voix off plaquée. Mais j’ai constaté qu’en voulant trop la spatialiser par un système multicanal qu’offre le Dolby Atmos, la voix de Dalloway devenait trop celle d’une « machine », ce qui créait une distance avec le spectateur là où, au contraire, je désirais une proximité et des échanges les plus naturels possibles. Trouver le bon équilibre dans le traitement de cette voix a pris du temps au mixage. 

1986, enregistrement de VIP, Françoise Hardy
Le premier grand tube de Françoise Hardy a été VIP, composé par Jean-Noël Chaléat, qui l’a enregistrée, dans des conditions particulières à Guillaume Tell.

« Les séances de VIP sont les premières du studio Guillaume Tell, la première séance je pense. On a essuyé les plâtres, je dis ça en rigolant mais c’est vrai : les plâtriers travaillaient encore dans la cabine lorsqu’on est arrivés. J’avais réalisé la maquette du titre chez Roland Guillotel, mais à la Plaine Saint Denis, dans son précédent studio. Je n’étais pas équipé en matériel, je chantais alors les maquettes de mes chansons avec mon piano Fender.

J’ai un souvenir particulier de l’enregistrement de VIP : nous avions passé une nuit entière à travailler avec Patrice Tison, qui joue les guitares sur le titre et cette nuit-là, il avait joué le solo du morceau. En rentrant à la Bastille, où j’habitais à l’époque, au petit matin, pour me changer les idées, je mets la radio et j’entends que Daniel Balavoine est mort dans un accident d’hélicoptère. A chaque fois que j’entends le titre, que j’entends ce solo de guitare, je repense à Daniel Balavoine. C’est incroyable comme la musique marque comme ça des moments de notre vie »

Extraits du livre Studios de Légende, Secrets et histoires de nos Abbey Road Français. Editions Malpaso-RCM

*Extraits du dossier de presse du film. 

Studios de Légende, secrets et histoires de nos Abbey Road français 

Beau livre enrichi de photographies exclusives. 352 pages. Poids : 1,3kg !
Publié par Malpaso-Radio Caroline Média.
45 euros.

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