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Lettre ouverte à Pénélope Fillon : jouez-la comme Beckham !

Publié le 26 janvier 2017 à 10:59 par Magazine En-Contact
Lettre ouverte à Pénélope Fillon :  jouez-la comme Beckham !

Je ne sais pas Pénélope, si vous avez travaillé effectivement ou pas, si vous avez écrit de « vrais » articles dans la revue de l’Ardéchois au coeur fidèle (Marc Ladreit de Lacharrière), si donc vous « méritez »  effectivement de percevoir ces 500 000 euros qui agitent les rédactions depuis hier et à vrai dire, je m’en fiche un peu. (Cette lettre ouverte a été écrite le 26 janvier 2017)
Les experts, commentateurs, les parangons de ce qui est vrai, juste, fictif ou pas vont se déchaîner, ceux-là mêmes souvent qui :

-cumulent des salaires de journalistes connus et producteurs (ça existe ?)

-font travailler éternellement des intermittents (nan, ça existe ?)

sont résidents corse quand ça les arrange (Jean-Marie Colombani, nan, l’ancien rédacteur en chef du Monde ? Nan, c’est abusé !)

construisent des maisons sans permis dans les Alpilles (Inès de la Fressange et Denis Olivennes sont dans un bateau, mais jamais ne tombent à l’eau) parce que leur position d’ex-mannequin et de grand manitou des médias les rendent intouchables…

 louent le matin sur Airbnb leurs appartements (dont ils sont locataires, ce qui est logiquement illégal) et animent l’après midi des conférences sur le digital et la disruption  (ni vu ni connu, un petit bifton in the pocket).

quittent les ministères pour aller chez Google, Uber à des postes de lobbyistes.

ont été salariés de la Mnef, puis ministre

Jarrête là, vous m’avez compris est-ce que ce qui est légal est moral, c’est une sacrée bonne question  qui se pose de nos jours avec force : des entrepôts pour Amazon, construits dans des régions où sévit le chômage et la misère mais subventionnés par les régions, ça n’a rien d’illégal ; la trésorerie pléthorique d’Apple, en partie créée grâce à l’habileté fiscale, ça n’a rien d’illégal… 

Joue-la comme beckham

Mais ce que je sais Pénélope et qui n’est pas fictif c’est la réalité  de notre pays : 3 millions de chômeurs (nan !), les difficultés quotidiennes rencontrées par quantités d’hommes et de femmes de bonne volonté, de tout bord, que le spectacle de la gabegie pourrait rendre violents, médisants et qui mettent un point d’honneur à rester droits, à tenter de le faire malgré l’envie qui doit leur monter comme à moi, certains jours, de passer de l’autre côté de la ligne jaune : il est si facile de s’absoudre quand la boite à excuses est remplie.
C
e qui n’est pas fictif, c’est également et surtout l’énergie et les talents innombrables que n’importe quel déplacement d’une seule  journée à la Souterraine, à la Féclaz ou à Pantin vous fait partout rencontrer et qui saute aux yeux. Reconstruire la France, ce que semble vouloir faire votre époux ne se fera pas tant que l’argent, la célébrité, les passe-droits permettront à certains de ne pas vivre le même quotidien, selon qui vous êtes, avec qui vous couchez, ou l’endroit où vous êtes nés. Vous avez collaboré à la Revue des 2 Mondes, tant mieux, le danger c’est qu’il y en a vraiment deux !
Je ne crois pas ou plus depuis longtemps, Pénélope, que l’existence ressemble à Oui oui et la voiture jaune, je me rappelle souvent que Rimbaud a voulu changer le monde avec des mots mais qu’il a fini trafiquant d’armes ; que l’une de mes autres idoles (Bruce Springsteen ) – comme c’est  bête d’avoir encore des idoles à 50 ans passés – continue de faire des concerts de 3 heures 30, de chanter la vie des ouvriers du New-Jersey et que c’est peut-être cette sincérité jamais perdue et qu’on pressent qui lui vaut tous ses fans. Sur scène, la foi, l’énergie, un riff de guitare ne peuvent pas être feints, ils ne sont pas fictifs.
Je ne suis pas sûr d’avoir toujours payé à l’heure, été irréprochable, juste,  mais je sais que la vie nous donne à tous une deuxième chance, parfois de rattraper une boulette.
Pénélope, faites mentir la mythologie, n’attendez pas : ils vont se déchainer tandis que des millions de gens ont besoin de croire. Par exemple que ces 500 000 euros + les 150 000 euros peuvent servir à créer de vrais emplois. Philippe Bouvard disait “un emploi fictif, c’est un chômeur en moins”. 650 000 euros, ça payerait 15 smic pendant 2 ans ! ça en fait des gens à qui on redonne de l’espoir en vrai, pas fictif. On pourrait par exemple leur confier la gestion des appels aux commissariats de police qui seront bientôt surtaxés, hihi.

Juste une idée : appelez le Credit Coopératif* (c’est une banque et/mais ils essayent de faire des trucs bien, ils n’ont pas encore remplacé les conseillers en agence par des robots ou des chatbot), ouvrez-y un compte, transférez-y cet argent dont vous seule savez s’il est mérité ou pas. Proposez même à Marc Ladreit de Lacharrière, de faire de même (si ça se trouve, il peut même faire un selfie et faire du trafic sur PureMedia :), n’écoutez pas tous ceux qui vous diront que c’est un aveu, et patati et patata.

Jouez la comme Beckham, Pénélope, la sortie de route n’est jamais certaine, vous pouvez le FAIRE ! (ça me rappelle un livre que j’ai lu et apprécié…)

Manuel Jacquinet

NB : Cette lettre ouverte aurait pu s’appeler et/ou prendre pour titre :

Option 1 : Révoltons-nous ! 1+1+1.
C’est le titre de l’ouvrage récemment écrit par Alexandre Jardin et édité chez Robert Laffont, qui a bien raison : Il est temps dans ce pays que les “faiseux” prennent le pouvoir en lieu et place des “diseux”, que les commentateurs balayent un peu devant leur porte, que le parquet mette en prison de façon équitable tous les bandits y compris ceux munis de belles cravates. Et liront peut-être cette lettre ouverte de retour de Gstaad ou d’Ibiza où leurs “forfaits” leur permettent de séjourner plus régulièrement qu’à Aulnay-sous-bois.

Extrait de la page 30 de Révoltons-nous ! 1+1+1 : “Il est donc légitime d’être en colère quand tous ceux qui sont dans le réel et qui le produisent, je parle ici de l’ensemble des professions, sont dominés par une technocratie hors-sol qui, au lieu de soutenir activement les initiatives cherche à les contrôler – en les soumettant à sa logique administrative quasi démentielle.”

Extrait de la page 116 de Révoltons-nous ! 1+1+1 : “Au début, jusqu’à plus de trente ans, la starlette de la littérature que j’étais – c’est à vingt et un ans que j’ai reçu mon premier prix littéraire – ne lisait dans les hôtels “de province” que la presse parisienne. Puis peu à peu, je me suis rendu compte que la presse quotidienne et hebdo régionale était la seule qui diffusait régulièrement des nouvelles positives en rendant compte avec précision de ce qui se passe effectivement sur un territoire. C’est dans ces pages que j’ai découvert le portrait des gens pugnaces qui se battent et dont je n’avais, bien évidemment, jamais entendu parler : maires créatifs, entrepreneurs, etc. Au fond, l’esprit de dépression c’est l’esprit de Paris. Ailleurs, on se bat, donc on fête les bonnes nouvelles quand il y en a.”

Option 2 : The Guns of Brixton – Formidable chanson de Clash : “You can crush us, you can bruise us, but you’ll have to answer to the guns of brixton.”

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*0 988 201 017


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