Les clients américains obtiennent le retrait d’une nouvelle commission sur les paiements par CB
Dans un climat extrêmement tendu aux Etat-Unis vis-à-vis des banques, accusées notamment par le mouvement « occupy Wall Street » d’avoir causé et profité de la crise. Les clients américains la suppression d’une nouvelle commission sur les paiements par carte bancaire envisagée par les principaux établissements financiers du pays, comme le rapportait Pierre-Yves Dugua pour Le Figaro le 4 novembre.
Les clients américains font reculer leurs banques
L’indignation contre l’imposition par les banques américaines de nouvelles commissions à leurs clients qui règlent leurs achats avec une carte bancaire a porté ses fruits. Tous les grands établissements y renoncent. Bank of America, deuxième banque des États-unis, s’est résignée à imiter ses rivales. En début de semaine Chase, première banque de dépôt du pays, Wells Fargo, Suntrust et Regions Financial Corp avaient conclu qu’elles risquaient de subir trop de fermetures de comptes de clients offusqués. La commission de 5 dollars par mois, tout juste instituée par Bank of America, se retrouve donc éliminée à son tour.
« Nous avons écouté nos clients très attentivement au cours des dernières semaines. Nous prenons en compte leur préoccupation à l’égard de la commission sur l’utilisation des cartes de débit », explique David Darnell, son numéro deux.
Cette victoire éclatante pour les consommateurs américains démontre aussi les vertus de la concurrence. À la suite d’une longue bataille perdue par le lobby des banques, le Congrès avait plafonné, le mois dernier, le montant que les banques peuvent percevoir des commerçants dont les clients payent avec des « cartes de débit ». Il s’agit de cartes d’aspect similaire aux cartes de crédit, mais qui prélèvent instantanément le montant de la transaction sur le compte des clients. À aucun moment, la banque ne fait crédit à son client.
Les banques poussent depuis des années les consommateurs à régler ainsi, « pour éviter de transporter de l’argent liquide », faciliter le suivi de leurs dépenses et surtout rentabiliser leurs réseaux de paiement électroniques.
Chase estime que la nouvelle loi va lui coûter 300 millions de dollars de profits par trimestre. Wells Fargo chiffre son manque à gagner à 250 millions chaque trimestre.
7400 banques locales
Pour compenser cette perte de ressources, les banques ont voulu faire payer le service aux consommateurs, sous la forme d’une commission mensuelle. Mais dans le climat actuel de défiance à l’égard des banques, la démarche s’est révélée particulièrement imprudente. Une des particularités du paysage bancaire américain est en effet l’existence de 7 400 banques locales. Une alternative à la petite douzaine d’établissements dont les actifs dépassent 100 milliards de dollars. En encourageant les déposants à transférer leurs comptes auprès de petites banques qui ne font pas payer de commission pour ce genre de service, Barack Obama et ses alliés au Congrès ont touché un nerf.
Le chômage élevé, la fragilité du pouvoir d’achat et le ressentiment des contribuables à l’égard de banques qu’ils ont sauvé de la faillite en 2008-2009 ont créé un climat hostile aux grands établissements de crédit. D’autant que ces derniers sont soupçonnés d’avoir abusé de leurs prérogatives en saisissant les propriétés de clients incapables d’honorer leurs échéances de crédit immobilier. Les protestations du mouvement Occupy Wall Street, qui font des grandes banques leur cible privilégiée, semblent avoir encouragé la colère d’américains moyens. Ces derniers se sentent trahis par un système financier qui leur semble avoir à la fois causé et profité de la crise