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« La Brooklynisation du monde est en marche »

Publié le 24 février 2020 à 11:00 par Magazine En-Contact
« La Brooklynisation du monde est en marche »

De Airbnb à Big Mamma, des expériences soi-disant uniques nous sont proposées, sur un mode en réalité industriel ; la promesse d’authenticité s’est elle-même standardisée. C’est le propos de Jean-Laurent Cassely, dans No Fake, contre-histoire de notre quête d’authenticité.

De l’authentique en toc
Cuisine de mamie, mobilier vintage, bouibouis en Italie. L’authenticité fait rêver, c’est un marché lucratif. Quitte à devenir totalement factice, prévient Jean Laurent Cassely. (Interview donnée à Télérama)

La Félicità à Paris par Big Mamma – © DR

Qu’ont en commun le regain d’appétit pour le pâté en croûte, la mode des meubles vintage ou l’engouement pour les locations Airbnb ? 
La soif d’authenticité, cette recherche « névrotique » du vrai après des décennies d’uniformisation de nos modes de vie et de consommation globalisée. Elle se traduit par la glorification d’un néo-artisanat, la valorisation des petits producteurs, la recherche d’expérience de voyage « uniques ». Autant de symptômes d’une aspiration contemporaine décryptés par Jean Laurent Cassely dans No fake, contre-histoire de notre quête d’authenticité, essai stimulant qui secoue la boule à neige d’une époque (se) regardant beaucoup dans le rétro. Et montre comment, entre motivations vertueuses et récupération marketing, cette soif de singularité aboutit à créer de nouveaux standards. (…)

La quête d’authenticité que vous décriviez est une réaction à ce qu’on a appelé la « France moche »
La frustration propre à la vie urbaine moderne pousse à rechercher quelque chose qui lui fait cruellement défaut : l’authenticité. Dans les années 1970, cette quête d’authenticité était liée au rejet des « choses », de cette société de consommation première période, industrielle. Aujourd’hui, le malaise ne se fixe pas tant sur les objets physiques que sur l’accumulation de plus en plus rapide d’images, de flux d’informations, le seul secteur qui continue de croître dans un monde fini. Des images qui reproduisent, répliquent et distordent la vie quotidienne et on tendance à la déréaliser.

Ce mouvement aboutit il à son tour à une forme de standardisation ?
Oui c’est tout le paradoxe : les cafés hipsters se ressemblent tous, les quartiers gentrifiés, aussi. On a l’impression d’une production en série de cette économie de l’authentique, de petits laboratoires d’un Disneyland du vrai qui essaime un peu partout. La construction d’un modèle alternatif a abouti à une globalisation de la fabrique du vrai.

C’est ce que vous appelez la brooklynisation du monde…
Au tournant du siècle, le quartier de Brooklyn, à New York, a en effet été le foyer initial et l’incubateur de cette sensibilité néo-authentique, qui s’est répliquée ces dernières années dans les grandes métropoles.

On évoquera à ECTFF, 10 ème édition, cette mode pour l'expérience, les succès également de ceux qui en France, comme Alentour, tentent de devenir un Airbnb des expériences touristiques de loisir. Timothée de Roux.

Lire la suite de cet entretien sur Telerama.com

Source : Télérama 05/06/19. 
Propos recueillis par Virginie Félix

Photo de Une : South Williamsburg – © Calla Kessler/The New York Times

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