Avant l’Ultra Trail du Mont-Blanc, embouteillage chez les ostéopathes

Lionel Faure, tiré au sort pour l’UTMB, et sa jeune ostéopathe Hortense, qui s'occupe également de pédicures pour vaches. La préfecture de Haute-Savoie est une auberge espagnole, dynamique. C'est ce qui plait à la presque trentenaire installée au Medic Center. 

Les ultra- trailers et leur ostéopathe, une histoire annécienne
A Annecy, ville ultra sportive, c’est l’échauffement général. Dans quelques semaines, quelques amoureux de la course réaliseront leur rêve, après avoir été tirés au sort : participer à l’UTMB, la course chamoniarde. Chez Hortense J. ostéopathe installée en plein centre-ville, les séances sont animées. Parfois, il faut calmer les ardeurs. Mais on soigne et accueille aussi des anciennes connaissances, Lionel Faure et Alexandre Mauran. Interview des compères, réunis depuis presque trente ans par un point commun, l’amour du lac d’Annecy et des nombreux sports qu’on peut y pratiquer. 

Il y a un grand nombre de sportifs et notamment de trailers à Annecy et dans la région. Viennent-ils vous voir avec des demandes ou pathologies spécifiques ? Que leur conseillez-vous ?
Hortense Jacquinet : Il est vrai que la région est propice à pléthore d’activités d’extérieur, pour certaines très en vogue : trail, triathlon, ski, natation, golf. Pour citer l’exemple de la course à pied, il est évident que bon nombre de patients consultent pour des « plaintes » ou douleurs souvent liées à la pratique de cette dernière. 

Que ce soit des problématiques autour du genou, de la hanche et du pied/cheville, je remarque deux choses : les particuliers tendent de plus en plus à se « professionnaliser » dans leur pratique. Les patients deviennent « experts » dans celle-ci et sont friands de conseils pour mieux gérer leur effort, leur programmation, leur récupération. Je suis ravie d’en discuter avec eux pour les conseiller et d’observer l’intérêt croissant d’une partie de la population pour l’activité physique.

Mais la capacité d’adaptation du corps est souvent surestimée. Les douleurs ou blessures surviennent souvent dans le cadre du non-respect de l’adaptation progressive de la charge d’entrainement. Surtout si vous avez toujours exercé dans un cadre professionnel sédentaire, vos tendons ne sont pas capables de gérer du jour au lendemain un changement de charge notable !

Les patients se laissent vite submerger par la passion de l’activité et négligent les piliers mêmes de la progressivité (sommeil, entrainements trop longs et trop intenses plutôt que plus réguliers, mode de vie sédentaire)

Pratiquer son métier à Annecy vous amène-t-il à côtoyer beaucoup de sportifs ?
HJ : Je reçois et m’occupe de charpentiers, d’agriculteurs, de pédicures pour vaches et, c’est vrai, de pas mal de sportifs très accomplis. 

C’est une chance d’évoluer parmi une variété notable de patients quotidiennement. Et j’adore cette diversité, qui m’amène à être confrontée à des cas différents : comme je le rappelle souvent, « on ne sait jamais ce qui nous attend dans la salle d’attente » ! Les frontaliers, nombreux, ont souvent des rythmes intensifs et nécessitent d'adapter les horaires de consultations. J'en reçois dès 7h le matin et souvent, la journée s'achève après 21h, des horaires de parisiens :)

Depuis trois ans, j’ai le plaisir d’exercer mon métier avec des sportifs professionnels, dans le cadre d’évènements sportifs et d’évoluer depuis déjà deux ans avec l’association ARC Annecy (Annecy Running Club). Un ami d’enfance*, lui-même coureur accompli, m’a appelée un jour et m’a demandé s’il pouvait orienter vers moi des membres du club : certains de ses “compères” sportifs étaient venus au cabinet grâce au bouche à oreille et ils avaient été satisfaits de leur séance et peut-être..  des quelques conseils que je leur avais prodigués. Du coup, maintenant, j’en vois plus en consultation. Leur préparation à l'UTMB ou à la MaXi-Race du lac d'Annecy est scientifique et chronophage. Ils mettent tout en oeuvre pour ce rendez-vous, comme Lionel. Il a été tiré au sort cette année et en est très heureux. 

Les néophytes penseront qu'être tiré au sort, c'est comme la green card aux USA ou le loto, pas du tout, ça signifie que vos performance sont déjà suffisamment bonnes et remarquables pour que vous puissiez candidater, postuler. 

Pour ceux qui se préparent à des épreuves d'ultra-trail, comme l'UTMB, ou la MaXi-Race du Lac, à quoi veillez-vous en particulier ?

HJ: Si on prend l'exemple du trail, mon premier réflexe de thérapeute va consister à vérifier que son patient est assez fort de la hanche. C'est cette dernière qui va permettre de passer à la vitesse supérieure en termes d'intensité d'efforts encaissables ( séances longues, travail en côtes) que pour dé-verrouiller les amplitudes plus subtiles mais nécessaires à la discipline (descente de dénivelé, fractionné/sprint). Mais la zone du pied est bien souvent minimisée dans son action pour la prévention des douleurs du membre inférieur. Trop peu de patients axent suffisamment de temps sur le renforcement des muscles intrinsèques à la jambe et au pied. Je conseille par exemple de changer de modèles de chaussures lors de la semaine en variant les types de semelles et de pratiquer la marche à reculons. 

Soixante ans, dont quarante cinq de sport
Ancien cadre commercial de l'ODA, les Pages Jaunes, Lionel Faure le stéphanois et sa famille sont arrivés à Annecy voici vingt ans ou presque. Sur les pentes du Semnoz, le matin, à l'entrée du Parc des Bauges, si vous croisez un homme en bleu, affuté comme un Opinel, c'est Lionel. 

*Antoine Mauran, qui a raconté dans nos colonnes, son recrutement à Roland-Garros. 

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