Douarnenez, un nouveau Saint Tropez ? Intermittents, algues vertes et sardines s'y donnent rendez vous

A Douarnenez, il y a des algues vertes, un port, un écrivain et éditeur un peu fou et Penn Sardin, la grande enseigne spécialisée en boite de sardines, notamment millésimées. LVMH a racheté Officine Buly, Mme Fuchs a racheté Penn Sardin.
Un grand magazine féminin l'a présentée récemment comme un nouveau Saint Tropez. A trente minutes de Plogoff, de la Pointe du Raz, que faut-il connaitre et visiter à Douarnenez, si vous y descendez, une ville moyenne de 14500 habitants ?
Pendant des années, un Festival incroyable a accueilli des artistes, des stars. Il n'a pas trouvé son L'Oréal et a trépassé. Les Arts dînent à l'huile, créé en 1997, réunissaient musiciens, artistes et permettaient, lors de chaque édition, de découvrir et d'acquérir un nouveau décor de boite de sardines. Il y a, dans le monde, des collectionneurs de boites de sardines.
Dès 2007, les subventions viennent à manquer et le Festival va décliner. Yuna Le Braz, co-fondatrice du Festival, continue de mixer, en breton sous le nom de DJ Wonderbraz. La fille de Dan Ar Braz possède également une collection de Gramophones.

Penn Sardin, la reconversion d'une banquière
Pendant plus de trente ans, dans une rue qui descend vers le port de Douarnenez, une boutique modeste et à l’activité improbable est devenue une institution. Chantal Rivier, sa fondatrice, l’avait spécialisée dans le commerce des sardines, de tout type, dont les millésimées. On y venait de loin, rechercher de vieilles marques ou boîtes. La retraite arrivant, Chantal a mis en vente l’échoppe. Et bam ! En moins de quelques jours, après que plusieurs acquéreurs se sont manifestés, une famille a sauté le pas et a emporté le morceau.
En-Contact : Comment a germé l’idée de la reprise du magasin de Chantal ?
Anne-Isabelle Fuchs : Par hasard, lors d’une promenade en ville, devant l’annonce dans la vitrine d’une agence immobilière. Quelle surprise ! Nous connaissions en tant que clients cette unique et ravissante boutique mais ça été comme un coup de foudre, une « vision ». On s’est décidés en 24H. Heureusement, Chantal nous a assistés pour nous mettre le pied à l’étrier, après la vente, car c’est une sacrée aventure.
Comment comptez-vous développer l’affaire et l’introduire en bourse, un jour ?
Grâce à la mise en ligne d’un site internet moderne et en trois langues (français, allemand, anglais, en cours), à la présence sur les réseaux sociaux. Et en veillant à nous différencier des autres distributeurs par la qualité du service offert et par de petites attentions, surprises, pour chaque visiteur. Eh oui, la fameuse « expérience client », notre unique selling proposal ceci, de surcroît, dans un pays de sardines où l’offre est pléthorique et la concurrence… rude ! Enfin, en demeurant LA boutique de référence des puxisardinophiles, en proposant de nombreuses boîtes de collection, devenues introuvables ailleurs. Le tout avec des moyens artisanaux, mais en capitalisant, bien sûr, sur la légitimité de Douarnenez, en tant que centre historique et contemporain du petit poisson bleu.

Quand on est parallèlement, banquière et spécialiste du crédit hypothécaire, comment se passe la découverte des problèmes de stock, de caisse enregistreuse, de site marchand, etc. ?
Avec beaucoup de plaisir, mais la découverte de l’expérience de la vraie vie du commerce est une sacrée rupture. J’espère que toutes mes années d’expérience au contact d’une clientèle institutionnelle, c’est-à-dire la notion de service sur mesure, d’écoute véritable des besoins/souhaits du client, la conscience de la nécessité vitale de proposer une offre différente, nous seront utiles dans nos contacts quotidiens avec les particuliers, les douarnenistes bien sûr et les touristes de passage.
Notre concept est pointu : une boutique mono-produit et multicanale, mais il faut que ça marche. Nous comptons en effet nous établir, à terme, à Douarnenez en permanence.
Le premier livre d'un écrivain et éditeur un peu fou.
Un jour, chez Artcurial ou à Drouot, un livre s'échangera à prix d'or et fera monter les enchères, celui consacré aux sardines et à la conserverie, écrit et édité en 2018. Par Alain Le Doaré. Il est monumental et déjà épuisé. C'est un historien douarneniste qui l'a écrit, et une de ses connaissances à Quimper, graphiste, qui l'a aidé dans la mise en page et le projet d'édition. Au nom de la conserve, Chancerelle, un best-seller de trois kilos.

A Douarnenez, il y a un hôpital, une station de lavage pour les voitures, des anciens capitaines de la marine marchande revenus chez eux, un vieil hôtel avec une vue incroyable et des baignoires dans quelques chambres, ce qui est rarissime désormais. On pourrait y dormir ce soir, car il y a des disponibilités. A 149 euros, vue mer, le 31 juillet, on profitera de la vue sur l'une des plus belles baies de France, où les algues vertes se donnent désormais rendez-vous. L'article récent sur le sujet d'un certain quotidien a créé des émotions. On s'écharpe pour savoir ce qu'il conviendrait de faire. On élève beaucoup de porcs en Bretagne.
Pour dormir avec une vue mer à Saint Tropez, il en couterait par exemple, le 31 juillet, 490 euros, à l'Hôtel Le Sube, une trois étoiles et 1400 euros à La Ponche, établissement cinq étoiles par contre.
Rouge
La Tante Fine, qui a longtemps fait figure longtemps de Sénéquier local, a disparu. Le Café Efez lui a ravi la place de hot spot incroyable, Lez Le montant de l'addition n'y est pas comparable à celle de Sénéquier.
Les autres spots, connus ou pas :
- La librairie de l'Angle Rouge. “Fruit d'un travail collectif initié en janvier 2020, la Librairie de l'Angle Rouge a ouvert ses portes le 15 septembre 2020, à Douarnenez (Finistère). Elle a été créée sous la forme juridique d'une SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production) par quatre libraires-associé.es et un associé extérieur: Leïla Couroussé-Licois, Camille Damien, Brice Fontan, Elia Lesourt; et Pascal Favriou. Il s'agit d'une librairie indépendante et généraliste” Denis Lavant y aurait fait une lecture/ performance mémorable, lors des premières semaines d'ouverture.
- Le Café Efez est le Rose Bakery local, fondé par la cheffe Mahaut Le Lagadec.
“Il y a un siècle, les rues portuaires de la ville du poiscaille en boîte résonnaient de la colère de ses sardinières, leur grève historique marquant d’une pierre blanche l’histoire féministe et ouvrière. C’est peut-être ce parfum de révolte et d’entraide qui a poussé la cheffe Mahaut Le Lagadec (passée par Bonne Aventure à Saint-Ouen et Les Sardines à la Plage à Lancieux) à investir l’ancien Poullig, face aux mythiques Halles, pour y installer son Café Enez de quartier”.
- Le Clos de Vallombreuse, au charme désuet, est un hôtel où Maigret aurait pu mener une enquête.
Une cohorte de journalistes ou d'ex-journalistes de Radio France a élu domicile dans cette ville port, où cohabitent, sans dégât, des anciens marins, des Korrigan adeptes de l'économie alternative et des industriels de la sardine. Trois ou quatre très belles demeures intriguent dans une petite rue qui monte du Port.
A vingt-cinq minutes, c'est Audierne qui mériterait probablement d'être comparée à un nouveau Saint Tropez. L'hôtel Le Goyen, rénové, avec un spa et vue sur le port, c'est La Madrague, version Finistère. Il y reste des chambres, pour 195 euros, avec baignoire.
Sur la route pour vous rendre à Audierne, arrêtez-vous pour déjeûner ou dîner, à Pont Croix, chez GLAZ. Dommage qu'il n'y ait pas six étoiles sur Google Shopping, écrit un internaute. On y est allés, on confirme !
Une dernière chose, peut-être la plus importante : Les Douarnenistes aiment leur réputation de turbulence et d’audace téméraire, qu’ils fondent sur leur histoire, peut-on lire sur le site de présentation de la commune.
Par Manuel Jacquinet
