Teletech en redressement judiciaire – un repreneur étranger déjà en contact avec la préfecture – Exclusivité En-Contact
La société Teletech international, créée et dirigée par Emmanuel Mignot, a été placée en redressement judiciaire le 3 février par le tribunal de commerce de Dijon, et ce pour une période d’un an. L’administrateur judiciaire est Me Maurice Picard, de Bourg en Bresse, rattaché au réseau AJ Partenaire, de Lyon.
Depuis plusieurs années déjà, le projet industriel initié par Emmanuel Mignot connaît un parcours tout sauf tranquille : la création de son site de Dijon, par exemple, très avant-gardiste en termes d’aménagement et dans lequel la Splaad (Société Publique Locale d’Aménagement de l’Agglomération Dijonnaise) a investi plus de 5 millions d’euros, n’a pas jusqu’à ce jour permis au groupe de convaincre les grands clients qui lui auraient permis de passer un cap.
Bien que la société annonce une croissance de 17% et un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros pour 2015, Teletech International, qui ne propose aucune offre à l’offshore, ne figure que dans le top 30 des outsourceurs français. Son modèle de centres d’appels de petite taille, installés dans des agglomérations moyennes, et où les agents disposent d’une forte autonomie a toujours suscité beaucoup d’intérêt – mais plus de la part des médias que de la part des grands donneurs d’ordres.
Le concours de l’Etat pourrait s’avérer décisif
Joint par la rédaction, Emmanuel Mignot a déclaré « être optimiste pour l’avenir ». « Le problème est de restructurer notre dette car les fondamentaux de l’entreprise sont bons. Le redressement judiciaire va nous permettre de nous réorganiser ». A la Splaad pourtant, on ne semble pas envisager une poursuite de l’activité par l’équipe d’origine. Son DG Thierry Cousin nous déclarait ainsi : « Des contacts sont déjà initiés avec d’éventuels repreneurs de l’entreprise et du site, dont un acteur étranger avec lequel des discussions ont atteint un stade avancé ». Le concours de l’Etat pourrait s’avérer décisif, puisque les dettes sociales de Teletech se chiffrent en centaines de milliers d’euros.
L’ex-directeur de cabinet de François Rebsamen à la mairie de Dijon au moment où les travaux de rénovation du site furent engagés, n’élude pas qu’à l’époque, le soutien décisif apporté par la Splaad n’a pas pris en compte l’étude de l’environnement concurrentiel sur le marché.
« A l’époque, après le départ d’Amora (ndlr : le précédent occupant des locaux dont a hérité Teletech) de l’agglomération dijonaise, c’est un véritable traumatisme que la ville a connu, en même temps que s’altérait la considération pour toute la filière agroalimentaire. Teletech est arrivé avec ce projet ambitieux, mais nous mettait en compétition avec Lille. Le marketing territorial, c’est aussi savoir être compétitif pour retenir ce type de dossiers : nous l’avons été ».
La Splaad va-t-elle laisser tomber Teletech ?
Depuis, la Splaad a réagi, dénoncé le contrat de crédit-bail qu’elle avait consenti à Teletech, qui n’est désormais plus que locataire des bâtiments, et adopté ces derniers mois une démarche soucieuse de l’avenir. « J’ai demandé à nos conseils, en écartant un certain nombre d’actions judiciaires que nous aurions pu entreprendre, de ne pas appuyer encore plus sur la tête de l’entreprise, afin de préserver des solutions d’avenir. Ce dont nous avons besoin pour ce site et ce projet, c’est d’un véritable chef d’entreprise ».
Selon nos sources, l’un d’entre eux est déjà entré en contact avec la préfecture.
Après Saint-Augustin (Corrèze), qui a vu la liquidation de Cosa, la filiale locale de Coriolis Service, c’est un autre territoire contrôlé par un proche du président de la République, en l’occurrence François Rebsamen, alors maire de Dijon, où l’aide apportée à des outsourceurs en centres d’appels aboutit à un redressement judiciaire.
A l’heure où nous publions, la rédaction était en attente de la publication d’un communiqué officiel de la part de Teletech International.
Manuel Jacquinet
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