Quartier de combat
« Dans les années 80, quand tu touchais à un mec, c’est tout le 19ème qui se dressait face à toi ; ça a changé »
Dans un livre -documentaire composé à six mains, stupéfiant de réalisme et de vie, c’est une balade historique et presque familiale que nous proposent de faire Abdoulaye Sissoko, Pauline Guéna et Zakaria Harroussi, les trois auteurs du livre Quartier de Combat, édité chez Denoel. La promenade n’est pas forcément tranquille bien que touristique : de Danube à la Place des Fêtes, en passant par Riquet, Ourcq, la rue de Crimée, la filière des Buttes Chaumont, c’est à une découverte de la géographie intime du 19ème arrondissement de Paris, à la proposition d’une histoire économique et sociologique des quarante dernières années qu’on est convié. On n’en revient pas indemne mais presque heureux, réconfortés, désireux de mener soi aussi le combat qu'on peut.
« Que reste-t-il aujourd’hui parmi nos camarades, nos voisins, nos frères ? A vingt ans, on avait déjà connu tant de morts. Accident de moto, de voiture, coup de couteau, balle perdue, overdose, bavure. Il y en a derrière les barreaux, et d’autres chez les fous, dépressifs, suicidaires, psychotiques. Plusieurs sont partis pour l’Irak ou la Syrie, meurtriers mutilés ou dronés. On en voit un qui titube dans les jardins d’Eole, regard vide, cherchant de quoi se payer une dose de crack. Un père de famille s’envole de la fenêtre de son salon pour s’écraser sur le trottoir d’en face. Un autre meurt en braquant une pharmacie au bled, où l’ont renvoyé ses parents (..) Ils étaient nos amis, notre génération, les bons garçons avec qui on a grandi »
Pas de quartier dans le Quartier
Abdoulaye Sissoko et Zakaria Harroussi ne sont pas écrivains : tous deux ont simplement passé une partie de leur jeunesse et de leur adolescence à Paris, dans le 19ème, chacun dans des quartiers de l’arrondissement : Ourcq pour l’un et Danube pour le second. Ils en connaissent donc les recoins, les rivalités, les écoles et les lieux d’échange et de trafics en tout genre ; les combines qui peuvent n’avoir rien à voir d’ailleurs avec la drogue : qui sait que là-bas, au collège, l’avis d’un élève sur la filière et le métier qu’il désire faire sien ou apprendre n’est souvent pas entendu. Le conseiller d’orientation vous place sur la route qui lui semble adaptée, et c'est rarement celle pour laquelle vous aviez émis un souhait ou démontré des aptitudes. Et ce, qu’importe la filière choisie, BEP Chauffage ou femme de chambre. Tous ceux qu’on voit apparaitre dans le livre ont autre chose en commun : la proximité et la rencontre, faites tôt dans la vie, avec le réel, ses tentations, une forme de fatalité. Au fil des chapitres écrits comme autant d’épisodes qui se suffisent chacun à eux seul, Maliens, Tunisiens, Juifs se côtoient, vivent en harmonie ; se prêtent du sel d’un étage à l’autre et font la rencontre, un jour ou l’autre, de l’argent facile de la drogue, du crack ou de la cocaïne. Mais l’appartenance au quartier reprend le dessus, lors d'échanges rugueux ou bagarres pour aller venger son honneur. Le livre est riche de cette immersion dans les familles, la vraie ou la grande famille du Quartier, le long des rues qui en dessinent les frontières invisibles pour le visiteur d’un soir ; et de la façon dont il a été composé: le matériau sent la vie. Images, noms, lieux et histoires ont été apportées à une véritable écrivaine, Pauline Guéna. Et c'est très bien ainsi, comme dans les grandes chansons ou tubes des années 70 ou 80. A l’époque, un interprète qui savait chanter mais n’avait pas le talent suffisant pour arranger ou composer s’appuyait sur ceux qui savaient faire et l’on entend encore, quarante ans après, le bien-fondé de ces alliances. Chacun à sa place. Lors d'un rare passage sur le petit écran, dans C Politique, questionnés par Karim Rissouli, on a pu constater que Abdoulaye et Zak n'ont pas l'habitude de dire et raconter en quelques minutes ce qui fait le coeur du livre, de trouver rapidement comment résumer le propos de Quartier de Combat. La force du document et de son écriture sont un 1er bonheur, une vraie surprise. La deuxième provient des nuances que la “porte-plume”, Pauline Guéna (voir l'entretien qu'elle nous a accordé ci-après) parvient à inscrire dans les histoires, quand chacune pourrait ressembler à tant d’autres vues dans des séries ou reportages.
Le combat pour la vie et la fin des traditions mortifères
Restés proches du quartier où ils ont grandi et fait l’apprentissage de la vie et de la perte, Abdoulaye et Zak sont devenus l’un petit entrepreneur dans la sécurité et la protection rapprochée et l’autre agent de propreté pour la Mairie de Paris. Et maris, et pères de famille. Et militants associatifs contre les lacunes scolaires et les effets nocifs du désœuvrement. Là où tout commence, associé à la pauvreté. On rit parfois, comme lorsque le récit s’arrête sur une réunion de soi-disant concertation avec les dirigeants d’offices de HLM (voir plus bas), on pleure ou on enrage. On est tristes de voir tant de vies de protagonistes racontées au passé.
Pourquoi ce livre existe-t-il, a-t-il été composé ? Abdoulaye le raconte dans les dernières pages, quand il évoque la mort de Salif, son ami le plus cher et comment il s’éloigne du désir de vengeance : « C’est un cadeau de Salif, qui m’a laissé vivre, connaitre ma femme, élever mes enfants, sans avoir à payer sa mort (…) Beaucoup attendaient que j’aille venger Salif, que je fasse une vendetta, que je continue le mouvement sans fin de la guerre des bandes (…). J’ai beaucoup appris sur la nature humaine après la mort de mon ami. Je savais déjà que la rue n’avait pas cette loyauté qu’on lui prêtait. Que le code auquel on croyait depuis l’enfance n’existait peut-être pas. A la fin, c’est toujours chacun pour soi (..) Que les plus jeunes qui se sont laissés emporter par les embrouilles de quartier sachent qu’un jour, s’ils en ont la chance et le temps, ils boiront peut-être un café avec celui qu’ils veulent crever aujourd’hui, en l’appelant frère. En vérité, on ne s’allume qu’entre nous. Et tant que ça continuera, on ne sera que ça, des jeunes issus de l’immigration qui s’entretuent. Le temps apaise seul la rage. »
J’ai pensé, en fermant le livre, à la chanson des Gardes suisses que Céline place au début du Voyage au Bout de la Nuit : Notre vie est voyage ,dans l’hiver et dans la Nuit, nous cherchons notre passage, Dans le ciel où rien ne luit. Ou au beau livre et titre du 1er ouvrage de Tim Guénard : « Plus fort que la haine ». A la Place des Fêtes, où j'ai habité quelques années, que je suis allé revoir et qui n’a pas changé. Comme elle est mal nommée !
Emparez-vous de Quartier de Combat, lisez-le et faites-le lire. Il parle de nous tous, de ce choix qui nous est offert, à tout moment : tenter de dépasser le destin auquel un nom, une sale histoire ou un quartier vous destinent. Il parle d'hommes et de femmes qui, comme Abdoulaye et Zak, choisissent in fine la vie, de rompre avec des traditions dont ils ont compris l'inanité. De l'intelligence qui incite à aller trouver celui ou celle qui saura faire passer au mieux votre message. Des mères, des épouses, des enfants et de la vie quotidienne (préparer le petit-déj des enfants, courir le matin pour les emmener à l'école ) qui créent l'heureuse et paisible distraction. Pauline Guéna tient ici le rôle d'un écrivain public car, sans inciter un seul instant le lecteur à tirer des enseignements hâtifs, elle et ses deux compères nous baladent bien plus loin que la rue de Crimée. Lisez, lisez les avis, les affiches, les pancartes émaillées (..) lisez par dessus l'épaule du voisin, écrivait Louis Calaferte (Septentrion). On va ajouter : Lisez Quartier de Combat !
Entretien avec Pauline Guéna
Pauline Guéna est écrivaine. Aux côtés d’Abdoulaye Sissoko et Zakaria Haroussi, elle signe dans Quartier de Combat un portrait captivant du 19ème arrondissement de Paris et des parcours qui s’y construisent.
En-Contact : L’écriture de ce livre est animée par un rythme terrible ! Quel rôle avez-vous joué dans sa rédaction ?
Pauline Guéna : C’est moi qui l’ai écrit, je suis co-auteure de bon nombre de projets de ce genre. Zak et Abdoulaye ont évidemment relu chaque passage pour les corriger factuellement et ont été extrêmement précis sur le vocabulaire. On a passé beaucoup de temps ensemble, ils m’ont présenté leur quartier et ses habitants. Ils sont assez pudiques et j’ai rencontré, au départ, quelques difficultés à entrer dans leur intimité même s’ils ont fini par accepter de se confier. C’est de cette difficulté qu’est venue l’idée d’intégrer d’autres personnages au récit. Cela correspondait à la volonté de mes co-auteurs, qui souhaitaient faire un portrait de quartier, pas seulement une autobiographie. Leur histoire personnelle est ici au service du quartier, ils me l’ont contée et je l’ai mise par écrit.
Les jeunes des quartiers, comme on s’exprime désormais, s’emparent plutôt de la musique, de la vidéo, d’habitude pour s’exprimer. C’est le caractère intemporel d’un livre, cet objet que l’on pose dans sa bibliothèque, qu’on expose en librairie qui les a séduit ?
Ça a été un facteur, en effet. Tous deux avaient une volonté de construire quelque chose de durable, de poser une première pierre. De plus Zak est un grand lecteur, et je pense que ça a pesé sur leur choix. Avant de décider de travailler avec moi, il a lu mes précédents livres pour voir si ça correspondait à ses attentes. Cela étant, ils aimeraient adapter leur vécu en film ou en série documentaire. Abdoulaye, lui, privilégie une approche de vidéaste. Il documente déjà ce qui se passe dans le quartier en interviewant les habitants du 19ème arrondissement. Tous deux ont une vraie volonté d’archivistes et de passeurs.
Avez découvert des sujets, des réalités que vous ne soupçonniez pas en travaillant à leurs côtés ?
Il y des sujets que j’avais déjà abordés sous un prisme policier, en suivant des enquêtes : le terrorisme, la filière de la Butte-Chaumont et le trafic de stupéfiants notamment. Je connaissais l’aspect judiciaire de ces choses-là, mais je n’ai connu les auteurs de ces faits qu’en garde à vue et donc dans un cadre très spécifique. C’est très différent et fascinant à la fois, d’obtenir la confiance de ces personnes. Sur la filière des Buttes-Chaumont par exemple, on a pu reconstruire un récit intime des mécanismes qui poussent vers le fanatisme religieux. C’était très troublant mais ça m’a énormément apporté.
Hormis la mère, l’épouse et Anissa, les femmes sont quasi absentes de ce livre. Se sont-elles échappées plus rapidement du quartier ?
Je pense que dans ces quartiers-là, les femmes s’en sortent à leur façon et différemment des hommes, grâce aux études notamment. Le quartier est avant tout une société très genrée. Il existe une sociabilité masculine, les clubs de foot, le sport, etc et une autre féminine, parallèle. Comme les auteurs sont masculins, on a retranscrit leur univers.
Une histoire relatée dans le livre vous a-t-elle particulièrement marquée ?
Tout ce qui est en lien avec l’école, les histoires de personnes envoyées de force dans des classes professionnelles, ou vers des cursus qui ne les intéressaient pas. Il y a également ce qu’ils appellent entre eux la « classe enfants sauvages », vers laquelle les élèves perturbateurs sont orientés dès le CE1, une espèce de garderie où l’on rassemble les enfants de sept à dix ans, ceux que l’on juge incapables d’apprendre à lire ou à écrire, en attendant de les expulser ailleurs. Ces mécanismes d’orientation forcée sont profondément ancrés. Ils ne tiennent nullement compte des désirs des enfants, de leurs capacités ou envies et tous les jeunes que j’ai rencontrés sont passés par cette moulinette sociale. Cette ségrégation sociale et scolaire concerne tout le quartier, et les parents sont souvent désarmés face à ça. Anissa (à laquelle un chapitre est consacré) a une forte tête et parvient à s’en tirer, mais on a tout de même voulu la placer dans un cursus de femmes de ménages pour grands hôtels, contre son gré. La mère d’Abdoulaye a inscrit son fils chez la voisine pour qu’il refasse son année de CP et apprenne à lire ; sans cette chance, c’est toute une enfance qui passe à la trappe.
Malgré tout ceci, le livre n’est pas misérabiliste, est-ce une volonté de la part de Zak et Abdoulaye ?
Oui, totalement. Ils voulaient montrer les bons côtés de la vie dans les quartiers, l’entraide et les talents qui y naissent. Ça leur tenait à cœur de dénoncer ces conditions de vie, sans pour autant donner une vision noire de ce quartier qu’ils aiment et continuent de côtoyer. »
Extraits
Souvenirs de la cité d’Ourcq
(…) Abdoulaye
1982. On traverse la rue Léon-Giraud en vitesse, ma grande sœur, mes petits frères et moi, quatre têtes qui se suivent en quatre ans, on sort de l’école primaire de la rue Tandou, une voiture klaxonne, une voisine qui nous a reconnus nous engueule de loin, on accélère. Notre mère nous attend à la maison, avec une omelette et des frites. Le bruit d’un ballon de foot qui rebondit en bas dans ce qu’on nomme le square, un carré vide et plat au bout de la cité, nous appelle. On y a fait nos premiers pas, on y a joué au bac à sable, un de ses seuls aménagements. Depuis la fenêtre de la cuisine, un carré de ciel bleu, pur, éblouissant, se découpe au-dessus de mon coin de Paris.
Je suis arrivé à la cité Ourcq à quatre mois, en 1975, deuxième de douze enfants – six de ma mère et six de ma belle-mère, mais chez nous on ne distingue pas les demi-frères et sœurs, un frère est un frère, une sœur, une sœur. Ourcq est une grande cité beige et blanche, à un jet de pierre du quai de Marne, où près de quatre cents familles logent dans des barres disposées en épis. On peut y entrer par la rue de l’Ourcq ou par la rue Léon-Giraud. Sol rouge, immeubles de quelques étages, et des gens qui viennent de partout dans le monde. L’ancienne génération est vraiment mélangée : Français, Antillais, Portugais, Maghrébins, Juifs. Mes parents font partie des premières familles d’Afrique de l’Ouest à s’y être installées – elles seront de plus en plus nombreuses au fil des années 1980. Ils viennent de la région de Guidimara au Mali.
L’histoire de l’arrondissement tout entier est ouvrière et populaire depuis son commencement. Au départ, La Villette est un petit village qui va se développer avec la création du port en 1790, puis l’ouverture du canal Saint-Denis et du canal de l’Ourcq dans les années 1820. La commune est située hors de l’enceinte des Fermiers généraux, qui entoure Paris, et donc affranchie des impôts qui pèsent sur la capitale, ce qui attire de nombreuses industries. La gare du Nord est mise en service en 1846, celle de l’Est trois ans plus tard, le ciel sera longtemps noirci par la fumée des trains et des usines. Au milieu du XIXème siècle, les cinq abattoirs de Paris sont regroupés à La Villette, ainsi qu’un gigantesque marché aux bestiaux.
La petite commune est annexée à Paris en 1860, en même temps que Belleville, et devient le 19ème arrondissement. Il compte alors 75 000 habitants. En 1900, il est peuplé à 80% d’ouvriers. Rue d’Aubervilliers, on trouve jusque dans les années 1940 des petits cafés où l’on mange pour presque rien et où l’on peut même dormir quelques heures sans consommer. C’est le début des grandes cités ouvrières : la fameuse cité Rouge, située entre l’avenue Mathurin-Moreau et l’avenue Bolivar, est achevée en 1929. Bientôt va débuter la construction des grands ensembles où nous avons grandi. (…)
Ma rue connue jusqu’en Espagne
(…) Zak
Je suis arrivé dans le 19ème à l’âge de dix ans, début 1995, quand mes parents ont obtenu un logement à la cité Gaston-Pinot, quartier Danube. Cette rue-là, elle est connue jusqu’en Espagne dans le monde du trafic de stups, que ce soit la coke ou le cannabis. Les briques rouges, ils l’appellent. C’est la notoriété qu’on a hors frontières. Evidemment, mes parents ne savaient pas tout ça, et pourtant ils en connaissaient un bout. Mon père était boulanger à Belleville. Il nous a raconté l’ancienne époque, quand les rebeus venaient planquer l’héroïne dans la boulangerie. Coincé entre l’enclume et le marteau, on ne pouvait ni refuser un service aux voyous, ni parler à la police.
J’ai passé mes premières années à Belleville, royaume de l’héroïne. Quand elle nous emmenait au square, ma mère nous disait : « Jouez où vous voulez, mais prenez garde aux seringues. » On les reconnaissait à leur capuchon rouge et orange. Les héroïnomanes dealaient et se piquaient sous nos yeux, sur la place où on faisait du vélo. Ils nous envoyaient faire des petites courses, on leur rendait quelques services. C’est là que j’ai vu mon premier mort. Pour un différend lié à la drogue, un mec en a planté un autre à la gorge, en pleine carotide, avec son cran d’arrêt. L’homme a porté la main à la plaie pour essayer de la boucher. Nous les enfants on s’est approchés comme d’un seul homme pour regarder.
Les anciens racontent que dans les années 1980, quand tu touchais à un mec, c’est tout le 19ème qui se dressait face à toi. Ça a changé. A l’époque où on s’installe à Gaston-Pinot, c’est le début de la guerre des quartiers. Davantage une galaxie qu’une géographie fixe, à cause du jeu des alliances. Les principaux quartiers en rivalité sont Danube, Ourcq, Riquet, Cambrai et Place des Fêtes ; Laumière est rattachée à Ourcq ainsi que les HLM de l’avenue ; Stalingrad marche avec Riquet, et tout ce qui est autour de la porte de Pantin est associé à Danube. Chacun choisit son camp, selon une histoire ancienne et parfois oubliée. Ça fait du monde. Dans les rixes, il y a souvent tant de combattants qu’on n’en voit pas le bout, c’est comme une marée humaine, il en arrive encore et encore, de tous les côtés, c’est à se demander d’où ils sortent.
A la fin des années 1990, le quartier a eu ses trafiquants connus. Certains se conduisent en bienfaiteurs et redistribuent généreusement leurs bénéfices aux habitants. Il y a de vrais messieurs, qui nous emmènent au stade voir des matchs. Ils subventionnent les associations locales, ils ont toujours un petit cadeau, un geste, une attention. Et ils ne demandent rien en échange ? Tout le quartier est prêt à bouger pour eux. Aujourd’hui, certains dorment en prison, d’autres sont dehors - ils restent des figures. (…)