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On a aimé Les 2 Alfred, Sound of Metal, Le Régisseur… Et se rendre au Filaf !

Publié le 30 juin 2021 à 15:32 par Magazine En-Contact
On a aimé Les 2 Alfred, Sound of Metal, Le Régisseur… Et se rendre au Filaf !

Parce que les machines deviennent capricieuses, qu’on en a marre de Zoom et de la novlangue des start-up, et qu’il faut savoir qui a assassiné le régisseur de Coluche. 

Fallait-il ces derniers jours se rendre à Viva Tech, au cinéma ou à Perpignan, pour la 11ème édition du Filaf ? La rédaction d’En-Contact s’est rendue à deux de ces endroits et vous en a rapporté quelques suggestions, utiles au regard du temps parisien et d’une certaine élimination.

On a aimé la fantaisie et la révolte des humains, de tous âges,  dans la comédie animée et jouée par les Podalydès, Les 2 Alfred. Alexandre, quinqua au chômage, parvient à se faire embaucher dans une start-up, The Box, au sein de laquelle les employés ne doivent pas avoir ou faire d’enfants. Il lui faut vite découvrir et maitriser un langage qu’il ne connait pas, celui bourré d’anglicismes et de concepts fumeux et tenter de reprendre le cours de sa vie, en compagnie d’un autre compagnon d’infortune, Arcimboldo, entrepreneur de sa propre vie. Autrement dit, un slasher qui tente de gagner sa croute en menant des missions qu’il trouve et accepte sur des applications diverses.
Start-up ou scale-up ayant levé des fonds sur des concepts fumeux, voitures autonomes qui deviennent folles, banquiers cons comme la lune et très peu bienveillants, tout le monde en prend gentiment plein son grade. Sandrine Kiberlain campe une manager stressée et qui ment, comme tous, et tente de faire rentrer dans le droit chemin et sa voiture autonome -dont la commande vocale ne fonctionne plus - et son collaborateur, Denis Podalydès, Alexandre dans le film. Ce dernier découvre vite qu’il a été embauché en raison de son carnet d’adresses, de nature à faciliter la signature d’un contrat avec une ville de banlieue où s’organise bientôt un concours de drones.
Là ou Ken Loach conserve intacte la colère contre ce qu’il montre et dénonce (comme dans Sorry we missed you) le réalisateur des 2 Alfred, Bruno Podalydès veille à nous emmener vers une fin heureuse : les humains recollent les morceaux de leur humanité, acceptent de dire qu’ils ont des enfants. Abandonnent le culte des process. 

« Un jour Bruno est arrivé avec une sorte de dictionnaire du langage high tech : une mine. Ça peut se parler vraiment comme une langue étrangère. J’ai l’impression que ça s’est intensifié avec l’arrivée au pouvoir de Macron (…) C’est une langue qui donne à celui qui la parle une absurde illusion de contrôle, de pouvoir, de rapidité et de précision mathématique. Pur langage de domination. Il est nécessaire de s’en moquer et de faire naitre chez ceux qui la parlent le sentiment de leur ridicule. » (source : Denis Podalydès, dans le dossier de presse du film). Si l’on est en colère ou inquiet sur la marche du monde, faut-il croire à une fin heureuse ou s’emparer de son destin, pour lui tordre le cou ? éléments de réponse dans Sound of metal. 

Dans Sound of Metal, film visible depuis le 21 juin en salles mais sorti en 2019, Ruben est un batteur qui accompagne LOU son amoureuse et chanteuse, en tapant comme un sourd sur son engin. La perte soudaine de son audition va l’amener à devoir changer de vie, de façon radicale. Ou du moins à être confronté à des choix cornéliens pour récupérer son amour et sa vie d’avant. Dans une communauté où vivent des sourds, un homme sage va l’inciter à trouver le chemin de la sérénité, à abandonner le rêve.. de revenir à sa vie d’avant. Mais Ken, formidable Riz Ahmed, est un hargneux, qui ne croit qu’en ses forces et sa détermination. Il va vendre à vil prix son matos, le camion où il vit, pour assumer une opération qui devrait lui restaurer l'ouie. Qu’arrivera-t-il ? L’expérience proposée par le réalisateur et le sound designer embauché pour le film, Nicolas Becker, dès les premières images, parvient à emmener un peu le spectateur vers une communion avec la vie et les sentiments de solitude que doivent vivre les sourds. Réussi. 

Comme dans le merveilleux Une prière avant l’aube, sur lequel il était déjà intervenu, l’ingénieur du son contribue ainsi à créer l’empathie et la communion dans la tristesse du héros qui clôturent les 2 heures du long métrage. Sound of metal ? Le film que devraient proposer de voir, à tous leurs prospects, Jean-Charles Correa ou Thibault Duchemin, deux de nos entrepreneurs français qui tentent, avec succès, d’aider les sourds et malentendants à mener une vie normale. (Respectivement fondateurs de Deafi et AVA) 

Dans Le Régisseur, un roman rédigé par Jeanne Desaubry, et édité chez l’Archipel, l’ex-compagne du régisseur de Coluche revient sur une affaire qui a marqué la fin de l’année 1980. Le 25 novembre 1980, Marie, 22 ans, enrage de ne pas voir rentrer dans le petit studio, une nouvelle fois, l’homme qu’elle aime, René Gorlin. On va retrouver celui-ci assassiné dans un terrain vague de Gournay. Construit autour de son récit et d’interventions, depuis le ciel, de son ex-amant qui lui parle et lui écrit, le livre nous embarque dans une époque où l’on ne parlait pas de service client, d’employés de la première ligne. Régisseur pour Coluche, c’en était pourtant une et sacrée, de première ligne. Maitrisé, le livre se dévore, dévoile les tourments de la star du Café de la Gare, les lâchetés de son entourage, les habitudes et les pratique de son imprésario, Paul Lederman. A lire !

On a découvert et apprécié Le FILAF, méconnu mais qui ne devrait pas l’être autant, un Festival dont la 11ème édition se tenait cette année, à Perpignan où il est né. Ce festival de niche, comme le qualifient les ex-sponsors qui ne désirent pas renouveler leur partenariat avec l’organisateur, se consacre aux livres et aux films sur l’art. On y parle et discute avec des artistes, apprentis ou confirmés, qui se passionnent pour l’édition, la peinture, les photos, les documentaires tel celui, primé au FILAF sur le frère de Jackson Pollock, Charles Pollock. On y rencontre des sommités dans leur métier tel Gerhard Steidl ou Ed Ruscha ou Maylis de Kerangal. Tous viennent présenter un livre ou un film ou une partie de leur œuvre pour laquelle leur sont remis parfois des prix d’honneur. 
On y était, pour un livre édité sur les Studios de légende. On a apprécié la ville, la bonne humeur et l’implication des jeunes, très présents et qui venaient, pour certains, tenter de décrocher des bourses. L'éclectisme du Jury. Financer des œuvres sur l’art, y consacrer parfois des années, c’est ce dont tous parlaient, avec joie et parfois un peu de colère. Ce qu’on doit faire de celle-ci, de son étonnement face au monde, des doutes quand un projet auquel on tient se dérobe ou tarde à se concrétiser, une bonne question.
On devrait en parler à Viva Tech, qu’on n’a pas pu visiter cette année. Sorry ! On n’a même pas demandé un mot d’excuses. 

Par la rédaction d’En-Contact

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