Mon banquier (mon ex-banquier) est un con, mais il vole avec (une) application ! Le retour de la Société Générale
Rappel des faits
Chef d’entreprise, je suis client à titre particulier et professionnel à la Société Générale depuis 14 mois, sans aucun incident. Enfin, j’étais client. Mes comptes sont dans le vert et mes contacts avec une jeune chargée de clientèle professionnelle ont été bons depuis l’ouverture des comptes, qu’elle a gérés dans l’agence la plus proche de mon domicile parisien.
Voici quatre mois, la banque m’indique que mon compte professionnel doit être géré dans une agence… « plus adaptée à votre volume d’affaires » et m’incite… fortement à changer d’agence : quand j’écris « indique », je devrais plutôt évoquer le genre d’incitation qui ressemble fort à la promesse de Marlon Brando dans Le Parrain : je vais lui faire « une proposition qu’il ne peut pas refuser ». Cela signifie pour moi concrètement, de procéder à nouveau à tout le « ramdam » associé à une nouvelle ouverture de compte. Ramdam chronophage et complexe : les procédures dénommées KYC (Know Your Customer, ces procédures contraignantes qui ont, par exemple, incité HSBC Direct professionnels à cesser ses services en France) imposent à notre banquier de nous connaître… et me revoilà donc en train de signer des papiers, des papiers…
Mais on me promet un accueil personnalisé, plus adapté…
Quatre semaines à peine après ce changement d’agence, après que j’ai refusé de communiquer des copies de contrats commerciaux et documents internes à la vie de l’entreprise et justifiant des virements de compte à compte importants (j’estime qu’il s’agit de documents confidentiels, et ai proposé une attestation de notre expert comptable attestant la licéité de cette opération au regard de notre objet social), la banque clôture mes comptes, personnel et professionnels, avec un simple courrier débutant par une formule d’anthologie : « Nous n’avons plus convenance à maintenir la relation de compte que nous avons avec vous et souhaitons y fixer une échéance prochaine », me laissant 60 jours pour changer de crèmerie.
J’en conclus que je dois être un dangereux terroriste, qui depuis le 16ème arrondissement, fomente un coup d’Etat. Je comprends en réalité que pour effectuer un virement depuis mon compte vers un autre compte, je dois désormais, dans la cinquième économie du monde, demander l’accord de mon banquier. En réalité, je suis locataire-gérant de mes comptes bancaires. Je peux y déposer de l’argent, mais pour le retirer ou en virer, c’est sur autorisation.
Ironie, j’apprends que cette même banque est condamnée aux USA pour opération illégale avec sa filiale suisse, Société Générale Private Banking.
Épilogue
Je devrais donc, comme tous les moutons que nous sommes devenus, ne rien dire, subir, et lire avec délectation les publicités débiles dont nous sommes assommés par tant de banquiers sur l’expérience client, « l’esprit d’équipe » que nous devrions « développer ensemble », apprécier le story telling finaud qui doit mobiliser, dans les tours de la Défense, quantité de cerveaux tous fort diplômés. Accepter de devoir revoir tout notre système de facturation (puisqu’il faut modifier tous les Rib) prévenir les clients, fournisseurs. Les Nuls avaient raison : ne confondez pas la « Société Géniale » et la Société Générale.
Bâle 3 et toutes les règlementations convoquées pour justifier la bureaucratie et le manque de courage ont bon dos. Je vous dis juste : mon-ex banquier est un con !
Le problème c’est qu’ils sont un certain nombre à voler en escadrille, avec application*… et munis de leurs applications.
Mon banquier, je lui ai écrit, mais je crois qu’il ne va pas me répondre.
Un Billet d’humeur de Manuel Jacquinet
*application : nouveau mot magique, mantra qui doit permettre de tout faire gober ; sur son site, en première page la banque indique que son application permet une expérience inédite, très mobile.
Mobile, il faut l’être avec la SG. ?
« I’m gonna make him an offer he can’t refuse »
La société que je dirige, éditrice de presse et organisatrice d’évènements a plusieurs milliers de clients qui règlent à 80% par virement bancaire – cqfd