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« Ce qui nous menace, ce n’est pas les robots, c’est que les gens ne sachent plus ce qu’ils veulent »

Publié le 17 avril 2019 à 08:59 par Magazine En-Contact
« Ce qui nous menace, ce n’est pas les robots, c’est que les gens ne sachent plus ce qu’ils veulent »

Archive : En-Contact, mars 2018

Fred pigeon, styliste culinaire – © Lea Cuvinot/Studio Bouvier

Depuis le temps que le monde entier nous envie notre grande cuisine et nos chefs, japonais, américains et toutes les fortunes de la planète envoient leurs cuisiniers prometteurs se former chez nos grands chefs ou dans les écoles de cuisine créées par ceux-ci. La preuve, s’il en fallait une, que malgré les recettes écrites, le savoir-faire et l’art de monter une sauce ne sont pas encore reproductibles avec un robot. Dans la publicité culinaire, même combat : il existe des stylistes culinaires, comme Fred Pigeon, dont le travail consiste à préparer la photo du plat de coquillettes ou du burger qui finira en affiche 4X3 ou sur la homepage d’une application.
« Mon métier a encore de l’avenir mais ce qui le met en péril c’est plutôt l’incapacité de beaucoup de marques à savoir ce qu’elles veulent et un corollaire fréquent : tout vite pas cher. Nos interlocuteurs sont les agences de publicité ou des marques en direct qui communiquent sur leurs plats et désirent les mettre en scène, en soignant tous les détails. Bien que je fasse travailler souvent les plus grands photographes ou de vrais photographes, lors du shooting photo du plat concerné, il n’est pas rare qu’un assistant fasse, derrière notre dos, une photo avec son iPhone au cas où (dixit) sa photo serait bonne aussi. C’est dire qu’on a encore beaucoup de pédagogie à faire et qu’il faut garder ses nerfs. » Heureusement, Fred Pigeon a encore des clients convaincus de l’utilité de son métier : notamment Pole Sud, Tefal, et Traiteur St Once, mais aussi Lustucru, Bonduelle, Pomme de Pain, Géant Vert, et bien d’autres encore. Une bonne photo culinaire peut générer un bon pourcentage de ventes en sus. »

Avant d’être styliste culinaire, Fred Pigeon fut, entre autres, chef de cuisine au consulat général de France à New-York, responsable de la cuisine privée du Président de la République, à l’Élysée, et professeur à l’Institut Culinaire Français de New-York. Depuis 1990, il dirige à présent la société Food Style spécialisée dans la réflexion culinaire, la création de recettes et plus globalement le stylisme culinaire.

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Le questionnaire de Proust de l’expérience client

Les nuances sont importantes, les odeurs et les froissements de robe également, tout comme les attentions en boutique ou la home page sur un site internet. On a imaginé que Proust revenait parmi nous et concevait un questionnaire sur les madeleines qui changent tout ou laissent un bon souvenir en matière d’expérience shopping. Fred Pigeon, styliste culinaire, répond.

Quelle est la qualité que vous préférez chez un vendeur ou chez un conseiller en boutique ?
Le respect émaillé de culture, qu’il adapte son attitude et discours à mon besoin (conseil particulier ou au contraire discrétion).

Quel est votre principal trait de caractère, en tant que client, dans une boutique ? Et à quoi êtes-vous très attentif lorsque vous faites un achat en ligne ?
Intégrité (trouver ce qui me convient et dont j’ai réellement besoin, un produit, de l’information, de l’inspiration, flâner…).
L’ergonomie du site pour me guider, la capacité à ce que le site fournisse ce qu’il promet et la sécurité de transaction.

Quel est votre rêve de consommateur, de voyageur ?
L’épure, la simplification, la fluidité, l’attention.

Quelle est l’attention que vous préférez ?
La bienveillance, l’intelligence (culturelle et relationnelle).

Que détestez-vous par-dessus tout ?
La bêtise.

Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ?
Par excès de volonté de bien faire/fautes de jeunesse/circonstances difficiles.



Quelle est votre devise en matière de service ou d’expérience client ?
Un client content est un client qui revient !!! (même pas vrai !!!). Savoir ce qu’il veut vraiment. J’ai souvent à faire à des intermédiaires qui colportent une demande et ne sont pas capable de synthétiser véritablement ce qui est demandé et ainsi valider ou invalider mes propositions. Je suis l’homme sensé satisfaire l’homme qui a vu l’homme qui veut quelque chose qui pourrait satisfaire ses clients que l’on ne connait pas vraiment.

Y-a-t-il une livraison qui a changé votre vie ? Si oui, laquelle ?
Non, je suis très peu consommateur avec livraison.

Quelle a été votre pire journée de shopping ?
Je n’en n’ai pas à l’esprit mais foule/queue à la caisse/impossibilité de trouver un conseiller (si possible un vrai) ou le produit désiré/mauvaise qualité/participer à une fièvre acheteuse… contribuent au cauchemar.

Les algorithmes au service de l’expérience client, ça vous inspire quoi ?
Pas loin de la façon dont il est possible d’aborder la vie : intégrer des données de bases et faire traverser par des variables liées à l’expérience une impulsion… avec au milieu un facteur qui chamboule toutes ces données… Le facteur humain.

 

Par Manuel Jacquinet

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