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Emmy est morte parce que sa mère, fleuriste, a manipulé des fleurs coupées et importées

Publié le 05 novembre 2024 à 11:00 par Magazine En-Contact
Emmy est morte parce que sa mère, fleuriste, a manipulé des fleurs coupées et importées

Laure Marivain a été fleuriste de 2004 à 2008, puis représentante en fleurs de 2008 à 2011 dans les Pays de la Loire. Pendant des années, y compris durant sa grossesse, Laure Marivain a « consommé des pesticides », sans le savoir. Emmy, sa fille, est morte le 12 mars 2022, après sept années à lutter contre un cancer et a fait promettre à sa mère d’aller jusqu’au bout. Elle avait 11 ans. Une histoire, un drame qui interpelle et questionne ce qu'on peut mettre derrière les mots d'expérience collaborateurs. Qu'ont répondu la MSA, la Mutuelle Sociale Agricole et le Ministère de l'Agriculture, sollicités ? 

Laure Marivain © Thomas Louapre

Consommer des pesticides, sans le savoir. En réceptionnant des fleurs traitées en provenance des Pays-Bas et d’Amérique du Sud, en les installant dans le magasin, en confectionnant les bouquets, en épinant, en nettoyant les fleurs, les végétaux, les feuillages, en changeant l’eau des bacs, en chargeant les bottes florales dans le camion, en les livrant chez les clients. Toujours sans protection. Et sans mise en garde. Les microcoupures aux mains, les débuts d’eczéma, elle n’y prêtait pas attention. Pas plus qu’aux taches sur les feuilles des fleurs exotiques. « Les fleuristes ne voient pas le danger, seulement la beauté des fleurs », dit Mme Marivain, qui travaille aujourd’hui dans la communication.

95% des fleurs vendues en France proviennent de l’étranger et ne sont pas cultivées dans les mêmes conditions qu’en Europe, affirme Mme Bourasseau (de Phyto Victimes). Du producteur au fleuriste en passant par le grossiste, de nombreux professionnels de la fleur sont exposés quotidiennement aux pesticides. Dans quelle proportion et avec quel impact ? C’est aux pouvoirs publics de le déterminer en mettant en place un recensement des professionnels, des mesures d’exposition et un suivi post professionnel accru de ces travailleurs ».

Selon les informations du Monde et de la cellule investigation de Radio France, Emmy est le premier enfant dont le décès est reconnu par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Une première pour une victime décédée. Une première, aussi, pour un professionnel de la fleur. Entre le diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique B, en janvier 2015, et sa mort, Emmy a connu une rémission complète et trois rechutes (..) . Contacté, le gestionnaire du FIVP, la Mutualité Sociale Agricole, la MSA, affirme ne pas avoir de « mandat pour s’exprimer sur la politique d’indemnisation du fonds créé par la loi ».

Le déni continue
« Ce n’est pas l’argent qui nous motive. Quand on porte son enfant mort dans ses bras, ça n’a pas de prix, dit Mme Marivain. Nous souhaitons seulement que les droits de notre fille ne soient pas bafoués et que plus aucune famille ne vive ce que l’on endure. » L’ancienne fleuriste attend aussi du procès que « la culpabilité change de camp ». « Toute ma vie, je porterai ce poids : le sentiment d’avoir tué ma fille à cause de ma profession, témoigne-t-elle. Alors que les lobbys des pesticides continuent à s’enrichir en empoisonnant des enfants. »

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Les fleuristes, les fleurs, les risques
- Selon les estimations de la Fédération française des artisans fleuristes, il existe entre 25 000 et 30 000 fleuristes en France, dont une majorité de femmes. Interrogé sur la question de l’exposition aux pesticides des professionnels du secteur, le syndicat précise n’avoir « aucun élément à communiquer sur le sujet » (..)

- Dès 2017, des tests menés par 60 millions de consommateurs sur des roses commercialisées par dix grandes enseignes en France révélaient la présence de quinze substances en moyenne par bouquet, dont certaines sont interdites par l’Union européenne (UE).

- Publiée en 2019 dans la revue Human and Ecological Risk Assessment, une étude, menée par des chercheurs de l’université de Liège (Belgique), fait toujours référence. Pendant quatre ans, ils ont suivi une quarantaine de fleuristes dans des boutiques en Belgique, lors de pics d’activité (Saint-Valentin, Fête des mères, Toussaint). Les résultats? plus de 100 pesticides ont été détectés dans les échantillons des fleurs les plus vendues (roses, gerberas, chrysanthèmes), autant sur les mains des fleuristes, munis de gants en coton pour les besoins de l’étude, et 70 dans leurs urines, dont certains sont interdits depuis longtemps en Europe.

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