FINARE reprend Teletech International et 322 de ses salariés – la priorité du nouveau dirigeant : « Rassurer clients et collaborateurs »
C’est un groupe diversifié mais intervenant principalement dans le domaine du courtage en assurances qui a été retenu le 3 mai par le tribunal de commerce de Dijon pour la reprise de l’entreprise Teletech International, fondée par Emmanuel Mignot.
FINARE signe là un rachat significatif car Teletech International et Emmanuel Mignot n’ont jamais été « mainstream ». C’est donc un acteur indépendant qui se signale dans le secteur et dont les reprises récentes semblent indiquer qu’il a bien l’intention de s’y faire une place, en capitalisant notamment sur la diversification, le digital ou des choix technologiques innovants – ils sont rares dans le secteur à vendre du lead certifié (Certilead) ou à utiliser des opérateurs télécoms en trunk Sip comme Maniterm. En effet, après le rachat de Wato à Mérignac (désormais connue sous le nom de Wecan) et de Nestor et Nelson au Havre et à Reims, l’entreprise fondée par Karim Irouche signe un rachat plus que symbolique. Ce dernier nous livre son témoignage sur cette opération, dans une interview exclusive.
Tous les sites de production de Teletech International sont ils concernés par l’opération de reprise ?
Les 5 sites de production sont repris dans leur totalité. A Dijon, il y avait un petit site affecté au service support, eux vont rejoindre le site de production.
Et les salariés ?
Nous reprenons 90% des salariés qui étaient dans le cadre de la procédure, soit très exactement, 322 sur 350.
Emmanuel Mignot est-il associé au projet de reprise ?
Je ne sais pas ce que vous mettez derrière ce mot, « associé »… Il n’est pas associé au projet de reprise d’un point de vue capitalistique, mais nous discutons avec lui pour réussir au mieux la transition.
Le plus gros site est le site principal de Dijon, dont la Splaad est propriétaire : allez-vous le louer en totalité, ou seulement en partie ?
Non, une partie, avec une option sur une autre partie.
Peut-on connaître le montant de cette reprise ?
Je préfère qu’on ne mentionne pas ce chiffre. Aujourd’hui, ce qui est important, c’est le nombre de salariés que nous reprenons, et comme je vous l’ai dit, nous en avons repris 90%. C’est ce qui a été dans les faits déterminant.
Votre holding contrôle plusieurs activités : quel est le projet ? Qu’est ce qui vous a intéressé dans le dossier Teletech International ?
Nous avons une branche courtage d’assurances (ECA Assurance) et une branche centres d’appels, qui regroupe outre ceux de Teletech trois sites de production : Nestor et Nelson au Havre et à Reims, et Wecan qui se trouve à Mérignac. Nous sommes venus renforcer cette branche centre d’appels, mais surtout, nous sommes capables d’apporter aux clients de Teletech une grosse expertise en bancassurance qu’ils n’avaient pas.
Karim Irouche – PDG & Fondateur de ECA
Mais quel est le projet ? Utiliser ces sites pour vos activités ou aller voir les grands clients de Teletech pour leur proposer vos autres services ?
Utiliser les sites pour notre propre compte est une partie du projet, mais ce n’est pas l’essentiel. En revanche, proposer aux clients de Teletech une panoplie de services plus large que ce qu’ils ont aujourd’hui, oui, c’est clair. Nous sommes capables, aujourd’hui, de construire des produits d’assurance, de mettre des systèmes d’information à disposition, de vendre ces produits. Aujourd’hui, Teletech, dans sa configuration, ne faisait, même si c’est déjà beaucoup, que de la gestion de la relation client en appels sortants et entrants.
Avez-vous eu l’assurance des grands clients de Teletech de la poursuite de leur collaboration avec vous ?
Nous avons été désignés par le tribunal comme repreneurs il y a une semaine, nous venons donc juste de commencer à aller voir ces clients pour nous présenter. Ils sont également dans une période d’incertitude et d’inquiétude, nous devions les rassurer sur la poursuite de l’activité. Aujourd’hui, nous n’avons pas de garanties particulières.
Quel est le montant total du chiffre d’affaires réalisé par la holding ?
En 2015, 35 millions d’euros, et 4 millions de résultat d’exploitation.
Qui en sont les actionnaires ? Des fonds d’investissement sont ils présents dans le capital ?
Il n’y a pas de fonds, c’est un groupe indépendant, que j’ai crée il y a maintenant une vingtaine d’années, et qui intervient dans quatre métiers : l’assurance, la gestion de patrimoine avec Selfepargne, la régie publicitaire sur internet et les centres d’appels.
Les négociations avec la mairie et la Splaad ont-elles été simples ?
Cela n’a pas été forcément simple. Je ne connais pas tout l’historique et je ne cherche pas nécessairement à le connaître : je vois un très bel outil de travail, qui était loin d’être utilisé dans sa pleine capacité. Ce qu’ils voulaient savoir, c’est si nous étions capables de leur apporter des garanties sur l’utilisation, dans le temps, de cet outil de travail. C’est ce que nous avons essayé de faire. C’est aussi une des raisons pour lesquelles le site support de Dijon n’a pas été repris, afin de renforcer l’utilisation du site « Campus ».
Une partie de la production, pour l’activité centre d’appels, est-elle réalisée en offshore ?
Non.
Dans le cadre de vos activités de centres d’appels, vous utilisez des technologies ou prestataires assez innovants comme Maniterm – quelle est la juste place de la technologie, selon vous, dans ces métiers ?
Aujourd’hui, sur l’ensemble des métiers sur lesquels nous intervenons, la dimension de la technologie est importante. Par exemple, nous développons l’ensemble de nos propres systèmes d’information. En cela nous sommes assez proches du mode de fonctionnement de Teletech, qui a également développé une grande partie de ses outils. Donc oui, la dimension technologique est importante.
Quelle est votre priorité aujourd’hui ?
Ce qui est important pour nous, dans un premier temps, c’est de rassurer collaborateurs et clients, donc nous n’apporterons pas de grandes modifications à l’organisation actuelle, en tout cas, pas à court terme. A moyen terme, il faut qu’on en discute avec les équipes et qu’on apprenne à se connaître.
Propos recueillis par Manuel Jacquinet