Close to the edge, rue de la Gaité (Passage à la Fnac obligatoire?)

Il est très urgent et important de réécouter Yes et Jon Anderson. Et Vangelis Papathanassiou. Quand on a frôlé le bord et le gouffre (Close to the edge), d’autres bonnes choses sont à venir et peuvent survenir.  

Getting over all the time I had to worry
Leaving all the changes far from behind
We relieve the tension only to find out the master’s name (…)
Down at the edge, close by the river,
Close to the edge, round by the corner.

Rue de la Gaité, Vangelis “enrôle” une fille de joie, pour expérimenter

Il a existé, dans une rue bien connue de Paris, un studio de musique fameux mais aujourd’hui disparu : le studio de la Gaité. Roger Roche, ingénieur du son au palmarès impressionnant, a eu le loisir, fin des années 70, d’y entendre, fréquenter et enregistrer Vangelis. De son vrai nom Evangelos Papathanassiou, membre à l’époque d’Aphrodite’s Child, groupe de rock progressif. Il a existé, au milieu des années 70, un groupe de rock progressif dont les différentes créations ont bercé les adolescences et soirées planantes de milliers de filles et de garçons : Yes. Close to the Edge, sorti en 1972, est considéré comme l’un de leurs plus grands disques, un monument du rock progressif. Je l’ai réécouté, je confirme. Pas un instant, je n’ai été tenté d’avancer plus loin dans aucune piste, même celle qui dure 18 minutes 41. Après le chaos sonore, presque embarrassant, des premières minutes, la voix de Jon Anderson surgit (3 minutes 55) et la batterie de Bill Bruford semble en être amoureuse, toujours en conversation avec elle. Plus tard, un clavier stupéfiant, une guitare qui n’a rien à envier à celle de Robert Fripp (chez King Crimson) arrivent comme des cambrioleurs et organisent la deuxième partie d’un rêve éveillé. A compter de 15’35’’, Rick Wakeman est carrément déchainé, sans parvenir à lâcher dans le sprint final Bill Bruford. Ça ressemble aux 800 mètres de Pierre-Ambroise Bosse, en finale des mondiaux d’athlétisme en 2017.

Jon Anderson et Vangelis travailleront ensemble ensuite, souvent sous la houlette du même Roger Roche, qui les enregistrera notamment au studio Davout, comme pour Friends of Mr Cairo. Autre album incroyable. Davout a disparu, tout comme le studio de la Gaité. Roche a assisté en studio à des histoires incroyables, comme celui de l’enregistrement d’une fille de joie que Vangelis fit venir, paya pour une session afin de l’enregistrer faisant l’amour avec son secrétaire particulier, dans la cabine du studio de la rue de la Gaité. Fou de nouveaux sons, d’expériences musicales nouvelles, le joueur de clavier désira même la faire figurer comme choriste sur les crédits de l’album 666, celui qu’il achevait alors. Lorsqu’il l’apprit, le patron de la maison de disques qui allait l’éditer devint furieux. La suite de l’histoire dans un podcast, en février 2021, grâce aux infos de première main de Roger, qui vit toujours et habite à Saint Briac. Et a enregistré cet album.

Close to the edge

Close to the edge, un sentiment que beaucoup d’entre nous ont eu l’impression de vivre cette année. Une place que fréquentent souvent ceux qui testent les limites, obsédés par leurs projets ou créations et dont les travaux nous permettent, plus tard, de traverser des heures compliquées. La rédaction d’En-Contact vous souhaite donc de joyeuses fêtes de fin d’année. Suggère à ceux qui ne connaissent pas encore Jon Anderson, Vangelis, de passer à la Fnac ou chez Nuggets (Ah zut, j’ai vérifié sur Google Shopping, ça n’existe plus Nuggets…). De réécouter également Ain’t Talking about love, du regretté Eddie Van Halen, qui a passé l’arme à gauche en octobre, presque en silence alors qu’il faisait du bruit. Au paradis, on m’a raconté qu’Eddie va changer la musique d’attente au standard. Qu’il voudrait en fait changer la musique d’attente pour mettre Eruption. Pas sûr que ça passe. J’espère au moins qu’il va tenter.

C’est à savoir

Si Vangelis et Aphrodite’s Child ont passé tant de temps en France, fin des années 60, c’est à cause de mai 68 et d’autres évènements ensuite qui empêchèrent le groupe de quitter le pays. Jon Anderson a également joué et enregistré au Studio de Miraval, dans le Var. C’est à lire dans Studios de légende en France.

Il y aura 4 numéros papier d’En Contact l’an prochain, tous les 3 mois, à compter de fin février. Le magazine continuera de s’intéresser à ceux et celles qui transforment l’expérience client et la façon de faire du commerce, en embarquant les technologies. Le calendrier rédactionnel sera mis en ligne avant la fin d’année.

Enfin, mardi prochain, nous publierons le top double album de l’année 2020, un recensement de tous les grands évènements marquants, selon nous, de l’année dans les domaines de l’expérience client, patient, visiteurs et des call centers et du CRM.
Les événements suivants mis à part, dont tout le monde a déjà saisi l’importance : la prise de recul de Frédéric Jousset qui a quitté le groupe de rock progressif marocco-belge dénommé Webhelp. Le retour aux commandes à la place de lead guitar et chant de Maxime (Didier) au sein de Cream (Comdata). L’arrivée dans le Walk of fame (le CAC 40) de notre Vieille Canaille, notre Vangelis des centres d’appels à nous : Daniel Julien (Teleperformance). L’un est né en Grèce, a travaillé en France et vit désormais aux États-Unis. L’autre est né en France, vit désormais aux États-Unis, mais il apprécie aussi la Grèce.

En-Contact est décidément un magazine bien informé ;), le Melody Maker d’une industrie remplie de joyeux instrumentistes ? 

Petit ajout du vendredi 18/12 : de passage à la Fnac Beaugrenelle, cette semaine, quelle surprise, alors que je venais de rédiger ce billet, d’entendre Yes et Close to the Edge, en réécoute publique au stand disques. La plus petite des Fnac parisiennes n’a pas tout en stock, mais elle dispose de disquaires au goût assuré et d’une site web Fnac.com qui fonctionne. Merci.

Par Manuel Jacquinet

Photo de Une : Photo d’archive de Roger Roche, au studio de la Gaité, avec Vangelis.