Comment Chris, Robbie et Sly ont sauvé le plombier
Édito n°105 /
(Dépannage à Nassau)
« Joe, y en marre que tu gâches ton talent. J’ai appelé Sly et Robbie et je t’ai pris un billet pour mon studio. Ils t’attendent là-bas. Y aura même peut-être Steve. »
Aux Bahamas, Joe a commencé par enregistrer un titre puis un autre. Dans l’album qui sortira et signera, pour l’ex-plombier à la voix éraillée, le retour des ténèbres, l’une des plus belles chansons, selon moi, est même un titre presque inconnu d’un américain et que celui-ci avait laissé trainer dans un coin : Seven Days (de Bob Dylan).
L’album Sheffield Steel, lorsqu’il sort en 1982, est une bombe atomique, sur laquelle la paire Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, à l’époque considérée comme la meilleure rythmique du monde (dans la musique, ça peut-être comme dans le foot : chacun y va de son classement incontestable) fait merveille. Le niveau de jeu, lors des sessions d’enregistrement, explique en partie aussi le choc musical : Steve Winwood (claviers), Wally Badarou (claviers), Adrian Belew (guitares), etc. Et les voix et chœurs de Robert Palmer, Jimmy Cliff. N’en jetez plus !
Je ne sais pas si les fameux assistants vocaux (Alexa, Google Home, Djingo bientôt, etc.) omni présents et affichés dans les magasins et les publicités font effectivement tout ce qu’on leur demande ; s’ils aideront les entrepreneurs à trouver des pistes de rebond commercial. Si Madame Michu parviendra, munie de ceux-ci, à acheter demain un billet SNCF pour un train qui partira EFFECTIVEMENT de la Gare Montparnasse. Et je ne sais pas si Chris Blackwell, le génial patron et fondateur du label Island, a tenu ou pas et sous cette forme la conversation que j’ai imaginée plus haut, avec Robert John Cocker. Qu’importe. Je sais par contre deux ou trois choses après avoir achevé ce numéro d’En-Contact.
Que la rythmique africaine qui performe, l’une d’elles en tout cas, est à Yaoundé, chez Vipp (page 56). Que l’appel qui peut tout changer dans votre vie, sera peut-être celui d’un producteur ou de Praxidia, la filiale de conseil de Teleperformance qui entend faire profiter ses clients du best of des conversations entendues et analysées et de ses solistes dans le monde (page 86). Que des casques à mettre sur la tête des solistes de l’expérience client, pendant les nuits d’enregistrement et de réécoute, on n’en manque pas. On en a même découvert une colonie, bien rangée, à Plymouth (page 6).
Puisse ce numéro 105 et les rencontres que nous tentons d’y raconter, d’organiser, avoir sur vous, chers lecteurs, le même effet que la session de Nassau sur Joe Cocker. Comme ça fait du bien de rêver qu’on est Chris Blackwell ?
Par Manuel Jacquinet
Photo de une : Chris Blackwell