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« Ce pays mérite le respect » Carlos Tavares un pilote dans la tempête

Publié le 03 novembre 2025 à 11:00 par Magazine En-Contact
« Ce pays mérite le respect » Carlos Tavares un pilote dans la tempête

Carlos Tavares a adoré son Alfasud Sprint, fait un trou dans une Renault 4L, écrit un livre. Edité chez Plon. Un pilote dans la tempête Passionnant, décapant. De la découverte de son Rosebud* à sa vision de l’économie, des syndicats et de la France. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout, mais le livre est une vraie..  plateforme de constructeur. Innovante, pouvant servir à d'autres.  

Carlos Tavares a dirigé le quatrième constructeur mondial, Stellantis. Détonné par ses pratiques de management, sa rémunération importante liée à ses résultats, et son franc parler pour l’expliquer. Marqué par les résultats obtenus chez les constructeurs où il a travaillé. Revenu au Portugal, un pays dont il déclare se sentir moins proche que de la France, désormais à la tête de ses propres affaires, Carlos nous fait rentrer au coeur des usines, des négociations. 

Dans ce récit écrit en collaboration avec Bertille Bayart (Le Figaro) et Dominique Seux (Les Echos), il raconte avec franchise son parcours et partage ses convictions. Un pilote dans la tempête se parcourt avec plaisir et curiosité. Pas de bien pensance, loin de là !

Revenu au Portugal, le PDG ose des mots et des confessions dont celle relative à la dette qu’il a vis-à-vis de la France, un pays qui mérite le respect

Je dois tout à la France
Je lui dois l’éducation. Je lui dois le soutien dans les moments critiques, quand j’ai été boursier. Je lui dois les opportunités professionnelles (..) Ce pays mérite le respect. Il peut être fier d’avoir donné une opportunité à un jeune qui n’est pas né sur son territoire. Cela fait partie de sa grandeur. C’est pour cette raison qie je suis un avocat de la France et que je souffre lorsqu’elle se déchire et se perd dans l’océan de ses contradictions. 
(Page 17.)

De Lisbonne à Centrale.
Je suis fils unique. Certains diront que cela explique bien des choses. Sans doute, mais je ne suis pas le mieux placé pour en juger. Le fils unique que je suis sait en revanche ce qu’il doit à ses parents, Manuel José Dias Tavares et Maria do Carmo Mendes Antunes : le sens et la valeur du travail. Cela semble désuet aujourd’hui en Europe, certainement pas très tendance. Les deux avaient deux emplois. Le jour mon père était expert-comptable ; le soit il faisait des extras de comptabilité pour de petites entreprise. Le jour, ma mère faisait la promotion au Portugal de salons professionnels parisiens ; le soir elle donnait des cours de français pour adultes. Chacun d’eux a vécu au rythme de de douze à quatorze heures de travail par jour, pendant des décennies. C’était évidemment excessif. Ils en ont payé le prix : mes deux parents sont morts d’un cancer relativement tôt (..)
(Page 11.)

De l’essence dans les veines.
J’ai possédé des dizaines d’automobiles et j’ai participé au cours de ma carrière à la création de centaines de modèles. Lequel a compté le plus. Je crois que c’est la première voiture dont j’ai tenu le volant : une Alfa Roémo Alfasud Sprint bleu nuit, intérieur fauve, que mes parents m’avaient offerte, si fier quand j’ai été admis à Centrale Paris
(Page 19.)

Renault, la mise en trajectoire
Renault m’a embauché à la sortie de Centrale en 1981. En cours de scolarité, j’ai effectué mon stage ouvrier à l’Usine de Boulogne Billancourt, sur l’Ile Séguin, près de Paris. Levé à 4H15, je rejoignais l’usine à motocyclette, une Honda 125S, pour travailler dans un atelier de tôlerie où personne ne parlait français, pas même la maitrise, comme on disait à l’époque. Mon travail consistait à souder des points sur les côtés de caisse de 4L et à monter des girafons sur la porte arrière de la Renault 4 fourgonnette (..) Un matin, pas très bien réveillé, j’ai loupé le pont et fait un magnifique trou (..) Il a fallu la sortir de la ligne avec un palan. J’ai constaté ce qui deviendrait plus tard ma devise : « la stratégie, c’est 10%, l’exécution 90% »
(Page 28.)

Le management
Première leçon. Il n’est pas possible de piloter une entreprise sans s’y impliquer affectivement et sans créer une dimension empathique dans les relations humaines.
Comme tout retraité qui se respecte, je suis aujourd’hui un homme débordé

Erik, un ami de Carlos, lui a donné un bon conseil
« Carlos, dans ta position, avec ton profil, avec tes moyens, tu vas vouloir entreprendre beaucoup de choses. L’expérience montre que beaucoup de personnes dans ta situation font des bêtises, tu en feras aussi. Fais en sorte que ce soit de petites bêtises et pas des grosses »
(Page 219.)

Un immigré portugais vs une grande banque française
Il y a quelques mois, la grande banque française dont je suis client depuis des décennies, et qui a vu passer depuis mes quarante ans les versements de mes salaires et règlements au Trésor Public m’a fait passer sur le gril parce que je voulais rapatrier au Portugal une partie de l’épargne que j’avais en France, pour y réaliser un investissement (..) J’ai dû leur écrire en leur demandant formellement si un immigré portugais a le droit de rapatrier le fruit de ses économies dans son pays, sans être suspecté du pire. Comme d’habitude Bruxelles a bon dos
(Page 123.)

Extraits reproduits avec l'aimable autorisation de l'éditeur, Plon.

Un livre à offrir aux jeunes ingénieurs, aux apprentis PDG, à ceux qui vont se mettre à leur compte ou se demandent si la France est encore un beau pays. 100% utile, de la première à la dernière page, sans langue de bois. Même ceux qui n'apprécient pas habituellement de lire iront au terme de l'ouvrage. 

*Rosebud. Dans Citizen Kane, d'Orson Wells, le nom de la luge qui tend à faire comprendre que quantité de choses de nos vies trouvent leur explication dans l'enfance. En très résumé  :)

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