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Plateformes digitales : ne soyons plus naïfs

Publié le 05 novembre 2020 à 10:07 par Magazine En-Contact
Plateformes digitales : ne soyons plus naïfs

Une tribune d’André Loesekrug-Pietri, directeur exécutif de la Jedi (Joint European Disruptive Initiative), la Darpa européenne.

Trois évènements se sont produits de manière quasi simultanée ces dernières semaines : l’omniprésence des plateformes digitales dans les nouvelles menaces, notamment terroristes ; la publication des résultats financiers stratosphériques des géants du numérique ; l’échec total des négociations à l’OCDE sur leur taxation.
A l’image des législations d’exception que subissent actuellement tous les Français et les Européens avec les restrictions de libertés publiques dues au confinement, il est impératif que ces plateformes contribuent également à l’effort collectif en étant taxées à la même hauteur que les autres entreprises. L’idée qu’Amazon, Google, Facebook, Microsoft et consorts tirent un profit extraordinaire de la crise historique que traverse le monde, et en particulier les grandes démocraties, est proprement insupportable. Comment sinon expliquer aux libraires, aux magasins de jouets, aux petits commerces alimentaires, aux acteurs de l’évènementiel à qui nous imposons de fermer, que nous ouvrons un boulevard à Amazon, à Zoom et à tous les autres ? Les résultats nets des Gafam représentent en moyenne près de 25% de leur chiffre d’affaires, c’est insensé. Ne nous y trompons pas, notre naïveté contribue largement à ces résultats exceptionnels : l’Europe représente entre 15 et 30 % de leur activité.
L’incapacité française et européenne à obtenir une juste imposition des profits extravagants de ces géants ne peut plus être mise sur le compte des autres : il faut agir et changer soit les négociateurs, soit les négociations. La notion d’abus de droit est un élément essentiel de la résilience et du pragmatisme de nos sociétés, nous devons l’appliquer sans avoir la main qui tremble. A l’image des valeurs non négociables qui sont les nôtres, ce combat-là n’est pas que financier. Il y va de l’avenir des états démocratiques face à ces acteurs surpuissants qui s’affranchissent de plus en plus du pouvoir régalien, et ont un impact majeur sur les opinions publiques, les élections et l’organisation profonde de nos sociétés.

Par André Loesekrug-Pietri

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